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Supergod
Warren Ellis et Garrie Gastonny
Milady Graphics

L’homme a toujours cherché en Dieu le moyen de se sauver de ses malheurs. Alors pourquoi s’étonner que les Britanniques finirent par se créer le premier Dieu artificiel. En fait, ce fut grâce à une expérimentation des effets des ondes cosmiques sur trois astronautes que l’Angleterre vit revenir sur terre ce qui fut le premier nouveau Dieu, qu’il nommèrent Morrigan Lugus. Cette créature pourvue de trois têtes et communiquant par des spores se révéla peu prolixe mais ayant un effet désastreux sur les humains qui l’approchaient. Toutefois, l’apocalypse prendra ses sources comme la vie : près des eaux du Gange en Inde, avec la dernière génération de Dieu, Krishna.



Krishna avait une vision très simple de son devoir : rendre le peuple d’Inde heureux. Et pour cela, il commença par diminuer fortement la population en provoquant un massacre et en épurant les cités de ses quartiers insalubres. Mais quand le Pakistan tenta de l’anéantir avec des armes nucléaires, il les renvoya à l’expéditeur et enclencha le compte-à-rebours pour l’éradication de l’espèce humaine. Car les nations avaient, chacune dans son coin, créé leur propre Dieu. Tous imparfaits et incontrôlables. Comme Malak, l’ange d’Iran ou Maitriya en Chine qui utilisait les corps humains comme matériau. Et que dire de Jerry Craven, la grande erreur des USA qui, dans leur grande présomption, engendrèrent leur propre Némésis.

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« Supergod » clôt la trilogie des super-héros, revus et corrigés par l’excellent et toujours aussi politiquement incorrect Warren Ellis, comprenant « Black Summer » et « No Hero ». Cette fois, le scénariste de génie s’attaque à du très lourd : Dieu. Et il va tout simplement nous en inventer une demi-douzaine. Ou plus exactement, il nous démontre d’une façon imparable, et qui aurait pu lui valoir entre l’excommunication et la fatwa, que l’homme s’est inventé tellement de Dieu imaginaires qu’il finit par appliquer la seule partie de la Bible qu’il peut comprendre : la scène du veau d’or. Mais si l’Ancien Testament châtiera les hébreux en brisant les tables de la loi et les faisant errer dans le désert, la Bible d’Ellis est plutôt une adaptation de l’Apocalypse selon Saint Jean.

A travers les différents Dieux, Warren Ellis nous décrit ses contemporains avec un regard d’aigle et une analyse sans la moindre concession. Entre des Anglais cachant tout, des Américains exubérants et présomptueux, des Chinois cherchant une arme et la testant sur leurs dissidents, tout le monde va en prendre pour son grade et pas un seul pays mis en cause dans l’apocalypse ne sera vu avec bienveillance. Même l’Inde va en prendre pour sa pomme. A la rigueur, seul l’Iran sera vu avec une certaine bienveillance, même si le pays finira ravagé par son ange. Warren Ellis nous démontre encore une fois à quel point il peut être visionnaire et à quel point son analyse de l’espèce humaine et de ses perversions est des plus justes.

Les dessins sont ici confiés à Garrie Gastonny. Très classiques dans le graphisme, ils n’en demeurent pas moins extrêmement efficaces. Ses dieux sont sublimes et tous assez originaux. Et contrairement à la couverture, vous ne trouverez aucun héros en collant et cape. Chacun aura sa caractéristique propre et son design original. La lecture devient un plaisir, un peu malsain vu le contexte. Et les couleurs de Digikore Studio sont vraiment réussies, mettant parfaitement en valeurs les crayonnés et glorifiant d’autant plus ces dieux improbables.

« Supergod » clôt en beauté la trilogie des surhommes de Warren Ellis et pourtant, nous en aurions voulu tellement plus...


Supergod
- Scénario : Warren Ellis
- Dessin  : Garrie Gastonny
- Couleurs : Digikore Studio
- Couverture et têtes de chapitre : Felipe Massafera
- Traduction : Philippe Tullier
- Éditeur : Milady
- Collection : Graphics
- Dépôt légal : 20 mai 2011
- Pagination : 128 pages couleurs
- Numéro ISBN : 9782811205300
- Prix public : 14,90 €


© Edition Milady - Tous droits réservés



Frédéric Leray
2 novembre 2011




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