Jessica ne déteste pas sa vie. Mais elle préfère la vivre en virtuel dans l’Ultramonde.
Là-bas, elle est Lady Kerridwen, une jeune femme forte, sans complexes, prête à tout tenter. Peut-être parce que le virtuel permet d’effacer les choses.
Un jour, elle rencontre Lupus Negrus, un personnage étrange qui se dit Elfe Noir. Mais surtout qui a des pensées morbides et romantiques à la fois. Tout ce qu’il fallait pour séduire Lady Kerridwen. Mais aussi Jessica qui veut rencontrer l’homme derrière l’avatar.
Mais faut-il mélanger le réel et le virtuel ?
Myriam Chirousse traite avec ce roman d’une problématique qui inquiète et pose questions.
Les mondes virtuels fleurissent dans notre société et permettent de s’échapper de notre vie réelle qui nous montre ses côtés les plus vils jours après jours. Comment blâmer alors ceux qui tentent de fuir la tristesse ? Comment condamner ceux qui recherchent derrière des pixels un bonheur qu’ils ne trouvent pas dans notre monde ?
Ici, nous visitons l’Ultramonde, mélange des Sims et de Warcraft, dans lequel une adolescente vit ses meilleurs instants, à ses yeux. N’est-ce pas le lot des ados de se trouver leur jardin secret, loin des parents ? Mais quand ce jardin devient glauque et que le passage du réel au virtuel devient impossible, alors il faut s’alarmer.
C’est ce que Myriam Chirousse a voulu nous montrer à travers les yeux de cette adolescente romantique à la sauce Twilight.
Car son attirance pour un Elfe Noir aux idées morbides n’est rien d’autre que le reflet de cet engouement pour les héros de la saga vampirique par des millions d’ados, et de plus âgés d’ailleurs. Jusque là, rien ne paraît suspect ni dangereux (même si son attachement à un type qui lui promet de la tuer fait un peu peur mais souligne peut-être l’aspect “plus fort que la mort” des ados.). Après tout, chaque époque a eu ses idoles.
Mais l’incapacité pour Lupus Negrus de sortir de son personnage pour retrouver son identité dans le monde réel est inquiétante. Elle pose la problématique de cette autre frange des adolescents qui s’enfoncent dans l’irréalité pour croire qu’ils peuvent y vivre mieux. On tombe alors dans le mal-être et pire parfois, dans les maladies mentales.
Au-delà d’un fond, Myriam Chirousse a utilisé une forme intrigante. Son roman est finalement choral, laissant la parole aux différents protagonistes de cette histoire. Et chaque partie possède sa propre identité : une narrée, une ressemblant à un échange en messagerie instantanée que l’on pourrait assimiler à une pièce de théâtre (n’est-on pas dans la confusion entre réel et virtuel ?), une se déroulant dans un esprit perdu entre deux mondes… Une écriture très intéressante et maîtrisée.
Myriam Chirousse a écrit un roman spécial sur un sujet d’actualité qui en déroutera certains mais qui en séduira bien plus.
Titre : Le Cantique des Elfes
Auteur : Myriam Chirousse
Couverture : Véronique Figuière
Éditeur : Editions Thierry Magnier
Collection : Romans
Pages : 190
Format (en cm) : 12 x 21 x 1,1
Dépôt légal : septembre 2011
ISBN : 978-2364740136
Prix : 9,50 €
