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Bifrost n°65
Rédacteur en Chef : Olivier Girard
Revue, n°65, SF, nouvelles-article-entretiens-critiques, janvier 2012, 192 pages, 11€

Ce trimestre, Bifrost fait un focus sur Christian Léourier, un nom qui ne dira peut-être rien aux jeunes lecteurs, mais qui aura marqué les générations plus âgées.
Cet auteur discret, modeste et qui se livre dans un entretien très intéressant, fut le premier à publier un roman français inédit dans la prestigieuse collection Ailleurs & Demain. De 1984 à 1994, J’Ai Lu publia les sept romans du cycle de Lanmeur, aujourd’hui repris sous forme d’omnibus chez Ad Astra. Depuis, on ne le voit quasi plus qu’en jeunesse.
Autant dire que trouver Christian Léourier en SF adulte est devenu très rare…



Son texte écrit pour l’occasion n’en est donc que plus attendu et “La Source” ne déçoit pas. Sur une planète, un vaisseau a atterri, puis est revenu régulièrement apporter du ravitaillement à la population indigène. Petit à petit, celle-ci en a perdu l’habitude de subvenir à tous ses besoins. Lorsque les passages annuels ont cessé, la vie a dû reprendre son cours normal. Sauf que le personnage central a perdu sa fille partie avec le vaisseau lors de sa dernière venue. Les années passent et, fidèle au poste, il attend.
Les motivations du Vieux nous sont doucement dévoilées, le passage éclair des saisons possède une grande force d’évocation et, en toile de fond, l’omniprésence intéressée de Lanmeur dans un combat inégal… L’écriture, le sujet, tout y est.
De quoi nous donner les plus grands regrets qu’il ait disparu de la scène de la science-fiction adulte, faute de débouchés.

La nouvelle “L’éclaireur” de Thierry Di Rollo, injustement attribuée dans le sommaire à Jérôme Noirez, reprend l’univers de son roman « Bankgreen ». Autant dire que si on ne l’a pas lu, bien des clefs nous manqueront pour l’appréhender. J’avoue n’avoir pas compris grand-chose et avoir été agacé par les répétitions abusives de certains mots inventés pour l’occasion. La nève, il nève… devient vite lourd.

Geeta, l’héroïne de Nina Kiriki Hoffman, dispose d’une grande mémoire sensorielle, lui permettant d’appréhender parfaitement son environnement. Une bénédiction ? Non, plutôt une malédiction car, sous contrat, elle se voit à chaque fois dépouillée de ses souvenirs pour en faire des mémods, permettant aux acheteurs de voyager.
L’histoire est bien trouvée, mais “L’avenir du marché des souvenirs” manque de force. Son garde-corps qui abuse de sa naïveté n’était pas forcément nécessaire à l’intrigue et donne une drôle de fin. Il y avait peut-être moyen de mieux faire.

Après “Exorciser ses fantômes” dans le numéro 63, Bifrost nous présente un nouveau texte d’Eric Brown : “Essai à froid”, s’inscrivant tout comme l’autre dans une série de douze récits.
Ella est une IA belle, intelligente, dont le capitaine s’est entiché. Ella éprouve aussi des sentiments pour le bonhomme et sa fabuleuse mémoire ne lui permet pas d’en faire abstraction, alors… Sans grands effets, l’écrivain nous raconte une relation sans espoir, où la froide logique mécanique prend le dessus sur les sentiments humains.
Dans la présentation de l’auteur, il est évoqué une possible traduction française de la dite série. C’est le moins que l’on espère.

La partie rédactionnelle s’avère toujours aussi importante avec de nombreux ouvrages chroniqués. Le « Galaxies Hors Série La filière belge » est traité deux fois : une fois dans “Le coin des revues (et fanzines)” et la seconde fois dans “À la chandelle de Maître Doc Stolze”. Alors que Thomas Day donne son avis, Pierre Stolze ne nous sert qu’une longue présentation.
Dans les Carnets de bord, on a aussi droit à “Paroles de libraire”, une nouvelle rubrique appelée à se répéter et, pour la première, c’est Christophe Coquelet de la librairie Les Quatre Chemins à Lille qui s’y colle. J’avoue avoir trouvé cet entretien sans intérêt.

Au moins, Roland Lehoucq est fidèle au poste et traite un sujet d’actualité en cette année 2012 annoncée comme la dernière. Merci de nous redonner espoir, professeur !

Comme c’est le premier Bifrost de l’année, ce numéro s’achève par les traditionnels “Razzies : le prix du pire”. On peut noter que cette version 2012 a perdu de son mordant, ce qui traduit peut-être un essoufflement de ce prix d’un mauvais goût assumé, ayant vocation de faire rire. Une volonté de passer à autre chose ?

Ce « Bifrost 65 » reste celui de Christian Léourier avec une très bonne nouvelle et un long entretien nous éclairant sur son parcours. Rien que cela justifie l’achat de ce numéro.


Titre : Bifrost
Numéro : 65
Rédacteur en chef : Olivier Girard
Couverture : Simon Goinard Phelipot
Type : revue
Genres : SF, articles, critiques, nouvelles, entretiens, etc.
Sites Internet : le numéro 65, la revue (Bifrost) et l’éditeur (Le Bélial’)
Dépôt légal : janvier 2012
ISBN : 978-2-913039-62-9
Dimensions (en cm) : 14,9 x 21
Pages : 192
Prix : 11€



François Schnebelen
5 février 2012


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