Seules ses capacités de télépathe intéressaient les Newmen. Ces êtres qui ne sont pas des humains se considèrent comme des êtres supérieurs, ayant droit de vie ou de mort sur les humains, et le mur qui encercle le Japon n’est qu’une punition pour avoir pollué leur univers. Cette intransigeance énerve au plus haut point Ryu mais il ne peut rien contre ses geôliers. Toutefois, il suffit souvent d’un grain de sable, d’un élément microscopique pour tout remettre en cause. Et ce sera simplement une bactérie qui décimera ces êtres si intelligents, mais qui, à force d’aseptisation de leur monde, s’étaient rendus si fragiles. En fouillant le laboratoire où il devait finir disséqué, Ryu découvre la vérité sur la naissance des Newmen. Alors que notre héros semblait convaincu que ces êtres étaient venus de l’espace, la vérité est bien plus terre à terre...
Dernière étape pour « Le Voyage de Ryu » et ultime évolution de notre héros. Ce tome 5 commence une nouvelle fois sous la forme d’une fable écologiste. Mais une version extrême puisque les humains sont condamnés à mort par des êtres supérieurs. Shotaro Ishinomori fait en réalité une double critique : celle de l’homme qui pollue sans vergogne son monde et en est puni, mais aussi de la pseudo perfection et la pseudo intelligence puisque ces êtres supérieurs ont perverti la notion de justice pour s’élever en tant que Dieux. Ryu n’aura d’ailleurs aucune influence sur eux car, avec comme axiome qu’un être inférieur ne peut avoir raison, aucune discussion n’est possible. C’est aussi une critique véhémente de la théorie de la race supérieure qui pollua la civilisation nippone tout autant que la philosophie nazi. Shotaro Ishinomori se pose clairement comme un humaniste prônant la tolérance et l’acceptation des faiblesses de l’autre.
On notera l’ironie du mangaka sur le fait que cette race dite supérieure n’avait pas pu se libérer de la religion, source d’injustice de manque d’objectivité dans la théorie proposée par Shotaro Ishinomori. Paradoxal puisque ces Newmen sont en réalité des clones. Shotaro Ishinomori reste assez neutre sur l’utilisation du clonage, il critique plus l’évolution incontrôlée des clones, un sujet qui sera largement repris et développé par Masamune Shirow dans des séries comme « Appleseed ».
Cela peut paraître parfaitement contradictoire avec la fin de ce tome et de la série qui sera emprunte de théologie et d’ésotérisme puisque que l’ultime voyage de Ryu l’entraîne à la rencontre de Dieu. Bien évidemment, à aucun moment Shotaro Ishinomori ne confirmera pas que cette entité ayant pris contact avec Ryu est réellement Dieu et il laisse au lecteur de choisir si cette créature est bien l’incarnation divine. En tout cas, notre héros va continuer à voir sa télékinésie se développer au point d’atteindre l’éveil... Ce final du « Voyage de Ryu » ne serait-il pas plutôt l’atteinte du Nirvana Bouddhiste plus que d’une rencontre divine ? Je vous laisse débattre sur ce point métaphysique qui servira de chapitre final.
« Le Voyage de Ryu » est une oeuvre extrêmement riche en thématiques développées par Shotaro Ishinomori mais surtout nous donnant une image fidèle de la conception du monde par le manga dans les années 70. En tout cas, cette série a certainement inspiré quantité de mangakas.
Le voyage de Ryu (T5)
Auteur : Shotaro Ishinomori
Traducteur : Victoria Tomoko Okada
Éditeur français : Glénat Manga
Collection : Vintage
Format : 128 x 188, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 352 pages
Date de parution : 2 novembre 2011
Numéro ISBN : 978-2-7234-7795-6
Prix : 10,75 €
A lire sur la Yozone :
Le voyage de Ryu (T1)
Le voyage de Ryu (T2)
Le voyage de Ryu (T3)
Le voyage de Ryu (T4)
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