Michel Honaker est un auteur incontournable de la littérature jeunesse depuis des années. Sa nouvelle série L’agence Pinkerton promet d’excellents moments de lecture.

Pour ceux à qui ce nom ne dit rien, un petit rappel historique (façon dossier comme le fait la collection Courants Noirs de Gulf Stream, par exemple) n’aurait pas été de refus. L’auteur s’emploie néanmoins à saupoudrer son histoire, dès le premier chapitre, des informations essentielles.
Dans cet Ouest sauvage quasi sans foi ni loi, la Loi existe pourtant bel et bien. Les shérifs et autres marshalls assurent l’ordre. L’Agence Pinkerton, bien plus puissante, tient plus de la milice. Ce sont des détectives mercenaires, policiers, juges et souvent bourreaux, si efficaces qu’ils sont bien plus craints que les représentants de la Loi. L’allure fière et limite méprisante des « Pinks » les identifie au premier regard.

À ces éléments historiques, Michel Honaker ajoute une pointe de fantastique. Et rehausse son western d’une bonne dose de mystère. Cela commence avec l’étrange pouvoir de Galore, qui a des visions au contact des cartes à jouer, à d’autres pouvoirs plus spectaculaires. Ainsi, très vite, on comprendra que le Chapardeur ne peut pas être humain. Et lorsqu’il s’en prend à Galore, on penche très nettement pour un fantôme ou tout autre forme éthérée très puissante.
S’ensuit un voyage initiatique auprès des indiens locaux, et une enquête dangereuse autour des conditions de construction de la voie de chemin de fer. Entre les indiens expropriés de force et les ouvriers chinois tués à la tâche, cela fait beaucoup de gens qui n’aiment pas le train. Honaker dresse un portrait clair de cette Amérique en construction, à peine relevée de la guerre et encore à moitié sauvage. Chacun cherche sa place, son rôle, comme nos héros, déracinés, désorientés, en quête d’un but à leur existence. De réponses à leurs questions.

Sans perdre son ancrage western, le récit s’oriente doucement vers une lutte de pouvoir occulte, à base de magie chamanique, entre les deux entités nées de la guerre : l’Agence Pinkerton, qui représente l’Ordre à défaut du bien, et la Brigade Pâle, sorte de cavalerie mort-vivante plutôt redoutable.
Et tout comme Galore, on voudra en savoir plus !

Les 25 chapitres découpant les 240 pages de ce « Châtiment des Hommes-Tonnerre » se dévorant à toute vitesse, tant à cause des feuillets blancs de la mise en page que de l’écriture fluide et dynamique de l’auteur, on se hâtera de lire la suite « Le Rituel de l’Ogre Rouge » puis « Le Complot de la Dernière Aube », qui sort en mai 2012. Le tout magnifiquement emballé sous une illustration de Benjamin Carré, à elle seule une invitation à l’aventure.

Titre : Le Châtiment des Hommes-Tonnerre
Série : L’Agence Pinkerton, tome 1
Auteur : Michel Honaker
Couverture : Benjamin Carré
Éditeur : Flammarion
Site internet : page roman
Pages : 241
Format (en cm) : 14,7 x 22 x 1,6
Dépôt légal : février 2011
ISBN : 9782081233300
Prix : 13 €

Côté coquilles, rien de bien méchant à signaler : manquent quelques traits d’union, un accent circonflexe, et on pourra tiquer sur quelques « S » absents ou superflus...