1954, Marius arrive à Brest, envoyé par l’évêché. Il découvre une ville en pleine reconstruction après les bombardements subis durant la Seconde guerre mondiale. Les grèves éclatent de toute part, les ouvriers ne parvenant plus à survivre de leurs salaires de misère. L’un des meneurs n’est autre qu’un prêtre ouvrier, René. Marius est là pour préparer une cérémonie durant laquelle une vierge en or sera honorée. Mais la statue est aussi convoitée par René et deux acolytes qui voient en elle une forte somme d’argent. Seulement, Marius est témoin du vol mais au lieu de les dénoncer à la police, il voit dans cet événement un signe de dieu. Car Marius est dans sa trente troisième année et le temps lui fait défaut.
Galandon laisse sa place à Jérôme Félix pour le scénario de ce deuxième tome de la saga familiale « La Lignée ». Mais le ton donné à l’histoire reste toujours celui d’un témoignage historique tout autant que le déroulement des derniers jours du héros. Encore une fois, la malédiction ressemble plus à une astuce pour nous plonger au cœur d’un événement. Cette fois, ce sera une partie de notre histoire peu connue : celle des grèves ouvrières qui secouèrent Brest durant l’après-guerre. C’est aussi l’occasion de découvrir ce que fut la reconstruction pour les villes portuaires de la côte atlantique.
À noter un dossier très intéressant en fin de tome sur la ville bretonne.
Le ton de ce volume est assez militant, montrant plutôt le bon côté des ouvriers, et les patrons comme les pires des salauds, prônant le chômage plutôt que le plein emploi pour pouvoir exploiter au mieux les ouvriers. Pris dans le contexte actuel, c’est le genre de position à mettre la tête des grands patrons sur une pique, mais est-ce vraiment de la pure fiction ? En tout cas, l’explication de l’incendie de l’Ocean Liberty, autre fait historique, n’en prend qu’une force plus forte. L’histoire de Marius en devenant presque anecdotique. Mais le récit est parfaitement mené, le lecteur n’ayant aucune difficulté à suivre l’histoire et referme ce tome en ayant participé à une belle aventure humaniste, peut-être pas toujours objective.
Au dessin, Xavier Delaporte qui signe là son deuxième album... Oui, vous avez bien lu, cet artiste qui s’est révélé sur le tard nous montre un talent digne des très bons de la profession. Avec sa touche « old school » pour dessiner les traits de ses personnages, ses planches sont particulièrement fouillées en détails mais aussi en respect du Brest de l’époque. Les comparatifs en fin de tome entre les photos d’origine et ses dessins nous montrent le respect du dessinateur pour la ville bretonne. Oui, respect est bien le maître mot de ce volume, un respect pour la classe ouvrière et ses souffrances.
Oui, ceux qui attendaient des révélations sur la malédiction seront déçus de repartir sans n’avoir rien eu à ce mettre sous la dent. Mais encore une fois, elle n’était là que pour nous servir de caution afin de découvrir une belle aventure humaine et humaniste.
(T2) Marius 1954
Série : La Lignée
Scénario : Jérome Félix
Dessin : Xavier Delaporte
Couleurs : Scarlett Smulkowski
Éditeur : Grand Angle
Dépôt légal : 3 octobre 2012
Pagination : 48 pages couleurs
ISBN : 978-2-81892-132-6
Prix public : 13,90 €
A lire sur la Yozone :
La Lignée (T1) Antonin 1937
LA LIGNÉE © Grand Angle pour Bamboo Édition 2012 - Olivier BERLION, Jérôme FELIX, Laurent GALANDON, Damien MARIE , Xavier DELAPORTE
