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Lost Paradise (T1 et 2)
Toru Naomura
Ki-oon

L’académie Utopia est une école réservée à l’élite, installée sur une île et gérée par de riches industiels extrêmement influents : la famille Iwahijiri. Seulement, la vérité sur cette académie est bien moins réjouissante, surtout si vous êtes une jeune fille. Les Iwahijiri sont une famille extrêmement misogyne et ils y ont instauré des règles d’un autre temps. Les garçons sont supérieurs aux filles et peuvent les traiter comme bon leur semble. Mais afin d’éviter des conflits pour la possession d’une demoiselle, les garçons s’affrontent pour la possession d’une élève dans un jeu, l’Hexagram. Grace à un gant servant de manette, ils extraient une arme d’une fille et celui qui a virtuellement vaincu l’autre récupère l’arme et la fille. Aucun autre garcon ne peut martyriser une fille ayant déjà un maître, hormis en la gagnant à l’hexagram. C’est dans cet univers qu’arrive la jeune Sora.



La princesse charmante

Sora a un rêve depuis toute petite : elle rêve d’être le chevalier servant d’une belle princesse, la défendant contre les méchants rois. Mais en arrivant à Utopia, c’est dans un cauchemar qu’elle atterrit. Elle ne peut longtemps résister à l’envie de balancer son poing dans la gueule d’un de ces types se croyant tout permis sur les élèves féminines. Et non seulement sa tenue n’est pas celle des jeunes filles, mais elle possède aussi un gant et grâce à une mystérieuse jeune femme masquée, elle va remporter son premier combat à l’hexagram sans subir une pénalité. Qui donc a bien pu décider de changer les règles et donner à une fille le pouvoir de dominer les garçons ? Mais surtout, par cette victoire, Sora va redonner l’espoir aux jeunes filles traitées comme des femmes objets.

L

Sora prend peu à peu conscience des limites de sa croisade pour libérer ses soeurs du joug de la tyrannie masculine. Si personne ne peut plus agresser physiquement celles qu’elle gagne à l’hexagram, elles peuvent encore subir toutes les insultes et autres harcèlements psychologiques. Alors Sora part à la recherche d’un garçon qui comprendrait sa quête. Et elle pense avoir trouvé la personne idéale en Karin, un garçon portant un bandeau et qui refuse de participer à l’hexagram. Mais ce qu’elle ignore est que Karin n’est que la seconde identité du président du Conseil des élèves : le terrifiant L. Et ce dernier va utiliser cette position pour faire le plus de mal possible à Sora à travers les jeunes filles qu’elle va lui confier, quitte à sacrifier un de ses petits soldats en l’obligeant à torturer la jeune Tomoko et subir l’ultime sanction.

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Utopia, ton univers intolérable

« Lost Paradise » est l’oeuvre qui a révélé Toru Naomura comme mangaka. Elle nous entraîne dans une école dont les dirigeants ont pris le cycle de Gor au premier degré : les femmes y sont des objets valant moins que l’arme qu’elles représentent. Elles y sont torturées physiquement et mentalement et leur vie professionnelle est réduite en cendres si jamais elles tentent de se rebeller. Cette mini série de six tomes est tirée d’une histoire courte publiée un an plus tôt et qui posait les bases de cette histoire.

Toru Naomura nous explique qu’elle avait poussé les traits des personnages à l’extrême dans sa petite histoire de 60 pages et qu’elle a atténué tout cela dans la série. Et pourtant, nous allons nous prendre les pires clichés et les pires versions de misogynes possibles et imaginables. En fait, la mangaka nous montre de quoi sont capables des hommes à qui on donne tous les pouvoirs sur les femmes. Tous les garçons prennent donc un plaisir infini à traiter les filles comme de vulgaires merdes, de simples objets. Ce qui est quelque peu exaspérant, c’est un manichéisme poussé à l’extrême avec la vision, les hommes, tous pourris ! Et le seul qui pourrait réhausser le niveau des garçons est le plus pourri de tous. Et c’est bien là le problème de l’univers que nous présente Toru Naomura : l’absence totale de demi mesure.

Evidemment, tout est fait pour que Sora, la gentille héroïne, un peu naïve, prenne peu à peu de l’ampleur, gagnant duel sur duel. Karin devient le méchant par excellence, haïssable au possible. Le développement de la guerre ouverte entre Sora et le reste de la gent masculine élude peu à peu la question cruciale de cette série : pourquoi a-t-elle obtenu un gant ? D’ailleurs personne ne cherche à trouver la réponse à cette question : les garçons sont trop occupés à jouer des mécaniques ou à glander sur les marches d’une grande salle, et les filles jouent les esclaves sado-maso, ne cherchant à aucun moment à se rebeller. D’ailleurs, une autre question de fond se pose : comment les punitions peuvent-elles être appliquées aussi précisément ? Là aussi, personne ne se pose à aucun moment la question. Vive ce monde de zombies lobotomisés sensés être l’élite de la nation.

En fait, ce sont les dessins de Toru Naomura qui sauve cette série totalement bancale. Tout est fait pour permettre l’immersion : des décors de bon niveau, des personnages très expressifs et faciles à identifier. Les duels sont aussi bien mis en scènes et en images, avec des armes assez variées, allant de l’arme blanche au fusil en passant par le fouet. Notons aussi les excellentes couvertures de chaque tome qui attirent immanquablement l’oeil, limite à faire penser que la série tend tranquillement vers de l’amour lesbien, même si l’héroïne n’a rien des personnages androgynes classiquement utilisés pour aboutir à cet effet.

« Lost Paradise » manque sincèrement de nuance et d’un brin de réalisme. Les incohérences s’accumulent avec les questions que ne manque pas de déclencher la série. Et on voit mal comment la mangaka va bien pouvoir s’en sortir


Lost Paradise (T1 et 2)
- Auteur : Toru Naomura
- Traducteur  : Fedoua Lamodière
- Éditeur français : Ki-oon
- Format : 130 x 180, noir et blanc - sens de lecture original
- Pagination  : 194(T1) et 242(T2) pages
- Date de parution : 8 mars et 25 mai 2012
- Numéro ISBN  : 978-2-35592-365-4 ; 978-2-35592-397-5
- Prix : 7,65 €


© Toru Naomura / SQUARE ENIX CO., LTD.
© Edition Ki-oon - Tous droits réservés



Frédéric Leray
31 mai 2012




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