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Chateau des ruisseaux (Le)
Bernière Vincent, Poincelet Frédéric & Dorey Véronique
Dupuis

Astreint par le juge d’application des peines à un suivi thérapeutique , suite à son interpellation lors du décès d’un de ses compagnons de galère, Jean a été admis au centre d’APTE (Aide et Prévention de la Toxico-dépendance par l’Entraide). Cette association est un centre pilote qui fonctionne selon des principes thérapeutiques américains. Pas d’alcool (parfum compris), pas de walkman, télévision, ni de livres, que de la thérapie de groupe. En montant dans son wagon, il se remémore son parcours de toxico, tout en suivant des yeux une fille qu’il soupçonne d’être aussi dans sa situation. Lorsqu’elle revient des toilettes, il s’y rend et sniffe le reste de poudre qu’elle a laissé dans un papier. Junky un jour, junky toujours. Ils se retrouvent ensemble à attendre, devant la gare, le chauffeur qui les transportera au Château des ruisseaux. Nouvel espoir ?



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Vincent Bernière, ancien toxico, a suivi le même parcours que son personnage Jean, anti-héros de ce fiction-documentaire-reportage. Déjà auteur de « Moi, Vincent B. », publié aux Impressions Nouvelles (titre qui se veut un rappel de l’ouvrage « Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée… » de Kai Hermann et Horst Rieck), il n’a pas voulu adapter en BD son roman, préférant créer un scénario original. Le centre pilote de l’APTE fonctionne exclusivement sur la thérapie de groupe, l’isolement y est prohibé, de plus aucune aide médicamenteuse n’est délivrée. On suit donc chaque membre dans sa quête quotidienne de rachat et d’espoir. Sur un ton cru, qui dérange mais aussi qui renforce la tonalité de violence intérieure et de vérité des situations, les protagonistes se livrent peu à peu aux autres. Ils s’ouvrent sur ce monde qui les terrifie, remontant du plus profond d’eux leurs blessures. Fatigués de cette course sans fin vers la déchéance et la mort. En changeant de personnages au cours du récit, l’auteur nous dévoile des histoires différentes où la dope comme solution pour fuir devient à la longue un problème ingérable. Mais il n’y a pas la fin heureuse systématique, c’est un équilibre fragile où chaque jour est une lutte. Les propos sont vrais, sans tomber exagérément dans le sensationnel ou le pathos. Vincent Bernière rend aussi hommage au personnel médical qui les encadre.

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La sobriété de la mise en scène qui accompagne les gros plans sur les personnages met en avant les réactions et les émotions. Ici, pas de case, mais plutôt une suite de dessins accompagnés de phylactères. Le trait fin et réaliste de Frédéric Poincelet, quoique intégrant certaines disproportions physiques, donne un recul où le lecteur se trouve à côté des protagonistes, comme faisant partie de leur groupe. Le caractère d’observateur est accentué par les couleurs pastels et froides de Véronique Dorey, comme si nous étions le reporter.

Sous une couverture sobre, dont je trouve la couleur peu agréable (mais le vert est la couleur de l’espoir), on trouve un album sans fard et attachant. Moins romancé que « Le bleu est une couleur chaude » traitant de l’homosexualité, cette œuvre coup de poing aborde aussi un sujet difficile à traiter, mais dont la vulgarisation en BD peut permettre une sensibilisation facilitée vers les jeunes.

« Environ 15% des patients demeurent abstinents après leur passage au Château des Ruisseaux »

Pour en savoir plus sur l’APTE et leur centre, voici le lien vers leur site internet.


Les Château des ruisseaux
- Scénario : Vincent Bernière
- Dessin : Frédéric Poincelet
- Couleur : Véronique Dorey
- Éditeur : Dupuis
- Collection : Air Libre
- Dépôt légal : 6 janvier 2012
- Pagination : 72 pages couleurs
- Format : 31 X 24 cm
- ISBN : 9782800146676
- Prix public : 14,95€


© Dupuis /Bernière/Poincelet 2012



arjulu
9 juin 2012




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