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Héritiers de la Nuit (Les) : Nosferas
Ulrike Schweikert
Albin Michel, Wiz, traduit de l’allemand (Allemagne), roman vampirique initiatique, 493 pages, février 2012, 19,30€

Les temps sont durs chez les suceurs de sang : plus aucun vampire de pur lignage ne naît et les chasseurs de vampires font de plus en plus de victimes.
Dans ce contexte difficile, les maîtres des six grandes familles décident, à contre cœur, de réunir leurs enfants pour, en premier lieu, leur apprendre tous les secrets des clans mais aussi, en second lieu tenter un mélange génétique afin de sauver leur espèce.
Pas toujours facile, cependant, d’aller contre des préjugés souvent profondément ancrés.



Ulrike Schweikert est, une fois n’est pas coutume, une auteure allemande versant principalement dans le récit historique et dans la fantasy, et également connue sous le pseudonyme Rike Speemann.
Cette auteure prolifique a de nombreux récits à son actif ainsi que plusieurs séries ; « Les Héritiers de la Nuit », dont « Nosferas » est le premier tome, est la dernière en date.

Ulrike évoque pour nous l’Europe de la fin XIXème siècle.
Personnages historiques et faits de société parsèment ce récit : unification de l’Italie sous la bannière du roi Victor Emmanuel II, éviction de Pie IX, fouilles des ruines romaines, rencontre avec Bram Stocker et Henri Irving, entre autre, sur la tombe de Mary Shelley… Et vous n’êtes pas au bout de vos surprises. Mais bon, ce n’est que du décor finalement, le fond de l’histoire n’a que peu de choses à voir avec ceci.

En effet, « Les Héritiers de la Nuit » sont l’opportunité pour l’auteure de mélanger un certain nombre de croyances à propos des vampires et, ainsi, de proposer son propre univers.
Dans ce monde, les vampires de pur lignage (entendez par là nés vampires et non créés) sont en voie d’extinction, cloisonnés dans des guerres intestines qui les forcent à se reproduire entre membres d’un même clan et les condamnent donc à voir de moins en moins d’enfants naître de leurs unions. D’ailleurs, il n’est pas né d’enfants vampires depuis maintenant plus de 10 ans. Il faut savoir que nos bien-aimés vampires ont ici deux modes de reproduction : le mode habituel aux êtres humains, qui donnent des sangs purs, et la contamination d’humains après morsure qui donnent des impurs, ou frères servants, qui servent d’ombres et de domestiques aux membres de pure lignée.
Si les seconds arrêtent de vieillir, les premiers ont une croissance normale jusqu’à l’entrée dans l’âge adulte, après lequel leur vieillissement est fortement ralenti. Sauf accident ou attentat, les uns comme les autres ne meurent que quand ils le choisissent. Crainte des pouvoirs religieux, sommeil diurne dans un cercueil, pieu dans le cœur et décapitation : la majeure partie de la légende est respectée, si ce n’est qu’Ulrike Schweikert rajoute l’argent comme poison.

Voici déjà de bonnes bases : une Histoire respectée, une légende qui n’est pas malmenée même si elle est un peu réinterprétée, sympathique.
Si on rajoute à cela une espèce aux abois quoique dangereuse, il y a de quoi fournir matière à une série fort agréable. Et la série la voici : la lignée vampirique est répartie entre 6 grandes familles : les Vamalia d’Hambourg (dont nous suivons la fille, Alisa, tout au long de « Nosferas »), les Dracas de Vienne, les Pyras de Paris, les Lycana d’Irlande, les Vyrad de Londres et les Nosferas de Rome. Ces familles se querellent depuis des siècles, au point de s’entretuer par moment. Et une chose est sûre, c’est que les préjugés vont bon train, et que les sangs (pardonnez moi l’expression) ne se mélangent plus.
Afin de préserver les derniers enfants nés au sein des clans, ils décident de créer une école, abritée tous les ans par une famille différente qui leur apprendrait leurs coutumes, mais aussi leurs secrets de défense contre leur plus grand ennemi humain : l’Église. Un autre objectif étant aussi de mettre fin aux rancœurs et de permettre, pourquoi pas, de fructueuses alliances.

Voici donc nos jeunes suceurs de sang, cantonnés au sang animal par sécurité, qui vont apprendre à se connaître et à se défendre contre une Église dont certains membres, aidés de membres traîtres au clan romain, déciment les vampires et les rangs de leur ennemi politique par la même occasion.

Globalement, il faut admettre que l’histoire est bien ficelée. Les références et points d’ancrage historiques sont, en général, discrets et bien amenés. En général parce que la rencontre fortuite des jeunes vampires avec Henri Irving, Oscar Wilde, Bram Stoker et sa femme sur la tombe de Mr Shelley, ainsi que leur conversation du moment, est un peu trop ostentatoire pour être appréciable, même si ces personnes se connaissaient effectivement.
A part ce point de détail, le récit tient la route tant au niveau de l’intrigue en elle-même que de la psychologie des personnages et leur évolution au cours de l’année relatée. Si on rajoute juste ce qu’il faut de roucoulades sous-jacentes, le lecteur obtient une série de qualité. En tout cas, un premier tome de qualité.
Quatre suites (sur les cinq qu’il reste théoriquement à paraître), intitulés selon la famille accueillant les élèves, sont déjà écrites ; le suivant, « Lycana », se tiendra en Irlande.


Titre : Nosferas (Nosferas, 2008)
Série : Les Héritiers de la Nuit (Die Erbe der Nacht), tome 1
Auteur : Ulrike Schweikert
Traduction de l’allemand (Allemagne) : Dominique Autrand
Couverture : Laurent Besson
Éditeur : Albin Michel
Collection : Wiz
Site Internet : Nosferas (site éditeur)
Pages : 493
Format (en cm) : 15 x 22,9 x 2,5
Dépôt légal : février 2012
ISBN : 978-2-226-20863-7
Prix : 19,30 €



Emmanuelle Mounier
13 juillet 2012


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