Un bâtiment incendié, rempli de corps à moitié carbonisés. Ce village est devenu fou ! Ses habitants ont choisi le suicide collectif plutôt que d’attendre la mort dans ce qui est devenu une île après la catastrophe. Et maintenant, ils veulent en finir dans cette ville maudite, emportant avec eux tous ceux qui se trouveront par malheur sur l’île. Mais tous ne pensent pas ainsi, la présence d’Ako et des autres survivants ont fait douter certains habitants de l’île : il y aurait un moyen de fuir cet endroit et ce moyen n’est autre que l’hélicoptère des militaires. Pour Ako, cela ne change rien à sa mission, hormis qu’ils ont dorénavant une bande de fous furieux à leur trousse. Et Nimura n’est pas en très bon état non plus. Blessé à l’épaule, il lui faut des soins. Leur destination est donc des plus simples : l’hôpital du village.
Y a-t-il une limite à la folie humaine ? Minetaro Mochizuki poursuit son analyse du comportement humain lors d’un stress intense. Cette fois, il s’attaque au problème du suicide collectif et les conséquences d’une obsession morbide sur une population donnée. Les personnes carbonisées étaient-elles toutes consentantes pour être incendiées ? Comment ont été choisis ceux restant en vie ? Bien des questions nous traversent l’esprit devant ce massacre immonde. Et pire que tout, ces élus veulent emporter dans la mort avec eux tous ceux qui se trouveraient par inadvertance sur leur île. Plus aucune logique ne dirige ce groupe et nous sommes plutôt face à une dérive sectaire.
Car le suicide collectif est l’ultime outil au service des gourous pour en finir avec leurs adeptes. Souvent, les sectes possèdent une vision apocalytique du futur, avec la condamnation inéluctable de l’humanité. Ici, c’est encore pire : un groupe décide de condamner les autres parce qu’ils ne trouvent aucune solution à leur situation. Tragique, mais quand d’autres survivants apparaissent, leur folie les pousse à les tuer, voire les sacrifier.
L’idée qu’a Minetaro Mochizuki de ses contemporains est assez pessimiste et n’est pas sans rappeler la vision de Buronson de notre avenir. Pour les deux mangakas, l’homme provoque sa propre destruction avant de réflechir aux moyens de survivre. La vision de ce village est un cas d’école de cette image de l’échec de l’humanisme. L’homme est un égoïste qui pensera toujours à lui avant les autres, telle est la vérité que nous affiche ici Minetaro Mochizuki, et pour montrer ce phénomène sectaire, il ne donne quasiment pas de visages à ces hommes cherchant à tuer Ako et Nimura, il les déshumanise totalement, alors qu’il commence à rendre Nimura quelque peu sympathique.
En arrière plan, le pauvre Teru est toujours dans une situation critique, presque à l’agonie. Ses chances de s’en sortir semblent bien mince et le lecteur est vraiment suspendu par ce suspense : les médicaments arriveront-ils à temps pour le sauver ?
Dragon Head (T6)
Auteur : Minetaro Mochizuki
Traducteur : Hiroshi Takahashi
Éditeur français : Pika
Collection : Graphic
Format : 150 x 210 - sens de lecture original
Pagination : 240 pages noires
Date de parution : 16 novembre 2011
Numéro IBSN : 978-2-8116-0571-1
Prix : 10,50 €
A lire sur la Yozone :
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