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Monde d’Azur (Un)
Jack Vance
Le Livre de Poche - Science Fiction - Mai 2005 - 288 pages


Un chapelet d’îles sur un océan sans nom, sans horizon... Là, réfugiés depuis treize générations, des hommes et des femmes ont su s’organiser pour progressivement construire une société. Quasi parfaite ?
Profitant de la luxuriance et des richesses naturelles que leur offrent ces terres d’asile, ils développent un mode de vie que certains pourraient leur envier.
Et pourtant. Derrière ce nouvel Eden, une ombre grandissante menace la quiétude de ses habitants. Celle d’un monstre marin qui, sous prétexte de garantir paix et sécurité, dévore tout simplement leur liberté. Il faudra le courage d’une poignée de dissidents pour braver la Bête. Qui, des hommes ou du Monstre, sortira vainqueur ?

A travers une trame que l’on pourrait qualifier de classique (lutte du Bien contre le Mal), Jack Vance offre une œuvre de réflexion explosive sur la nature humaine et ses incontournables dérives.

Dès les premières pages du roman, le style de l’auteur frappe : celui d’un véritable technicien qui décortique, page après page, le quotidien de ce « Peuple des Iles Flottantes ». Où l’on apprend beaucoup sur leur mode de vie, leurs moyens de transmission d’une île à l’autre, l’articulation de fonctionnement de leur société...
Au risque de lasser le lecteur pour qui technologie et technique peuvent apparaître comme barbares et rébarbatifs. Et pourtant ...
L’emploi de détails à la fois précis et suffisamment concis, stimulent non seulement l’imaginaire du lecteur, mais surtout apportent une crédibilité très forte au récit. Récit que l’on pourrait comparer aux « carnets d’observation » d’un scientifique étudiant, à la manière d’un ethnologue, une peuplade jusqu’alors inconnue. Et la force de l’auteur réside justement dans cette capacité à accrocher le lecteur à travers une stylistique brève et sans emphase.
Jack Vance ne juge pas ce qu’il narre. Il rend compte, simplement, refusant en conséquence à s’attacher à ses personnages : les habitants « s’essayent » avant d’envisager un éventuel mariage ; certains protagonistes qui pourraient apparaître comme cruciaux dans la trame dramatique du récit, vont et viennent aussi facilement qu’ils disparaissent définitivement.
Vance laisse volontairement des zones de blanc que peut alors saisir le lecteur pour s’inventer l’enveloppe émotionnelle de tel ou tel personnage.

Quoi qu’il en soit, le lecteur plonge, tête la première dans cet univers aquatique.
Et le rythme du récit renforce la volonté de l’auteur de happer littéralement son public : la succession des rythmes lents (pour les scènes de vie quotidienne) et rapides (lors des apparitions du monstre, mais surtout au dernier chapitre) crée un suspens suffisamment éloquent pour tenir le lecteur en haleine. Où l’on sait qu’au calme succède toujours la tempête ...

Autre élément ajoutant à la force de l’œuvre : son approche teintée d’humour. Il suffit de se pencher sur le nom attribué à chacune des castes sociales pour découvrir que Vance joue avec les mots, en en inventant certains, en en détournant d’autres. Ainsi, les « Aigrefins » désignent les pêcheurs, les « Prévaricateurs » les teinturiers, les « Malfaiteurs » les dentistes ; « Intercesseur » désigne quant à lui la caste rattachée fidèlement au service du Monstre ...

Exemplarité dans le style, dans la construction narrative ... Jack Vance maîtrise de main de maître son œuvre. Distillant, entre les lignes, des messages forts sur la nature humaine et certains sujets universels et intemporels (renforcés dans ce sens par le fait que le récit ne dispose d’aucun repère lié au temps : l’œuvre peut donc se situer aussi bien dans le passé que dans le futur) : critique du pouvoir et de la manipulation de certains hommes sur d’autres ; dénonciation des systèmes autocratiques ; critique des religions qui parfois aboutissent sur des systèmes de spoliation et d’esclavage ...
Jack Vance apparaît comme fataliste et pessimiste. Peut-être. Mais l’issue du récit laisse cependant une teinte d’espoir.

A l’instar des textes épiques et des grands romans d’aventure, Jack Vance offre une œuvre forte qui ne laisse pas le lecteur indemne. Reste à savoir s’ il partagerait les propos de Diderot qui déclarait : « Ces dissidents persécutés deviendront persécuteurs, lorsqu’ils seront les plus forts ».

Titre : Lignes de vie
Auteur : Jack Vance
Traduction : De l’américain par
Couverture :
Nombre de pages : 288
Éditeur : Un monde d’azur
Site Internet de l’Éditeur : http://www.livredepoche.com/
Directeur de collection : Gérard Klein
Dépôt légal : mai 2005
Format : 178x110 mm
ISBN : 225311281X
EAN : 9782253112815
Prix : 6.5 €

Date de Parution : 04/05/2005


Libellule
11 septembre 2005


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