Maria, expulsée du prestigieux lycée catholique de Sainte-Catholia à cause - selon ses propres dires - de violences sur un professeur, se retrouve donc transférée dans un autre lycée. Seulement, dès son arrivée en classe, elle se met rapidement ses nouveaux camarades à dos à cause de son franc-parler et de sa capacité à toujours toucher là où ça fait mal.
Ainsi, son premier jour commence mal. Ses propos étant considérés comme blessants, Maria se retrouve la tête de turc d’un groupe de filles de sa classe, alors qu’elle ne fait que dire à voix haute la plus simple vérité.
Tout le monde semble déjà la détester... Tout le monde ou presque !
Dans sa nouvelle classe, Yûsuke Kanda, jeune homme charmant et toujours de bonne humeur, va tenter de prendre la défense de Maria, et de lui expliquer comment se comporter avec ses camarades pour pouvoir s’intégrer.
Ainsi Maria fait l’apprentissage de la « transformation de charme » : l’art de dire les choses avec la forme ! Mais quand la demoiselle applique la stratégie censée l’aider à s’intégrer, elle ne fait qu’empirer les choses, en paraissant encore plus hautaine et désagréable... Il n’est pas si simple d’être charmante !
Heureusement, Yûsuke, puis son ami de longue date Shin Meguro, vont se ranger du côté de Maria et vont évidemment tomber sous le charme si particulier de la demoiselle à la langue acérée...
Quand on lit le synopsis de ce premier volume d’« Akuma to Love Song », on est en droit de se dire « encore un énième shojo avec un triangle amoureux ». Effectivement, de ce côté, rien d’original, notre héroïne va rapidement - et malgré elle - faire chavirer le cœur de deux amis...
Mais heureusement, le manga ne s’arrête pas là, son personnage principal, Maria Kawai, parvient à elle seule à retenir l’attention du lecteur sur ce premier volume.
En effet, on est loin du stéréotype des héroïnes de shojo : bien que Maria soit belle au point que ça en devienne criminel, son caractère n’a rien de facile et la manière dont son trait particulier - cette sorte de sixième sens qui lui permet de deviner les véritables intentions des autres - n’est pas tourné à la manipulation, mais joue plutôt contre elle.
C’est à cause de la froideur apparente avec laquelle elle énonce les vérités les plus blessantes qu’elle se met les autres à dos : ils ne peuvent plus cacher leur laideur intérieure. Et comme il est beaucoup plus facile de tuer le messager que de devoir entamer un véritable travail sur soi, Maria se retrouve détestée pour son rôle de « miroir de l’âme ».
Maria est un personnage complexe et torturé malgré son apparent stoïcisme. Elle est solitaire depuis qu’elle a été trahie par la seule « amie » qu’elle ait eue, mais conserve malgré tout une impressionnante force de caractère. Elle est loyale et sait rester fidèle à ses convictions, peu importe où cela la mène, elle est ce qu’elle est et ne paraît pas autre chose.
Contrairement à ce que l’on pourrait supposer d’une jeune fille au physique plus qu’avenant, elle a donc toutes les difficultés du monde à s’intégrer, malgré une véritable volonté de faire partie d’un groupe...
On peut également avoir un aperçu de l’ijime que subit Maria sans sourciller, même si dans ce style, on est très loin de battre la série « Life ».
Côté dessin, les personnages principaux sont expressifs et le visage de Maria est particulièrement soigné. On regretta par contre que ce soit au détriment des personnages secondaires qui sont par moment un peu bâclés en comparaison, que ce soit côté dessin ou même personnalité (les méchantes sont des vilaines-méchantes, point-barre). Les fonds sont la plupart du temps soit vides, soit vraiment simples : les pages se concentrent plutôt sur les personnages et leurs expressions.
Le récit est, quant à lui, dynamique, que ce soit par les dialogues ou la narration, et le côté dramatique des brimades de Maria est vite relevé par de nombreuses touches d’humour placées avec maîtrise par Miyoshi Tomori : les petites têtes « kawaï » de Yûsuke ou le comique de situation, comme l’amour que porte Maria à sa paire de chaussures pseudo-gothiques, qu’elle a même baptisée « Augustine »...
On sent qu’au fur et à mesure, Maria va être appréciée par les autres à sa juste valeur : par exemple, Tomoyo Kôsaka, une camarade de classe qui a participé à l’ijime de Maria et qui, en quelque sorte, est la totale opposée de l’héroïne par sa manière de paraître tout ce qu’elle ne pense pas / n’est pas. Dès ce premier volume, on va pouvoir la voir évoluer au contact de Maria.
Reste à voir par la suite comment évoluera la situation et le personnage et, si on va se retrouver avec toute la classe du côté de Maria, un peu à la « GTO ».
Au niveau de l’édition, on reste dans ce que fait habituellement Kana, une publication classique mais impeccable.
Ce premier volume d’« Akuma to Love Song » plante le décor : un triangle amoureux, dont l’apparition est quasi-infaillible dans les shojos, mais avec un personnage principal au caractère totalement décalé, à la limite du handicap social. L’humour est au rendez-vous, au même titre que les moments plus sombres, et la partie romance commence à pointer le bout de son nez.
Un nouveau titre donc, certes pas indispensable, mais qui ose l’originalité d’une héroïne atypique, avec tous les ingrédients habituellement efficaces du genre !
Akuma to Love Song (T1)
Scénario & Dessin : Miyoshi Tomori
Traducteur : Pascale Simon
Éditeur français : Kana
Format : 115 x 175 mm, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 192 pages
Date de parution : 9 septembre 2011
Numéro ISBN : 9782505012238
Prix : 6,75 €
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