Résultat de cette exploration dûment balisée : un fort volume de séquences illustratives ou narratives qui restituent les différentes lectures d’un monde révolu, mais dont les images demeurent directement parlantes. Un album où le sépia domine - à croire que c’est avec un peu de leur sang mêlé à des pigments que nos artistes modernes rivaliseraient avec les créations d’ancêtres mal définis ! - et où chacun, à sa manière, se joue des frontières entre approches graphiques.

Au gré de cette immersion dans l’antre aux splendeurs, on passe ainsi de séquences narratives sur le mode enjoué à des jeux de couleurs entre ombre et la lumière, à des parcours labyrinthiques d’allure initiatique, à des détournements d’images immémoriales, soudain truffées de mots contemporains, et à des revisitations de ces peurs et de ces croyances primales dont on aime à penser qu’elles animaient les inventeurs de l’art pariétal. Avec des effets de groupe. Avec des apnées dans la mémoire collective. Et avec, in fine, l’irruption de la photographie comme rupture radicale : celle qui distingue le plein soleil de fresques comme enfouies au tréfonds de nous-mêmes.

Laboratoire d’idées, laboratoire d’images, « Rupestres ! » a le mérite d’être un hommage aux temps mêlés, lui qui fait le pari de retourner très avant - aux sources de la figuration narrative - sans pourtant renier le présent : de jeter un pont entre des âges antagonistes, avec pour trait commun, envers et contre tout, le sens d’un mystère et d’un émerveillement inhérents à notre être.

Rupestres !
 Scénario et dessins : Collectif sous la direction de David Prudhomme, avec Etienne Davodeau, Emmanuel Guibert, Marc-Antoine Mathieu, Pascal Rabaté et Troubs
 Editeur : Futuropolis
 Parution : 7 avril 2011
 Pagination : 200 pages couleurs
 Format : 19,5 x 26,5 cm
 Numéro ISBN : 978-2-7548-0432-5
 Prix public : 25 €

Illustrations © Les auteurs et Futuropolis (2011)