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Nécromanciens
Lish McBride
La Martinière, Fiction J., traduit de l’anglais (USA), fantastique, 415 pages, septembre 2010, 13,90€

Sam n’a pas eu une vie facile. Larguant la fac de Seattle, employé en fast-food, il vivote avec ses amis équipiers Ramon, Brooke et Frank. Quand un étrange client entre dans le fast-food et apostrophe Sam comme s’il avait enfreint une loi secrète, le jeune homme ne comprend pas. Puis un homme de main le passe à tabac sur le parking, lui labourant le dos à coups de griffes (!). Et le lendemain, c’est la tête de son amie Brooke qu’on lui livre.
Sauf que la jeune fille est bien vivante ! Enfin, sa tête. Car l’homme, Douglas Montgomery, est un puissant Nécromancien, qui a reconnu Sam comme l’un des leurs. Et il compte bien tout faire pour que Sam devienne son apprenti, ou lui voler son pouvoir...
Sam et ses amis vont alors découvrir l’envers du décor de leur petit monde de Seattle, à commencer par la famille décomposée de Sam...



« Nécromanciens » est la preuve, s’il était besoin, qu’un auteur peut faire merveille dans l’imaginaire en un seul volume et moins de 500 pages.
Ici, de la mise en situation qui débouche rapidement sur les premières péripéties à la bataille finale et une fin sans promesse de tome 2 mais ouverte à notre propre imagination, tous les ingrédients sont là pour un excellent moment de lecture.

Il y a bien quelques passages obligés, comme le clash avec la mère qui a tellement protégé son fils qu’elle l’a amputé d’un passé et d’un savoir qui lui font cruellement défaut aujourd’hui , ou la séance d’apprentissage accéléré avec le maître nécromancien. Mais cela ne représente guère plus de 15 pages, en laissant 400 de haute volée.

L’humour est omniprésent, malgré des situations qui ne prêtent parfois pas à rire. J’ai repensé aux romans de Christopher Moore (« Les Dents de l’Amour » (chronique 1 et 2), « D’Amour et de Sang Frais », « Le Sot de l’Ange », « Un Sale Boulot »), où le sérieux, voire le dramatique est toujours là, mais où la personnalité marginale des protagonistes conduit à des réactions et des décisions pas forcément très logiques, rationnelles ou réfléchies.
Dans « Nécromanciens », la présence d’une tête de jeune fille dans un sac de bowling, une mamie aux allusions grivoises ou une colocation forcée soudent le groupe autant qu’elles provoquent des quiproquos. Le tout relâche un peu la tension sur une histoire assez violente.

Car malgré l’estampille jeunesse, le roman s’adresse tout de même aux plus grands, au-delà de 14 ans. La livraison de la tête coupée est un moment choc, et d’autres scènes sont de la même ampleur.

La plume est de qualité, et on ne se limite pas à une histoire fantastique avec un héros qui se découvre des pouvoirs et apprend à les maîtriser. C’est presque l’inverse d’ailleurs, et en cela c’est plus que rafraîchissant. Avec des débuts tutoyant l’horrifique, on plonge ensuite dans le passé de Sam, et de sa famille très imprégnée de magie, sans qu’il en ait su quoi que ce soit. Et c’est une famille décomposée qu’on découvre, en même temps que Sam : sa mère et sa sœur d’un côté, son père biologique qui a refait sa vie de l’autre. Et les conséquences de cette fracture vont rejaillir sur Sam, comme un poids supplémentaire, sur ses épaules à lui qui n’a jamais rien réussi de sa vie. Et sur qui tout va reposer.

Au-delà de l’action, de la magie (noire), « Nécromanciens » ne néglige pas son héros, et centre son histoire sur son passé plus que sur les évènements qui se déroulent au fil des pages. La course contre la montre que Douglas impose à Sam devient une course à la recherche de lui-même et de son passé oublié, de sa vie.

Ajoutez l’humour pour dédramatiser le réveil des morts, de la franche camaraderie et une jolie fille (deux, en comptant la tête de Brooke) franchement pas sans défenses, et La Martinière nous propose une nouvelle fois un excellent roman.

Dommage que la copie n’ait été relue que par un logiciel, car les petites coquilles qui l’émaillent sont flagrantes : Frank est écrit Franck une fois sur deux, « tache » est confondu avec « tâche » (p. 152, 175, 252, 285, 345, 356), « censé » est systématiquement écrit « sensé » (153, 169, 240, 260), Brian devient Bran... Certaines répliques ne sont pas ouvertes d’un tiret cadratin, et (plus rarement) d’autres phrases le sont sans raison. Page 32, une note de bas de page se retrouve en plein texte... Et quelques petites fautes d’accord toutes bêtes viennent gâcher la lecture.

Cependant, vu la qualité de l’histoire, je vous conseille de faire abstraction de ces petites imperfections, et de vous plonger, dès la nuit tombée, dans l’histoire de ces « Nécromanciens ».


Titre : Nécromanciens (Hold Me Closer, Necromancer, 2010 titre original et parution en langue anglaise non précisés par l’éditeur)
Auteur : Lish McBride
Traduction de l’anglais (USA) : Valérie Mouriaux
Couverture : Miz’enpages / Lou Oates / Shuttershock
Éditeur : La Martinière Jeunesse (site en Flash)
Collection : Fiction J.
Pages : 415
Format (en cm) : 14,5 x 21,5 x 3,3
Dépôt légal : septembre 2010
ISBN : 978-2732443140
Prix : 13,90 €



Nicolas Soffray
8 décembre 2011


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