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Fissures
Jess Kaan
Lokomodo, Fantastique, nouvelles (France), quotidien défaillant, 336 pages, avril 2012, 7,30€

Dans ces 15 nouvelles, dont 10 inédites, Jess Kaan excelle, comme à son habitude pour qui a déjà lu un de ses textes, à présenter un quotidien guère reluisant, lot commun à beaucoup d’entre nous. Souvent masquée par le cache-misère de l’habitude, de la routine, ou du clinquant et du bling-bling, la grisaille humaine de ce nouveau siècle est un terreau fertile pour le fantastique, qui déboule à chaque coin de rue.



Jess Kaan a deux grands angles d’attaque. Son récit peut démarrer sur un fait social, et ils sont nombreux à l’inspirer : licenciement économique (“Rustbelt”), affaire criminelle (“La Guilde des avaleurs d’asphalte”), accident spectaculaire qui frappe les esprits (“Kévin”), crash boursier (“Le Syndrome de Midas”)... Il sait aussi divaguer sur des malheurs plus individuels, nos contemporains étant des êtres ravagés et pour qui la guérison passe souvent par l’acceptation de soi et la capacité à dépasser le nombrilisme et aller vers les autres (“Toute la peine du monde”, “Fenêtre ouverte sur ton âme”). Certains sont hélas irrécupérable, lie ordinaire d’une société décérébrée et décérébrante (“Les Chats”).

L’auteur est tout aussi à l’aise avec du fantastique plus « classique », comme dans la courte “Épiés ” ou “Les herbes hautes”, hommage aux maîtres du genre sans se départir d’un solide ancrage contemporain.

La plupart des textes se déroulent avec un réalisme confondant, avant de finalement sombrer dans un fantastique terrifiant. D’autres annoncent la couleur d’entrée de jeu. Mais on sent que Jess Kaan a une nette préférence à faire durer le suspense.

Quelques textes s’aventurent dans d’autres genres, élargissant la palette de l’auteur : “Kenshiro’s Way” relève de la SF et lorgne même vers le cyberpunk, “915” parle de réalités parallèles, “Le Restoroute” évoque l’univers de Resident Evil et “London Calling”, qui clôt magnifiquement le recueil, ravira les amateurs du « Léviathan » de Lionel Davoust.

« Fissures » s’avère donc délectable, terriblement sombre, foncièrement pessimiste à l’égard de la race humaine dont rares sont les spécimens à la présenter sous un jour un tant soit peu favorable.

Un gros bémol cependant, au niveau formel : entre les coquilles, les fautes (homonymes, accords, accents...) et la mise en forme (ponctuation, guillemets, espaces...), j’ai achoppé près de 200 fois. Sur des détails certes, mais cela finit par faire beaucoup.

Au-delà de la très belle couverture de Pascal Quidault, l’ouvrage est écrit plutôt gros (32 lignes par page), dans une typo très classique (Times New Roman ?) qui le rendra peut-être plus facile d’accès, moins hermétique, à un lectorat au-delà des seuls amateurs du genre. C’est ce qu’on peut en tout cas souhaiter à Jess Kaan, ce nouvelliste prolifique encore trop peu connu.


Titre : Fissures (nouvelles)
Auteur : Jess Kaan
Nouvelles :
- Rustbelt
- L’Intrigue
- Les Chats
- Toute la peine du monde
- Epiés
- Kenshiro’s Way
- 915
- Le syndrome de Midas
- Fantasy Impromptue
- Fenêtre ouverte sur ton âme
- Les herbes hautes
- Le restoroute
- La Guilde des Avaleurs d’Asphalte
- Kévin
- London Calling
Couverture : Pascal Quidault
Éditeur : Lokomodo
Collection : Fantastique
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 336
Format (en cm) : 17 x 11 x 2,3
Dépôt légal : avril 2012
ISBN : 978-2-35900093-1
Prix : 7,30 €



Nicolas Soffray
22 juillet 2012


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