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Yiya (T1) Le Mangeur de chagrin
D. Pecqueur & V. Gajic
Delcourt

Yiya est une adolescente impétueuse qui a noué des liens forts avec Rogo, celui qui lui a sauvé la vie étant enfant. Il la considère comme sa petite sœur, elle le considère comme son fiancé. Mais comment réagir lorsque Rogo disparaît dans les abysses, au large de la Russie ?
_Pour Yiya, il n’y a aucune hésitation, elle doit plonger à son tour, dans l’espoir de retrouver le corps de celui à qui elle doit tout.
La jeune fille va alors découvrir un monde peuplé de fantômes et d’individus masqués et sanguinaires. Et si ce n’était que le début d’un long voyage à travers des univers parallèles…



Pas facile de lancer une nouvelle série avec l’ambition d’un scénario riche et complexe. Il faut poser les fondations du récit, poser l’intrigue principale, présenter les personnages… sans perdre le lecteur dans des explications narratives assommantes. Devant la difficulté de l’exercice, le scénario de ce premier tome s’en sort avec la mention « Passable ». Et c’est déjà pas mal au vue de la richesse de l’histoire proposée dans ce livre.

Yiya est une orpheline russe, ramassée et adoptée en 2010 par Rogo, un jeune pêcheur solitaire. Dix ans plus tard, des liens forts rapprochent ces deux êtres, symbolisés par le bracelet que Yiya arbore à son poignet, un bracelet protecteur offert par son « fiancé » Rogo, sensé repousser les idées noires : un « mangeur de chagrin ». Mais leur destin chavire le jour où ils rencontrent Shun, un étrange vieillard à la recherche d’un trésor enseveli sous les eaux. Une fois arrivé sur l’emplacement indiqué par Shun, grâce au bateau de Rogo, ce dernier enfile un scaphandre et plonge à la recherche du mystérieux trésor. Chutant dans une crevasse, Rogo disparaît. Yiya n’a alors plus le choix, ravagée par le chagrin, elle doit plonger à son tour pour retrouver le corps de son ancien sauveur. Mais elle tombera dans le même piège que Rogo et se réveillera prisonnière d’une étrange secte, enchaînée au côté de Rogo affaibli. A partir de maintenant, pour récupérer son « fiancé » vivant, elle devra ramener la dépouille de Shun à ces étranges individus…

Quand je vous disais que le scénario était dense. Très dense. Et je ne vous ai pas tout raconté. Loin de là. S’en suivront la découverte d’un royaume engloutie, la traversée d’un temple piégé, la rencontre avec des fantômes et des animaux intelligents, le recours à des phénomènes magiques et l’affrontement avec un homme venu du futur. Rien que ça. Et tout ça en quarante six planches. Un scénario dense, je vous dis !
Du coup, forcément, même si le récit est assez bien construit pour ne pas perdre le lecteur, les transitions sont rapides. Un peu trop quelques fois. Les actions s’enchainent et on ne s’attarde pas, par exemple, sur les états d’âmes des personnages. Chaque case compte. On aurait aimé passer un peu plus de temps à découvrir les personnages et ces univers à la frontière entre l’heroïc fantasy et le roman d’anticipation. Ils l’auraient mérité.

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« Yiya » est une série qui s’installe avec un personnage principal attachant et un premier tome riche et alléchant. Les auteurs n’ont pas communiqué, à ce jour, sur la durée de la série. Mais Daniel Pecqueur, également scénariste des séries “Golden City” et “Arctica”, est un amateur des longues sagas. L’ambiance de « Yiya » se prête d’ailleurs tout à fait à une publication sur de nombreux volumes. A la fin de ce premier opus, Yiya s’associe à un homme pour pourchasser Shun… dans une autre dimension. Il y aura un album pour chaque univers rencontré. Dans le prochain tome, nous retrouverons ainsi Yiya dans un univers plongé au cœur de la guerre 1914-1918. Les amateurs d’uchronies et de mondes parallèles apprécieront. Ce genre littéraire se prête parfaitement aux longues, voire très longues, histoires.
Personnellement, je redoute un peu ce virage dans le scénario. Ce premier tome faisait penser au premier cycle de “Balade au bout du Monde”. Les deux univers, Russie du futur proche et citée moyenâgeuse engloutie, se mariaient étonnamment bien autour d’un scénario cohérent. L’ambiance du récit était intrigante, débordait d’idées originales et ne demandait qu’à être développée. Pourquoi en changer ?

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Le travail de Vukasin Gajic, à la fois sur le dessin et sur les couleurs, participe grandement à l’immersion dans cet univers. La richesse des environnements de cet album est assez impressionnante. Tous les décors ont une ambiance particulière, qui se dégage dès le premier coup d’œil, comme le bar à pêcheurs, les fonds sous-marins, le sanctuaire englouti, les portes du royaume, la morgue…
Les personnages sont expressifs, facilement reconnaissables, sans être caricaturaux. Il est d’ailleurs plaisant de retrouver une héroïne aux mensurations crédibles.
Le cadrage est assez classique mais n’entrave en rien la dynamique de l’ensemble. Quelques images grand format montrent, une fois encore, le talent du dessinateur.

Une série sur de bonnes voies donc, lancée par un premier volume réussi. J’espère sincèrement que les opus suivants sauront être la hauteur, chaque volume apportant des éléments constructifs à l’intrigue principale. Le risque majeur pour cette série serait peut-être de sombrer dans une succession de livres anecdotiques, dans lesquels Yiya voyagerai éternellement d’univers en univers, à la poursuite d’un Shun inexistant. Ce genre de saga sans fin, à l’instar de la série télévisée « Sliders », a vite fait de perdre ses lecteurs.

Quoi qu’il en soit, malgré un petit défaut de ponctualité, cette BD se retrouve sur nos bibliothèques et, il faut bien l’admettre, notre patience a été récompensée. Espérons simplement que le prochain numéro se fera moins attendre.


(T1) Le Mangeur de chagrin
- Série : Yiya
- Scénario : Daniel Pecqueur
- Dessin : Vukasin Gajic
- Couleurs : Vukasin Gajic
- Editeur : Delcourt
- Collection : Neopolis
- Dépôt légal : 23 novembre 2011
- Format : 240 x 320 mm
- Pagination : 48 pages couleur
- ISBN : 978-2-7560-1823-2
- Prix public : 13.50 €


Illustrations © Vukasin Gajic et Delcourt (2011)



Allison & Julien
26 janvier 2012




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