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Entretien Psychopathes avec Stéphane Bourgouin
Extrait de l’interview TCM réalisée pour la NUIT DES PSYCHOPATHES
24 et 31 octobre 2011

Fax spécialiste reconnu des serial killers, cinéphile averti et parrain de la Nuit des Psychopathes, Stéphane Bourgoin décrypte le profil type d’un psychopathe, son rapport aux médias et comment la fiction est souvent très proche du réel.



Qu’est-ce qu’un psychopathe ?
Un psychopathe est quelqu’un qui n’éprouve aucun sentiment pour un autre être humain. Il le considère plus comme une chose que comme une personne. 99% des serial killers sont diagnostiqués comme psychopathes et seulement 1% considérés comme psychotiques. Un psychopathe est considéré comme une personne ayant un trouble du comportement et non une maladie mentale. Contrairement à un psychotique, un psychopathe est jugé responsable de ses actes.

Les psychopathes deviennent-ils tous des criminels ?
Non. Une infime partie commet des meurtres ! Mais les psychopathes ordinaires n’en sont pas moins nocifs pour les autres : cela va du petit chef qui harcèle ses subordonnés au responsable politique qui n’est intéressé que par le pouvoir. Au quotidien, ces gens pratiquent le harcèlement moral ou sexuel et ne considèrent les autres que comme un objet de jouissance morale ou physique sans éprouver de remord. Ils deviennent criminels quand leur besoin de puissance et de domination est tel qu’ils veulent devenir l’égal de Dieu et décider de la vie et de la mort d’autrui. Ils possèdent en eux un besoin de toute puissance, et aussi une obsession du contrôle absolu des événements.

Quand ce processus s’enclenche-t-il ?
Souvent, dès l’enfance, ils développent un talent pour le mensonge et la manipulation qui leur permettra ensuite de mettre leurs victimes en confiance. Au cinéma, des personnages comme Hannibal Lecter dans « Le Silence des agneaux » ou Max Cady dans« Les Nerfs à vif » illustrent parfaitement ce génie de la manipulation. Petit à petit, leur poussée d’adrénaline devient de plus en plus forte, jusqu’à commettre l’irréparable.

(...)

En en faisant des vedettes, les médias ne nourrissent-ils pas ce besoin de puissance et de reconnaissance des serial killers ?
_Bien sûr : rien qu’en les affublant d’un surnom racoleur comme « L’Ogre de Santa Cruz » ou « Le Cannibale de Milwaukee », on en fait des personnages et donc des héros ! D’une certaine manière, on peut dire que pour vendre du papier, la presse les encourage à continuer. D’ailleurs, ils sont très nombreux à collectionner les articles de journaux qui relatent leurs méfaits. Certains ont de véritables press-books, comme des stars. D’ailleurs, ils reçoivent beaucoup de cadeaux, des lettres de femmes et même des propositions de mariage...

Dans la fiction, le rôle du méchant est de se faire détester par le spectateur. Curieusement, ce n’est pas le cas du psychopathe qui provoque une sorte de fascination, au point de s’avérer parfois plus séduisant que le héros !
Norman Bates, le tueur de « Psychose » incarné par Anthony Perkins incarne parfaitement cette séduction trouble, tout comme« Anthony Hopkins » dans « Le Silence des agneaux ». Mais ce n’est pas là une invention du cinéma : j’ai rencontré beaucoup de psychopathes charmants, souriants et qui n’avaient pas du tout la tête de l’emploi ! Mais quand on commence à parler avec eux, on réalise très vite que cette normalité apparente n’est qu’une façade, et c’est d’ailleurs ce qui leur permet de tromper facilement leurs victimes.

Souvent, les psychopathes de cinéma sont aussi très intelligents. Est-ce le cas dans la réalité ?
Des psychopathes aussi brillants et cultivés qu’Hannibal Lecter, cela n’existe pas en vrai ! J’en ai rencontré qui étaient très brillants, mais la plupart du temps, ils ont une intelligence très moyenne. En revanche, ils peuvent s’avérer très malins, notamment pour manipuler leurs victimes ou tromper la police.

Dans quel film, le thème du psychopathe a-t-il été abordé pour la première fois de manière crédible et approfondie ?
« Psychose ». Norman Bates, le personnage interprété par Anthony Perkins est d’ailleurs inspiré de Ed Gein, un type du Wisconsin qui vivait dans la ferme de ses parents décédés et avait conservé intacte la chambre de sa mère. Une mère puritaine qui l’avait élevé dans le dégoût du sexe et la vénération de la religion. Ed Gein tuait des femmes dont il découpait la peau pour s’en recouvrir et réaliser ainsi son fantasme de devenir lui-même une femme. À son procès, il n’a pas été reconnu comme psychopathe mais plutôt comme psychotique, ce qui lui a valu d’être jugé irresponsable de ses actes et interné en hôpital psychiatrique. Dans « L’Esprit de Caïn », l’assassin incarné par John Lithgow s’apparente aussi davantage à un psychotique qui souffre d’un dédoublement de la personnalité.

Dans le cycle psychopathes proposé par TCM, quels sont ceux qui vous semblent les plus proches de la réalité ?
Max Cady, incarné par Robert Mitchum dans « Les Nerfs à vifs ». Et aussi les tueurs de « De Sang froid »…

Pourtant, à priori, les personnages de « De Sang Froid », ont plutôt l’air d’être des cambrioleurs qui se retrouvent à tuer par le hasard des circonstances…
Il s’agit d’un cas particulier : deux types dont la rencontre provoque une sorte d’alchimie maléfique. Chacun de leur côté, ils n’auraient peut-être jamais tué, mais ensemble ils accomplissent un massacre. C’est un phénomène classique qui était qualifié jadis de « folie à deux ».

Et Max Cady ?
Lui, c’est l’archétype du psychopathe manipulateur, avec cette particularité que la vengeance est l’élément déclencheur de sa folie meurtrière.

Dans « Le Silence des agneaux », Hannibal Lecter est-il inspiré d’un personnage authentique ?
Oui, il est calqué sur Ed Kemper, un serial killer cannibale que je connais bien pour avoir réalisé près de cinq cent heures d’entretien avec lui ! C’est un homme qui mesure 2 m 15 et possède un QI de 160 ! Mais s’il est très intelligent, il est beaucoup moins sophistiqué intellectuellement qu’Hannibal Lecter.

Le personnage de profiler incarné par Jodie Foster est-il réaliste ?
Oui, sauf qu’au FBI, on n’aurait jamais confié à une stagiaire le soin de rencontrer un serial killer du calibre d’Hannibal Lecter ! Au début du film, la scène où l’on voit Jodie Foster courir dans la forêt a été tourné à Quantico, le quartier général de l’unité spécialisée dans les tueurs en série. Beaucoup d’intérieurs sont aussi des décors réels, et pas mal de types que l’on aperçoit sont de vrais agents du FBI, pas des figurants !

Dans « Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? » on voit que la cruauté n’est pas que l’apanage des hommes !
12 à 13 % des tueurs en série sont des femmes, mais contrairement aux hommes qui s’attaquent à des inconnues, elles persécutent plutôt des gens de leur entourage. C’est le cas de Bette Davis avec sa sœur dans « Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? » Dans ce film, on retrouve aussi la notion de frustration et de jalousie qui sont des éléments déclencheurs pour les psychopathes.

Frenzy est-il basé sur un cas authentique ?
Oui, un tueur anglais surnommé « Jack The Stripper » parce qu’il déshabillait ses victimes. Il n’a jamais été retrouvé…

Dans Blue Velvet, l’alcool et la drogue sont très présents. Est-ce le cas chez les authentiques tueurs en série ?
Cela peut les aider à commettre un meurtre et augmenter l’euphorie qu’ils ressentent en tuant, mais ce n’est jamais ce qui provoque le désir de passer à l’acte.

Le personnage déjanté incarné par Dennis Hopper dans ce même film est-il crédible ?
C’est plutôt le produit d’un fantasme morbide de David Lynch ! Ce côté « arty » n’est pas tellement en phase avec l’univers des serial killers. En revanche, certains se tournent vers la création artistique lors de leur détention, c’est notamment le cas de John Wayne Gacy*, dont les tableaux sont devenus très cotés sur le marché de l’art !

*Gacy est l’un des tueurs en série américains les plus connus de l’histoire judiciaire des Etats-Unis. Il a reçut 21 condamnations à perpétuité et 12 condamnations à mort. Condamné à la peine capitale, il fut exécuté en mai 1994 par injection létale.

Retrouvez l’intégralité de l’interview de Stéphane Bourgoin sur http://www.TCMcinema.fr


Source : communiqué de presse CClarisse



Dr. Yo
31 octobre 2011



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