Nolane et Roman poursuivent avec ce onzième volume leur travail de réappropriation du mythe « Harry Dickson ». Si Jean Ray reste dans l’inconscient collectif l’inventeur de ce détective américain de l’étrange, il faut quand même savoir qu’il ne l’avait pas créé à la base. Il reprenait à son compte un personnage de romans populaires et bas de gamme, un clone de Sherlock Holmes dont les enquêtes flirtaient plus souvent avec l’irrationnel que les froides et logiques déductions du célèbre et très british détective.
Harry Dickson, c’est autre chose. Son assistant, Tom, un jeune homme tourmenté par les affres de la découverte du sexe opposé, est un peu niais et vite mis au placard dans « Le Semeur d’Angoisse ». La priorité semble donnée à la constitution du couple que tous les lecteurs attendaient avec la montée en puissance du personnage de Tanya Symons, la belle et jeune journaliste d’inspiration très “suffragetienne”. Le terrain est propice aux clins d’oeil, aux allusions, au suggéré et à l’humour -au décryptage sexuel aussi ! On sent que certains psys pourraient fournir quelques pistes de lecture assez étonnantes sur ce sujet.
Mais foin de tout cela, l’époque est à la résurrection d’un ancien Dieu par des méchants agents du Grand Reich. De l’énigmatique cambriolage d’un musée londonien à la réouverture d’un tombeau Maya enfoui dans une jungle mexicaine où rodent espions et traîtres à la solde d’une puissance ou d’une autre, nos courageux acolytes ne vont pas traîner. Il faudra faire travailler ses méninges et ses revolvers. Et le lecteur ne s’ennuiera pas !
Plus convaincant et moins touffu que « Le Secret de Raspoutine » (T. 9), Nolane et Roman renouent avec les clefs du succès déjà utilisées dans « Le Démon de Whitechapel » (T. 2) ou « Les Loups de Darkhenge » (T. 7). L’intrusion du paranormal et d’anciennes divinités dans un contexte politique agité. Il est clair que la sombre trace laissée par l’Allemagne nazie dans l’histoire humaine paraît encore aujourd’hui anormale et attire donc logiquement l’évocation d’éléments paranormaux. Finalement, entre « Hellboy » et les dernières aventures du Sherlock Holmes américain (finalement très européen), on serait presque tenté de deviner quelques similitudes.
De la BD distractive, soignée et parfaitement menée. Du suspense, de l’aventure, une belle brune, des méchants, un souffle diabolique totalement justifié et crédible, « Le Semeur d’Angoisse » se lit avec grand plaisir et sans aucune retenue.
Stéphane Pons
Série : Harry Dickson, Le Sherlock Holmes Américain
Le Semeur d’Angoisse (T11)
Scénario : Richard D. Nolane
Dessins : Olivier Roman
Couleurs : Olivier Astier
Décors : Luc Huet
44 pages couleurs
Couverture : Cartonnée
Format : 22,7 x 29,6 cm
Éditeur : Soleil
Site internet : http://www.soleil-lesite.com
Presse : Marlène Barsotti (Soleil)
Dépôt légal : 26 avril 2005
ISBN : 2-84565-879-6
ISSN : 9 782884 658790.
Prix : 9,45 €
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