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YFL-500
Robert Charles Wilson
Gallimard, Folio 2€, nouvelles, traduites de l’anglais (Canada), SF, 98 pages, août 2011, 2€

Robert Charles Wilson, écrivain d’origine américaine naturalisé canadien en 2007, est unanimement considéré comme une des très grandes figures de la SF contemporaine (Prix Hugo, Prix Memorial Philip K. Dick, Prix Aurora, Prix John Wood Campbell Memorial, Prix Theodore Sturgeon).

Ce volume Folio 2€ se propose de faire découvrir deux très belles nouvelles (« YFL-500 » et « Le Mariage de la Dryade ») à un public qui n’aurait pas obligatoirement eu la chance (ou le courage) d’aller à leur rencontre dans des collections dédiées au genre SF.

Une belle opportunité et un excellent choix éditorial.



Les deux nouvelles présentées dans ce recueil sont toutes deux issues du volume omnibus de la collection Lunes d’Encre des éditions Denoël intitulé « Mysterium » (critique complète de Hervé Thiellement).
Elles accompagnent la réédition conjointe et simultanée du roman « Mysterium » dans la collection Folio SF préalablement publié chez J’ai Lu en poche puis repris par Lunes d’Encre.

Pour les lecteurs de SF, connaisseurs et passionnés par l’œuvre de Robert Charles Wilson, ce Folio 2€ n’a donc aucun intérêt, si ce n’est celui que pourrait y trouver un collectionneur forcément compulsif.
Par contre, il y a fort à parier que le plaisir sera au rendez-vous pour un lectorat plus large, qui n’aurait pas eu la chance de croiser les mots de cet écrivain auparavant.

Dans la première nouvelle, « YFL-500 », nous assistons à la quête désespérée de l’artiste Gordo Fisk, un jeune homme dont les nuits de sommeil sont absentes de tout rêve et qui va chercher à vaincre cette malédiction par procuration. Mais Gordo Fisk est un coquin sentimental qui vole les rêves d’une autre... dont il finit par tomber amoureux. Tel sera pris celui qui croyait prendre !
Un très beau texte, sensible et émouvant, qui ne masque rien des bons et mauvais côtés des principaux personnages (l’artiste, son médecin et une belle rêveuse).
Il y a un je ne sais quoi dans ce récit qui m’a rappelé le meilleur des nouvelles du « Vermilion Sands » de Ballard comme « Les Sculpteurs de nuage de corail D »ou « Le Sourire de Vénus ». Des ambiances parfois éthérées, des plages baignées de soleil, surveillées d’un œil nonchalant par des drones volants, une société de consommation où l’assistanat est assumé et accepté, mais où l’âme humaine souffre quand même, malgré un confort matériel permanent, etc.
Un élégant et savant mélange d’imaginaire et de réel, de poésie et de sentiments très terre-à-terre, une fin coup de poing annoncée par une entrée en matière limpide (dès le premier paragraphe : « ce qui aurait peut-être dû lui mettre la puce à l’oreille, mais il n’en fut rien »).
Bref, à titre personnel, une réussite.
On peut néanmoins ne pas adhérer et croire aux liens établis entre les créations « transreprésentationnalistes » (un concept qui reste très abstrait) et les données que l’artiste récupère par ailleurs dans les rêves d’autrui.

« Le mariage de la dryade » est un texte tout aussi émouvant, mais encore plus étrange car situé sur une autre planète où tout contact direct avec la faune et la flore locale est interdit aux humains -mais ceux-ci ont quand même réussi à s’y adapter.
Difficilement résumable, il semble mettre au premier plan les questions de l’inné et de l’acquis, une interrogation sur la permanence de la mémoire, tout en y intégrant une dimension quasi métaphysique liée à la « Biosphère » (avec un B majuscule) extraterrestre.
Il y est aussi question d’une intéressante thèse sur l’apparition de la vie dans l’univers et son expansion.
« Le mariage de la dryade » est un récit ambitieux à rattacher directement à l’univers du roman « BIOS », disposant des séquences d’apparences fantastiques qui seront expliquées le plus logiquement du monde ensuite.
Un petit bijou qui laisse peu d’espoir quant aux possibilités de communication entre les humains et des entités étrangères, mais touche le lecteur par la douce amertume qu’il laisse.

Ce volume Folio 2€ est donc une excellente initiative qui encouragera sans nul doute de nombreux lecteurs à découvrir les romans de Robert Charles Wilson.
Cependant, il vaudra peut-être mieux débuter par « Mysterium » (justement), « Darwinia », « Blind Lake » ou « À travers temps » car se frotter d’emblée à la trilogie « Spin-Axis-Vortex » (dernier volume à paraître chez Lunes d’Encre en 2012) risque bien de désarçonner les plus téméraires.

Robert Charles Wilson est un auteur de grand talent, important, mais exigeant. Les deux nouvelles de ce « YFL-500 » le prouvent sans coup férir tout en laissant la possibilité aux lecteurs de passage de reprendre leur respiration.
Exercice moins évident, reconnaissons-le, dans certains de ses romans à la densité impressionnante.


Titre : YFL-500 (nouvelles, 2007 & 2000)
Auteur : Robert Charles Wilson
Nouvelles : YFL-500 & Le mariage de la dryade.
Première édition (France) : in « Mysterium », Lunes d’Encre (Denoël)
Couverture (photo) : Chad Baker/Getty Images
Traductions de l’anglais (Canada) : Gilles Goullet
Éditeur : Gallimard
Collection : Folio 2€
Numéro : 5299
Site Internet : fiche recueil (site éditeur)
Pages : 98
Format (en cm) : 10,8 x 17,8 x 0,8 (poche)
Dépôt légal : août 2011
Parution : 1er septembre 2011
Code Sodis : A44403
ISBN : 978-2-07-044403-8
Prix : 2 €



À lire sur la Yozone
- Une interview exclusive de Robert Charles Wilson (2007)
- Les Chronolithes
- Ange Mémoire
- Robert Charles Wilson (présentation et vidéo)


Stéphane Pons
25 septembre 2011


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La version Mysterium de Denoël, Lunes d’Encre, 736 pages, avril 2008, 29€



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