Lors d’un voyage de sa femme, Pete, architecte, fait une virée avec ses deux collègues de boulot. En rentrant, il commet l’irréparable, il écrase le chien de sa moitié, qui termine sous sa voiture.
Il ne reste à Pete plus qu’à faire disparaître le corps et à faire l’innocent devant son épouse à la recherche de Paulo, son caniche adoré.
À l’image d’un chien qui attrape un os et ne veut plus le lâcher, Hervé Mestron capte l’attention du lecteur qui ne parvient plus à poser ce livre une fois commencé, d’autant que deux heures suffisent à le dévorer.
Le sujet est passionnant. Comment Pete va-t-il s’en tirer ? Surtout que quelqu’un l’a vu la pelle à la main enterrer Paulo et l’appelle pour lui mettre la pression. Il ressemble à un funambule sur sa corde, à la recherche de l’équilibre pour ne pas tomber. Mentir à sa femme lui est pénible, il vit un véritable calvaire et sa vie s’en ressent.
C’est là qu’Hervé Mestron surprend le lecteur : aux deux tiers du roman, entre surmenage et manque de sommeil, la raison de Pete semble en avoir pris un bon coup. Mais n’en dévoilons pas trop !
Le lecteur se dit que quelque chose cloche, que l’architecte perd les pédales. Jusqu’où son mensonge va-t-il le mener ? Paulo n’a fait qu’une courte apparition au début du roman, mais il le hantera jusqu’au bout.
Et on avale les pages pour savoir le fin mot de cette histoire, jusqu’à l’épilogue nous cueillant en traître. Même si le fil des évènements bizarres s’accélérait sur la fin, j’avoue que j’espérais autre chose. L’auteur s’en tire par une pirouette qui m’a laissé sur un sentiment mitigé. Au vu de mon expérience personnelle, je ne dois pas être le seul à être déçu par cette conclusion.
Les deux premiers tiers sont formidables, nous tenant en haleine et ne présupposant pas des évènements postérieurs donnant un autre tournant à ce « Clebs », dont on ne peut dénier l’attrait. D’un style efficace allant droit au but, il nous permet de passer deux heures des plus agréables. Plus rien n’existe autour de nous, si ce n’est ce chien pourrissant l’existence de Pete.
Un seul regret : la fin qui peut nous laisser sur un sentiment négatif, ce qui est tout de même immérité sur l’ensemble.
En même temps que cette réédition, les éditions Lokomodo ont publié « Crocodile Blues », un inédit du même Hervé Mestron. Il va sans dire que je suis curieux de voir ce qu’il nous réserve…
Titre : Le Clebs
Auteur : Hervé Mestron
Première édition française : Flammarion, 1999
Couverture : Nemo Sandman
Éditeur : Lokomodo
Collection : Zone d’Ombres
Pages : 176
Format (en cm) : 11 x 17
Dépôt légal : juin 2012
ISBN : 978-2-35900-099-3
Prix : 6 €
