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Clair-obscur dans la vallée de la lune
Fanny Mongermont & Didier Alcante
Éditions Dupuis

Chili, fin des années 90, mais surtout, fin des années Pinochet.

José Suarez est guide, il fait visiter l’Altiplano et le désert d’Atacama. Pour son prochain contrat, il doit accompagner Joan Johansson, touriste américaine, venue faire le point sur sa vie. Il est lui-même perdu, à la dérive, prisonnier d’une vengeance, seule but de son existence, repoussant même les avances d’Ana-Lucia, la patronne de l’hôtel qui héberge les touristes. Pour rechercher le bourreau qui lui a fait tant de mal en le torturant, il a embauché Miguel. Afin de récupérer des informations, celui-ci use, parfois, des mêmes procédés que ces anciens tortionnaires. Mais la rencontre de ces deux êtres naufragés modifiera profondément la direction de leurs vies.



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Didier Alcante, dans un scénario doux-amer mais laissant transparaître une tension sourde, nous livre une magnifique B.D.. Il nous parle d’une rencontre de deux êtres presque opposés, il nous raconte comment réapprendre le bonheur. L’espoir est le maître mot de ce scénario tout en retenue. Espoir d’aimer de nouveau, espoir de repartir affronter la vie et l’autre. Au début de l’histoire, si son pays est libéré d’une dictature, José, lui, reste prisonnier de son récent passé. Idem pour Joan, prisonnière du souvenirs des deux êtres qu’elle a perdus. Vivant avec cette culpabilité de trahison, qui les retient dans leur passé respectif. Il aborde dans cet album toutes les composantes de la vie (amour, mort, vengeance, désir...), dans un style juste, pudique, voire poétique. Alcante nous parle d’une rencontre de deux êtres presque opposés. Il nous raconte, simplement, comment réapprendre à vivre.

L’utilisation de nombreux flash-back, chronologiquement inversé (mis en évidence par un cadre de couleur noir), permet à Alcante d’apporter doucement les éléments de compréhension pour le lecteur. Il faudra être patient et attendre la fin de l’album pour connaître le dénouement de l’histoire. Si son pays est libéré d’une dictature, José reste prisonnier de son récent passé, traumatisé par son passage dans les geôles de Pinochet. Sa libération psychologique est mise en parallèle avec la mise en accusation du général Augusto Pinochet, suite à une plainte internationale. On retrouve cette dualité emprisonnement/liberté tout le long de ce roman graphique. Pour information, le « clair-obscur » est une pratique artistique permettant de reproduire sur un plan des effets de relief par la reproduction des effets de l’ombre et de la lumière sur les volumes.

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Déjà complice sur l’album « Quelques jours ensemble » (Air libre - Dupuis - 2009), le duo nous livre encore une superbe histoire. Fanny Montgermont sait faire passer des émotions à travers ses dessins et ses extraordinaires couleurs. Dès la couverture, ses dessins nous donne de la fraîcheur, du grand air et l’on sent la douce chaleur de son soleil. Ses personnages sont beaux, trop parfaits peut-être. C’est d’abord la couverture qui m’a poussé à ouvrir le livre, j’ai été encore plus subjugué en voyant ses superbes planches couleurs à l’intérieur.

Encore une réussite de la collection Air Libre dont la qualité ne se dément pas.


Clair obscur dans la vallée de la lune)
- Scénario : Alcante Didier
- Dessin : Fanny Mongermont
- Couleur : Fanny Mongermont
- Éditeur : Dupuis
- Collection : Air Libre
- Dépôt légal : 2 mars 2012
- Pagination : 64 pages couleurs
- Format : 31 x 24 cm
- ISBN : 978-2-8001-4916-5
- Prix public : 14,95 €


© Dupuis /Alcante/Montgermont 2012



arjulu
10 novembre 2012




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