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Dans l’ombre du monde
Maud Tabachnik
Flammarion, recueil de nouvelles noires, 210 pages, février 2012, 13€.

Armée des arbres, guérisseuse désorientée, chaton de l’espoir, enfant soldat…
Voici comment s’exprime Maud Tabachnik à l’intention des adolescents.
Noir c’est noir, le monde est ainsi.
De l’espoir tout de même ?



Evidemment, vous en trouverez un peu au sein de ces textes. Mais à l’origine se trouve une auteure de roman noir pour adultes, qui aime taper sur le politique par le biais de la fiction, et qui ne mâche jamais ses mots.

A la lecture de ce recueil, surtout au début, on pourrait croire que Tabachnik a mis de l’eau dans son vin. Mais son fond sombre, prêt à révéler l’horreur du monde, refait surface et entache les pages une à une.

Pour démarrer, l’auteure a choisi la voie du fantastique. Deux pages très étranges qui installent une ambiance déroutante et où l’on cherche le but.

C’est donc déconcerté que l’on se lance dans le second texte, « Coups de Pouce ». Ici, l’écriture désarçonne quelque peu, donnant au lecteur l’impression d’être mis à l’extérieur de l’histoire, avec même parfois des dialogues assez irréalistes. Un parti-pris qui s’explique ensuite vu le propos, mais qui ne donne peut-être pas toute sa force au texte.

« Elle était si jolie » est un récit de prison à la première personne. La réussite est totale, avec peut-être des termes qui sonnent étrangement et donne un air un peu vieillot. Mais là encore, tout se justifie peu à peu pour aboutir à un final cruel. Percutant.

« Comment l’esprit vient aux filles » est une histoire douloureuse. D’un réalisme saisissant et effrayant, on en ressort bouleversé et outré. On aimerait comprendre les traditions d’autrui, mais parfois il n’est simplement question que d’humanité et on se demande où elle se trouve.

« Haine, où est ta victoire ? » touche un sujet brûlant qui partage les gens partout dans le monde, le conflit israélo-palestinien. Tabachnik empile avec simplicité et efficacité les briques de la violence et de la haine. Elle démonte les mécanismes de l’autodestruction dont est capable l’homme, reposant sur tant d’ignorance et de folie que l’on a l’impression que jamais les luttes ne pourront trouver une fin. Et n’est-ce qu’une impression ?

« Cœur noir, douleur blanche » aborde le génocide rwandais de manière frontale, un peu comme tous les textes. Une preuve que Tabachnik n’a pas la manie de prendre des gants. C’est encore chirurgical, écrit avec simplicité, mais c’est direct, déroutant, écœurant même… avec tout de même une note d’espoir… relatif.

« No right zone » est aussi très déstabilisant sur sa fin. Cette fois c’est le conflit serbe qui sert de toile de fond, mais dont les problèmes se résolvent dans une cité française. L’auteure a l’habileté de prendre le lecteur à contre-pied et c’est plaisant.

« Vie conjugale » clôt le recueil pour rappeler que Maud Tabachnik est avant tout une auteure de polars où l’ironie n’est jamais absente. C’est aussi une conclusion un peu positive, nous rappelant que la justice a quand même encore droit de cité sur notre belle planète… Enfin, presque…

Est-ce que ce recueil trouvera son public dans la masse du jeune lectorat qu’il cherche à toucher ? La réponse est loin d’être aisée.
Il n’en reste pas moins que Maud Tabachnik a su servir des histoires graves et difficiles avec un talent qu’on lui connaissait. Elle ne dément pas sa réputation et c’est pour notre plus grand plaisir.


Titre : Dans l’ombre du monde
Auteur : Maud Tabachnik
Couverture : Caroline Barbera
Éditeur : Flammarion
Pages : 210
Format (en cm) : 13,5 x 21 x 1,40
Dépôt légal : Février 2012
ISBN : 978-2081263727
Prix : 13 €



Michael Espinosa
2 février 2012


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