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Gyakushu ! (T1)
Dan Hipp
Ankama - Hostile Holster

Oyez, jeune lecteur, la sinistre histoire de ce voleur qui n’aurait jamais dû voler un certain livre. Oui cher lecteur, cette histoire ne se finit pas bien et les morts vont couvrir la neige immaculée d’un long flot de sang. Mais commençons par cet acte qui provoquera l’avènement d’un empereur et la naissance de sa Némésis. Cela aurait pu être la légende du plus grand des voleurs, celui qui osa dérober au seigneur Viktor un précieux livre qui permettait d’atteindre une vallée paisible au cœur de ce pays de glace. C’est là que le voleur choisit de partir s’isoler avec la femme qu’il aimait et qui attendait leur enfant. C’est là qu’il crut qu’il pourrait refaire sa vie, en cultivant le blé et en créant un petit village avec des personnes de confiance. Mais je vous l’ai dit, cette histoire se finit mal. Car le voleur avait choisi la sœur de sa fidèle coéquipière qui l’aimait sans le dire et la jalousie vous fait faire les pires des choses comme trahir les siens et permettre au seigneur Viktor de récupérer son bien et punir le gredin…



Et celui qui devait devenir l’Empereur Viktor ne lésina pas sur les tortures pour que le voleur s’en souvienne éternellement : bras coupé, corps lacéré puis pendu à de gigantesques hameçons au-dessus d’une cascade où des poissons carnivores géants attendaient leur festin. Et sa femme me direz-vous ? Oh, la légende dit que l’âme damnée de l’Empereur, Wretchik, la mangea… Misérable fin, ne pensez-vous pas ? Et l’enfant, le fils du voleur, Spencer… Nul ne sait ce qu’il advint de lui… Mais vous ne croyez tout de même pas que mon histoire s’achève ainsi. Que nenni, ce n’est que le début, car tel le phénix, le voleur renaquit de ses cendres. Certes, en bien piteux état, mais des villageois l’avaient sauvé de la cascade et on dit que leur shaman peut faire des miracles. Non, il ne put pas soigner toutes les plaies et faire disparaître les traces des tortures qu’il reçut, mais le voleur, nourri par sa haine et sa soif de vengeance, décida de partir massacrer ses ennemis…

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« Gyakushu ! » est la première série publiée en France entièrement réalisée par Dan Hipp, reconnu pour son travail sur la série « Ben 10 : Alien Force « Doom Dimension » » et pour être le créateur du rock’roll « The Amazing Joy Buzzard ». Vous l’aurez compris, cet auteur, scénariste et dessinateur, est du genre déjanté et destroy dans son concept d’histoire.

Avec « Gyakushu ! », un titre bien japonais pour un comics tout ce qu’il y a de plus anglo-saxon, Dan Hipp nous entraîne dans un univers de violence pur jus, sans concession. Comme le dit parfaitement sa voix off : « si vous êtes en quête d’un récit heureux et empli d’amour, passez votre chemin ». Ce sera de la vengeance froide et déterminée, telle la mariée de « Kill Bill », le voleur va s’attaquer à ceux qui ont massacré sa famille. Bon certes, une mariée qui aurait pris les traits du « Darkman » de Sam Raimi, version momie. Et le sang va gicler dans tous les sens, entre la scène de torture du héros et le massacre des hommes de Wretchik, on en aura pour notre argent. Mais attention, le style de Dan Hipp est plus vicieux que cela peut paraître, il va jouer sur les flash-backs, les mises au point sur le contexte, pour donner un rythme soutenu à son histoire et faire durer le suspense.

Il va aussi beaucoup user du conteur. Car cette histoire nous est racontée par un vieillard dont l’identité n’est pas encore donnée. Toutefois, de nombres suppositions viennent rapidement à l’esprit du lecteur, mais je vous laisse cogiter sur cette question. Et si la voix off n’apporte pas toujours grand-chose, on sent bien qu’ici, elle est réellement une part importante de l’histoire et qu’elle donne le ton du récit. Car notre voleur enrubanné n’est pas très loquace et il nous faut tout de même un peu d’informations pour entrer réellement dans le récit.

Côté dessin, le style de Dan Hipp est très épuré et mélange un peu le style cartoon de la série « Ben 10 », avec des personnages anguleux et un peu de style manga avec les femmes et les enfants pourvus de grands yeux. C’est aussi un comics en noir et blanc, ce qui fait bien sûr penser aux mangas mais aussi au style d’un Frank Miller. Très peu de décors, mais cela ne gène pas trop puisque nous sommes souvent sur des plaines enneigées. Les cases sont plutôt grandes et Dan Hipp les remplit allègrement, souvent par des portraits très expressifs ou des scènes très violentes. Mais le style cartoon a le mérite d’éviter un trop grand réalisme qui aurait vite interdit la série aux mineurs et qui, au final, ne s’avère pas plus gore qu’un classique shonen. Encore une fois, la comparaison au manga arrive en premier même si on pourrait aussi le comparer à un « Sin City » version médiévale ou heroic fantasy, car vu la tête des poissons locaux, nous ne sommes pas non plus dans un récit historique.

En tout cas, ce « Gyakushu ! » a tout pour plaire aux amateurs de séries violentes, où le gentil part se venger sans scrupules. Certes, les révélations ne sont pas très innovantes mais collent bien avec le récit, et c’est aussi pour le style original de Dan Hipp que l’on se laisse séduire.


Gyakushu ! (T1)
- Scénario et dessin : Dan Hipp
- Traduction : Astrid Mélite
- Éditeur : Ankama
- Collection : Hostile Holster
- Dépôt légal : 10 novembre 2011
- Format  : 160x240 mm
- Pagination : 192 pages
- Numéro ISBN : 978-2-35910-243-7
- Prix public : 13,90 €


© Editions Ankama - Tous droits réservés



Frédéric Leray
27 décembre 2011




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