Pourtant, ce voyage avait commencé comme il l’avait prévu. Il avait organisé des vacances avec sa femme pour tenter de donner une seconde chance à leur couple, tenter de recoller les morceaux. Mais voila, au cours d’une balade, ils se sont perdus dans cette forêt et tout tournera en vrille. Les ressentiments, les haines gardées se sont exprimés et voila Seiichi poursuivant sa femme pour la tuer. Malheureusement, leur course les mena dans une grotte, loin d’être inhabitée. Un père et son fils cannibale utilisent les cavités comme garde-manger et leur nourriture se compose des pauvres malheureux qui se perdent dans cette forêt. Ils mangent n’importe qui, sauf les femmes...

Masasumi Kakizaki est devenu célèbre grâce à sa série « Rainbow », entre violence et réalisme d’un Japon des années 50. Avec « Hideout », il s’attaque à de l’horreur pure et dure. Mais si, à première vue, nous allons avoir droit à un de ses serial killers cannibales, façon « Massacre à la tronçonneuse », le récit de Kakizaki est bien plus profond et plus glauque qu’une banale histoire de tueur sadique.

En réalité, c’est la déchéance d’un homme que nous décortique le mangaka, la descente aux enfers de Seiichi Kirishima qui va subir la pire des douleurs : la mort de son enfant. Cet événement va faire basculer cet homme vers le côté obscur. Et s’il fallait trouver un vrai « méchant » à cette histoire, ce serait en réalité sa femme. J’avoue que la prise de position de Masasumi Kakizaki pourrait être facilement traitée de sexiste : la femme de Seiichi est matérialiste, ne vivant que pour claquer l’argent de son mari, et elle ne cherchera qu’à l’enfoncer encore et toujours plus dans la dépression. Si elle l’accuse de la mort de leur enfant, la réalité est bien moins manichéenne. Les parts sont évidemment partagées mais la femme renie totalement ses responsabilités, supportée par ses parents, véritables vautours qui s’acharnent sur Seiichi.

Oui, le mangaka sera sans pitié pour la femme et ses parents et va aussi le leur faire payer au prix fort. Mais avant cela, il va pousser son personnage à bout. Certes, Seiichi n’est pas un héros, bien au contraire, vu qu’il tente dès les premières page à tuer sa femme. Mais au fil des pages, le lecteur va vite prendre partie... pour l’enfant troglodyte, qui sera en fait leur seul véritable innocent de cette histoire.

« Hideout » est un petit bijou, par son scénario totalement politiquement incorrect, digne des meilleurs films d’horreur. Si j’avoue avoir du mal avec les graphismes des personnages féminins, aux traits trop abrupts, pas assez féminins justement, le lecteur va vite passer outre, l’atmosphère créée étant si pesante, si lugubre, si remplie de tension, que l’on dévore littéralement ce one shot, arrivant à la dernière page, une ultime sueur froide perlant de notre front. Le design de la famille cannibale est entre l’ermite et le zombie, leur donnant un caractère plus proche du monstre que de l’humain. Les scènes dans la noirceur de la grotte sont entrecoupées de flash-backs nous narrant le passé de Seiichi, sa descente aux enfers, de son chômage, à la mort de son fils et les conséquences pour lui et son couple.

« Hideout » nous prouve que le one shot peut être un format idéal pour une nouvelle, surtout quand la tension est parfaitement entretenue. Alors venez découvrir Seiichi, un homme dont la vie s’est achevée ici...

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Hideout
 Auteur : Masasumi Kakizaki
 Traducteur  : Ryoko Akiyama
 Éditeur français :Ki-oon
 Format : 130 x 180, noir et blanc - sens de lecture original
 Pagination  : 232 pages
 Date de parution : 27 octobre 2011
 Numéro ISBN  : 978-2-35592-321-0
 Prix : 7,50 €

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HIDEOUT © 2010 Masasumi KAKIZAKI / Shogakukan Inc.
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