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Cheyennes 6112
William Camus & Christian Grenier
Gallimard, Folio Junior, roman (France-Canada), science-fiction écolo, 155 pages, août 1994, prix actuel inconnu

Terre, année 6112. L’humanité a survécu à de grands cataclysmes naturels et écologiques en se repliant depuis 4 millénaires dans des cités-bulles, ignorant qu’au-dehors, l’atmosphère polluée s’est dissipée. Un accident avec le dernier cheval vivant (une relique !) va forcer les Bulliens à sortir. Mais à vivre dans leur air recyclé et aseptisé, ils ont oublié ce qu’est la maladie : peu après le retour de la jeune Réséda avec le cheval disparu, un mal inconnu décime la population, se répandant à toute vitesse entre les cités.
Seule solution, imaginée par Cyclamen, le père de Réséda et grand spécialiste du passé : retrouver des médicaments.
Pendant ce temps, dehors, ignorant tout des cités-bulles, une tribu cheyenne subit de grands bouleversements : les jeunes décident de braver les interdits, de franchir la frontière des bois. Si la tribu ne s’en porte que mieux, les chasseurs découvrent bientôt un grand oiseau de métal brillant, avec une jeune fille inconsciente à l’intérieur. Passé la difficulté du premier contact, ils présentent à l’étrangère l’artefact conservé par la tribu : une caisse marquée d’une croix rouge...



Grand classique de la SF jeunesse, « Cheyennes 6112 » a été publié en 1974. Écrit à quatre mains, il est le fruit de la collaboration entre Christian Grenier, auteur française de SF, et William Camus, auteur canadien mi-cheyenne. Ainsi que l’explique le premier dans la préface de la présente édition (1990, dernière en date à ma connaissance), chacun a rédigé une partie du récit de son côté avant une réelle écriture commune pour la fin de l’histoire.

Et le résultat est captivant, chaque auteur baignant dans son milieu de prédilection. Christian Grenier nous dépeint un lointain avenir riche en innovations, une SF terriblement prospective, surtout pour un public jeunesse : les gens ont des noms de fleurs en souvenir de ces belles choses perdues, l’alimentation se fait par inhalation de vapeur, les ordinateurs ont des écrans holographiques... Mais la catastrophe n’est pas loin, dans cet univers trop aseptisé pour être vrai : dès qu’un grain de sable, en l’occurrence un microbe, s’infiltre, c’est l’hécatombe, et on assiste à de véritables scènes de panique dans une société où même la mort est encadrée et programmée.
De son côté, William Camus nous parle des Cheyennes de 6112 comme de ceux d’hier. Inconscients des dérèglements du monde, ils ont vécu ces millénaires dans les frontières de la réserve dans lesquels on les a parqués. Poussés par les jeunes à en sortir, ils retrouvent les grands espaces de leurs ancêtres.

Les deux récits se rejoignent lorsque les Cheyennes découvrent le vaisseau accidenté de Réséda, partie chercher du secours. Le lecteur aura bien sûr deviné que la solution, peut-être un peu facile, est dans la caisse marquée du symbole de la Croix-Rouge que les Indiens conservent, parfaitement close, comme une relique. Mais après tout, le microbe qui frappe n’est que celui de la grippe...

Après un petit périple rempli de dangers, les deux civilisations se rejoignent, les machines des cités dupliquent le médicament oublié et tout est bien qui finit bien. Certes un peu idyllique, mais on est dans un roman jeunesse.

« Cheyennes 6112 », malgré la légère simplicité du scénario, recèle de nombreuses qualités. Le partage entre deux auteurs permet de tirer le meilleur de chaque volet, et on sortira de ce petit roman un peu plus érudit sur les Cheyennes et le monde de vie tribal. La partie SF, très imaginative, poussera à une réelle réflexion sur la vie future, avec ou sans crise écologique à venir, et nous questionne d’ores et déjà sur le danger de cet isolement extrême d’avec la nature qui pourrait sembler la solution.

Il est donc bien dommage que Gallimard n’ait pas conservé ce petit bouquin dans son catalogue. Il est à espérer que les bibliothèques l’aient toujours en rayon. Car après plus de 35 ans, il n’a pas pris une ride. Si vous le trouvez, consacrez-lui deux heures, et vous verrez...


Titre : Cheyennes 6112 (1974)
Auteurs : William Camus & Christian Grenier
Couverture : Rozier-Gaudriault
Éditeur : Gallimard
Collection : Folio Junior
Pages : 155
Format (en cm) : 10,8 x 17,8 x 1
Dépôt légal : août 1994 (dernier tirage connu)
ISBN : 2070336190
Prix actuel inconnu, catégorie 4



Nicolas Soffray
17 septembre 2012


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