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Captain Swing et les Pirates électriques de Cindery Island
Warren Ellis et Raulo Caceres
Milady Graphics

Londres, 1830. La nouvelle police métropolitaine de la capitale britannique a du mal à se faire respecter et surtout estimer par la population. Ceux qu’on surnomme les Peelers ou les Bobbies doivent faire respecter la loi uniquement armés d’un gourdin et d’une crécelle. Leur autorité est diminuée par la police privée des magistrats, les Bow Street Runners, composée d’anciens chasseurs de voleurs à la morale plus que douteuse. Et cette nuit, le Bobby Charlie Gravel n’est pas près de l’oublier. Tout commença avec la découverte du corps d’un Bobby, empalé sur une grille. Selon la rumeur, le mystérieux Spring-heeled Jack serait le coupable et comme par hasard, Charlie et son coéquiper découvrent le fameux Jack passant à tabac un de leurs collègues.



Charlie ne peut admettre que l’assassin de son collègue continue à vivre de ses forfaits en pure impunité. Mais il ne peut cautionner les méthodes du Bow Street Runner, tirant sur des innocents sans le moindre remord. Alors quand il parvient à repérer une nouvelle fois Jack, il ne le lâche plus et le poursuit dans sa barque mue par électricité. Malheureusement, le combat ne sera pas en sa faveur et il se retrouve prisonnier de celui qui se fait en réalité appeler Captain Swing et ses pirates électriques. Si la barque pouvait être impressionnante, se retrouver sur un navire mû entierement par énergie électrique l’est d’autant plus. Swing est en fait un inventeur de génie, qui est parvenu à produire de l’électricité à partir de l’air. Mais cette invention est peu appréciée des magistrats, possédant de leur côté une autre source d’énergie, mais bien plus rare. Charlie va se retrouver dans un conflit qui oppose en réalité les opprimés aux riches.

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« Captain Swing et les Pirates électriques de Cindery Island » est une nouvelle fable moderne écrite par ce génie du politiquement incorrect, Warren Ellis, et dont la première publication date de 2010. Warren Ellis nous entraîne dans le Londres de 1830 et part, comme souvent à son habitude, de faits historiques pour les utiliser à sa sauce. Ce sera donc la formation de la police de Londres, telle que nous la connaissons de nos jours, qui sera la base de son récit. Il va opposer la police du peuple, représentée par les Bobbies, et la police des riches, représentée par les Bow Street Runners. Cette dichotomie sera le fond de son discours.

Le sujet que Warren Ellis aborde sera le partage des énergies propres, accessibles pour tous mais qui seront volées par les hommes de pouvoirs, craignant perdre leur main mise sur le peuple. Cela peut paraître un peu manichéen, mais comme à son habitude, ses personnages seront, quant à eux, bien plus torturés. Toutefois, il faut avouer que le bien et le mal sont plus tranchés ici que dans d’autres oeuvres comme « Supergod ». Pourtant, Ellis nous offre une aventure de pirates modernes en plein Londres. C’est évidemment le plus d’un auteur de talent comme Ellis que d’inventer des machines et des univers sortant de l’ordinaire. Son capitaine Swing utilise des méthodes que l’on peut trouver répréhensibles car hors la loi, mais quand la loi est injuste, doit-on la suivre ? C’est la question que nous posera, en fait, Charlie le Bobby durant tout le livre.

La structure de ce one-shot est assez originale car l’aventure en bande dessinée est coupée par des lettres du Captain Swing, expliquant le contexte de l’époque, ses inventions et sa conception du bien et du mal. Mais n’est-ce pas un peu Warren Ellis nous donnant sa propre position à travers son personnage qui se retrouve en fait dans ces notes ? Décidément, aucune oeuvre de cet auteur ne se ressemble et il parvient toujours à nous surprendre.

Les dessins sont réalisés par Raulo Caceres, ayant travaillé sur un épisode de « Crossed : Psychpoath » et sur « Lady Death ». Il a déjà travaillé avec Warren Ellis sur la nouvelle graphique « Crécy ». Raulo Caceres a parfaitement mis en images les idées d’Ellis. Ses dessins très réalistes nous entraînent réellement dans ce Londres de 1830 et mènent tambour battant l’aventure de Charlie. Caceres donne vie à l’univers très sombre du Captain Swing, avec des personnages très expressifs et des scènes sanglantes plutôt réussies. Le travail de colorisation de Digikore Studio n’était pas simple, avec des scènes quasiment toutes nocturnes et des couleurs foncées aussi bien pour les tenues que pour les fonds. Le rendu brillant des pages en papier glacé atténue la puissance de ces couleurs et un rendu plus mat aurait certainement mieux collé à l’univers d’Ellis, mais le choix d’une certaine qualité pour la publication s’avère parfois pas vraiment payante.

A noter la couverture très réussie de ce titre, avec une image en léger relief.

Comme toujours, une oeuvre de Warren Ellis se doit d’être lue et possédée car elle est par définition culte.


Captain Swing et les Pirates électriques de Cindery Island
- Scénario : Warren Ellis
- Dessin  : Raulo Caceres
- Couleurs : Digikore Studio
- Design : Ariana Osborne
- Traduction : Philippe Touboul
- Éditeur : Milady
- Collection : Graphics
- Dépôt légal : 17 février 2012
- Pagination : 128 pages couleurs
- Numéro ISBN : 9782811207083
- Prix public : 15,20 €


© Edition Milady - Tous droits réservés



Frédéric Leray
6 mars 2012




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