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Lamento des Ombres (Le)
Les Enfants de Walpurgis présentent
Éditions du Chat Noir, anthologie (France), fantastique/fantasy/science-fiction, 304 pages, septembre 2011, 19,90€

Les Enfants de Walpurgis est un collectif d’auteurs francophones œuvrant dans le fantastique et qui a déjà signé une anthologie : « Sorcières et Sortilèges ».
Au sommaire du « Lamento des Ombres », huit auteurs rivalisent d’imagination pour nous enchanter de leurs notes de musique.
Mais ce collectif se réclamant de Sainte Walburge nous amène-t-il bien le printemps ?



Stéphane Soutoul ouvre le concert avec “Maudite Sonate !”. En mettant toute sa passion dans un morceau de musique écrit pour sa bien-aimée, Joachim, un musicien, gagne l’immortalité mais perd son amour. Bien plus tard, il rencontre une femme enceinte fuyant un autre immortel.
Stéphane Soutoul met en scène deux êtres aux motivations totalement opposées. Le pianiste continue de composer pour séduire la mort et avoir le droit de reposer en paix, alors que l’autre tue pour franchir les siècles. À la fin, Joachim doit faire un choix lourd de conséquences…
Cette confrontation est très bien conduite, il y a de la poésie, de la profondeur. Superbe démarrage !

Céline Guillaume signe le plus court texte de cette anthologie et aussi le moins bon. Elle a voulu mettre trop de choses dans son “Requiem pour un songe” et le résultat en est confus, s’oubliant très vite.

That’s a long way to Hell” de Marianne Gellon est d’un tout autre acabit. L’histoire se passe dans un futur où la guerre atomique a eu lieu. Un groupe de Heavy Metal se produit dans le No Man’s Land de Neoberlin. Hans, ou plutôt Richard pour la scène, en est l’âme emblématique, mais l’atmosphère étrange des lieux et une vie dissolue le poussent à la folie. Il n’aspire plus qu’à retrouver les fantômes qu’il devine là-bas.
Marianne Gellon nous plonge dans un univers décalé, où le succès pervertit un chanteur dont la vraie compagne est sa guitare. Celle-ci passe avant la femme qui croit partager sa vie et qui devient un souffre-douleur.
C’est fort, poignant et laisse une bonne impression une fois terminé.

Songs to the Siren” de Cécile Guillot, qui a signé la couverture de cet ouvrage et anime le fanzine « Les Soupirs de Ligeia », n’est pas sans point commun avec la précédente nouvelle. Elle aussi met en scène un groupe de métal dont la chanteuse défraie la chronique, car les médias ne savent rien d’elle. Alors que son attitude s’avère irréprochable, les pires bassesses lui sont reprochées, ce qu’elle ne supporte pas. Qui est-elle vraiment ?
L’artifice de nous présenter le récit à travers une ingénieure du son proche d’Aysun la chanteuse, car ce sont les deux seules femmes, est une belle idée. Celle-ci n’arrête pas de s’épancher auprès d’Aysun, n’offrant pas la réciproque à sa collègue. Lorsque cette dernière se libère, elle ne sait pas écouter, trop égoïste.
On aurait aimé que ce soit plus long, que l’ascension de la belle et étrange chanteuse aux allures gothiques soit moins fulgurante pour en profiter davantage, ce qui ne saurait en aucun cas constituer un reproche.
That’s a long way to Hell” et “Songs to the Siren” se suivent et se complètent parfaitement. Deux destins différents très bien orchestrés !

Vanessa Terral, la directrice de publication des fanzines « Pénombres » et « Éveil », nous invite à une nouvelle enquête d’Hélianthe Palisède, une femme à la frontière entre l’humanité et le Petit Peuple, consultante en affaires occultes. Elle est engagée pour résoudre le mystère concernant “Les flûtes enchantées”. Il en existe cinq détenues par cinq personnes différentes. Elles se connaissent toutes, mais les cinq verres (il ne s’agit pas de l’instrument de musique) ne doivent jamais se retrouver ensemble. Quand un des possesseurs et sa descendance meurent dans d’étranges circonstances, autant faire appel à Hélianthe, surtout quand le cas dépasse la sphère terrestre.
Ici, les deux mondes se côtoient. Le Petit Peuple est reconnu, mais cette acceptation ne signifie pas que tout est compris. Vanessa Terral fait preuve d’une belle imagination pour nous balader sur des territoires en marge, où même Hélianthe peut éprouver de la peur. On pourrait juste ergoter sur le langage usé par une jeune fille vivant avec des dragons et qui lui apporte son aide. Il est difficile d’y adhérer.
Toutefois, l’ensemble est bien écrit, enlevé et constitue un des nombreux moments forts de l’anthologie.

La chorale du temps”, le texte d’Ambre Dubois, nous montre comment un étudiant en musique est accosté dans la rue, puis embauché pour jouer chaque jour du saxophone chez un aristocrate. Mais pour qui joue-t-il vraiment ?
La musique est au cœur du propos, c’est intriguant tout du long et la chute tient ses promesses.

Salve Regna Stellarum” de Angélique Ferreira couvre près de 70 pages. Pourtant, on a l‘impression qu’il s’agit juste d’un morceau de roman qui aurait subi des coupes.
Au début, l’auteure s’étale longuement sur la vie de l’elfe Till et sur son milieu. La seule chose importante pour la suite et qui aurait pu tenir en quelques phrases est qu’il est parti de chez lui, car il ne veut pas devenir un guerrier comme son père. Ainsi il pourra se consacrer à la musique. Arrivé chez les hommes à Camelot, en vendant des bibelots sur un marché, il tombe amoureux de la princesse du royaume. Et c’est réciproque ! Suivent des péripéties sans grand intérêt.
L’ensemble est bancal et l’histoire n’apporte guère de surprises. Après un début maîtrisé et ne servant finalement pas, le reste ne tient pas ses promesses. Dommage !

Avec “La clef musicale” de Bettina Nordet, « Le Lamento des Ombres » s’achève aussi bien qu’il a commencé. Réveillé par une note, Leonard de Vinci découvre la mort venue le chercher. Bien loin des clichés, il s’agit d’un ange qui, pour la première fois, est visible d’un mortel. Cette capacité unique vaut à Leonard de Vinci un sursis et un nouvel ami. Ce génie va alors œuvrer pour essayer de lui rendre l’éternité moins vide…
Bettina Nordet mène deux histoires en parallèle. Le sujet est vraiment bien trouvé, il nous happe sur les plus de soixante pages que l’on dévore d’une traite. C’est original, nous amène en voyage dans le temps, il y a de la sensibilité, des personnages forts. Peut-être la meilleure nouvelle au sommaire.

À deux exceptions près, les textes sont de très bonne tenue. Le thème de la musique y est plus ou moins présent, mais là n’est pas l’essentiel, car le lecteur ne sera pas déçu par « Le Lamento des Ombres ».
Les Enfants de Walpurgis font preuve d’un bel éclectisme dans leurs sources d’inspiration et ne se cantonnent pas à un seul genre de l’imaginaire.
C’est une très belle surprise, une anthologie que l’on conseillera sans problème.
Vous verrez “Maudite Sonate !” de Stéphane Soutoul et “La clef musicale” de Bettina Nordet ne sont pas prêts de quitter votre esprit.

Il est à noter qu’au programme des Éditions du Chat Noir, la prochaine anthologie de ce collectif, « Saisons Païennes », est prévue pour novembre 2012. Rendez-vous est pris !


Titre : Le Lamento des Ombres
Auteurs au sommaire (par ordre d’apparition) : Stéphane Soutoul, Céline Guillaume, Marianne Gellon, Cécile Guillot, Vanessa Terral, Ambre Dubois, Angélique Ferreira et Bettina Nordet
Couverture : Cécile Guillot
Éditeur : Éditions du Chat Noir
Directrice de collection : Cécile Guillot
Site Internet : Anthologie
Pages : 304
Format (en cm) : 20,9 x 14,5
Dépôt légal : septembre 2011
ISBN : 979-10-90627-00-0
Prix : 19,90 €



François Schnebelen
28 janvier 2012


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