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Page blanche (La)
Boulet & P. Bagieu
Delcourt

Éloïse est assise, seule, sur un banc de Paris. Elle semble hagarde et éteinte. Qui est-elle ?
Une amnésie soudaine bien étrange. Une histoire passionnante, des dessins superbes et une véritable morale.
Et si au fond, nous étions tous en quête de notre véritable identité, d’une personnalité, d’une histoire à raconter.



Nous sommes en présence, ici, d’un genre à la mode et en plein développement : la BD issue d’un blog. Ou plutôt la collaboration entre deux artistes issus de blogs BD. Après Pacco et Margaux Motin (formant “The Evil Twins”), voici Boulet et Pénélope.
Boulet, le scénariste de “La Page blanche”, est également un dessinateur de talent. Il est notamment l’auteur du blog Bouletcorp et de la série “Notes”. Delcourt l’a recruté pour être le scénariste de Pénélope Bagieu qui était quelque peu effrayée à l’idée de scénariser une histoire longue et complexe. Il a apporté l’idée principale (qu’il avait déjà en stock depuis un projet avorté), le scénario complet et le découpage des scènes.
Pénélope Bagieu est l’auteur du blog Ma vie est tout à fait fascinante. Elle est la dessinatrice et la coloriste de “La Page blanche”. Très en vogue en ce moment, elle travaille notamment beaucoup pour la presse écrite et la pub. Son site a connu un changement surprenant et inédit dans l’histoire des blogs BD : la transformation de son héroïne humaine en renarde… Sans doute une façon de garder son blog actif tout en le différenciant de ses parutions actuelles.
Mais venons en à “La Page blanche”, ou l’histoire d’une collaboration très intéressante.

Éloïse, jeune femme plutôt jolie et simple, est assise sur un banc à Paris. Elle regarde la rue sans but… Et là, d’un coup, elle se demande ce qu’elle fait là. Comment est-elle arrivée sur ce banc ? Qui elle est ? A-t-elle un travail, une maison ? Mince, mais que se passe-t-il ? Blocage. Aucun souvenir. Comme un reset grandeur nature. Commence alors la quête et surtout l’enquête Éloïse pour comprendre ce qui a bien pu lui arriver, et retrouver son identité.
Elle a son sac à main avec ses papiers et ses clés, donc une identité officielle qui lui permet de trouver son adresse. Elle espère retrouver ses esprits en retrouvant ses affaires. Hélas, pas de déclic en découvrant son appartement, quelconque, habité d’un chat affamé. Les mêmes centres d’intérêts que tout le monde, les mêmes fringues, les mêmes lectures, la même déco. Rien de très personnel, rien qui sorte de l’ordinaire.
Elle rebondit sur son job, en espérant y retrouver la mémoire, mais finalement, de ce côté-là, encore une fois, rien d’exceptionnel. Un travail de libraire, des collègues et amis superficiels qui ne s’aperçoivent même pas de son souci. Elle y rencontre tout de même Sonia, une collègue qu’elle ne fréquentait visiblement pas avant. Cette dernière va l’aider dans sa quête d’identité. Peut-être même l’accompagner dans cette renaissance.

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Je ne vous en dirai pas plus côté scénario pour vous laisser découvrir par vous-même qui est Éloïse. C’est un cheminement pour l’héroïne et pour le lecteur, décomposé en douze chapitres et un épilogue. Un album que vous ne réussirez pas à poser avant la fin, tant vous aurez besoin de savoir. Personnellement, je l’ai lu d’une traite, avidement, avec une petite pointe de déception sur la fin. Pas vraiment à cause de l’épilogue de cette histoire mais plutôt à cause d’une sorte de frustration : « Quoi ! C’est déjà terminé ? ». Pourtant, ce one-shot fait tout de même plus de 200 pages…
On reste un peu sur sa faim sur le coup, puis on y repense, et finalement, c’est cette fin là qu’il fallait. Elle est très pertinente et cohérente avec la volonté de faire réfléchir le lecteur sur son identité. Car oui, on y repense, l’amnésie Éloïse bouscule le lecteur dans ses certitudes. Ma vie est-elle unique et particulière ? Qui suis-je au fond ? Suis-je quelqu’un qu’il fait bon connaître ?

Si vous aimez Pénélope Bagieu et/ou Boulet, vous adorerez “La Page blanche”. Si vous cherchez un vrai scénario, une histoire fouillée qui interpelle, vous aimerez également ce livre.
Côté graphisme, c’est du Pénélope tout craché, donc plutôt plaisant et moderne. Une foultitude de détails dans les décors, et des personnages expressifs et très attachants. Le cadrage est plutôt dynamique et se prête particulièrement au petit format de l’album. Format d’ailleurs très couru pour les adaptations de blogs BD.

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J’aime beaucoup les digressions un peu fantasques du personnage comme, par exemple, lorsqu’elle présume de ce qu’elle pourrait trouver derrière la porte de son appartement (un cadavre, un enfant, le FBI…). Ces apartés apportent un petit côté comique et un peu de légèreté à l’ensemble.

Si vous voulez vous faire une idée seul, vous trouverez le premier chapitre de “La Page blanche” sur le blog de Boulet.
Vous l’aurez sans doute deviné, j’ai adoré cet album dans son ensemble et dans ses particularités. A quand une nouvelle collaboration de génie ?


La Page blanche
- Scénario : Boulet
- Dessin : Pénélope Bagieu
- Couleur : Pénélope Bagieu
- Éditeur : Delcourt
- Collection : Mirages
- Dépôt légal : 18 janvier 2012
- Format : 198 x 263 mm
- Pagination : 208 pages couleurs
- ISBN : 978-2-7560-2672-5
- Prix Public TTC France : 22,95 €


Illustrations © Pénélope Bagieu et Delcourt (2012)



Allison & Julien
17 mars 2012




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