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Petit poucet (Le)
Film français de Olivier Dahan (2001)
17 octobre 2001


Genre  : conte de fées
Durée  : 1h30

Avec Nils Hugon (Poucet), Raphaël Fuchs-Willig (Pierrot), William Touil (Martin), Pierre-Augustin Crenn (Jacques), Théodul Carre-Cassagne (Joseph), Hanna Berthaut (Rose, la fille de l’ogre), Romane Bohringer (La mère de Poucet), Pierre Berriau (Le père de Poucet), Dominique Hulin (L’ogre), Élodie Bouchez (La femme de l’ogre), Samy Naceri (Le soldat à la jambe de fer), Catherine Deneuve (La reine), Saïd Taghmaoui (Le chef de troupe), Michel Duchaussoy (le Narrateur)

Est-il vraiment nécessaire de rappeler la célèbre histoire ? Le jeune Poucet a quatre frères (bon, dans le conte, ils sont sept, pas cinq), ses parents sont laboureurs. Tous doivent lutter âprement contre la pauvreté et la famine, d’autant qu’une guerre menace. Suite à l’attaque de pillards qui emportent toute la nourriture, le père décide de perdre ses enfants dans la forêt pour ne pas les voir mourir de faim (le résultat sera le même : ils mourront. Mais au moins les loups auront eu quelque chose à bouffer...).
Mais Poucet, qui a eu vent de la chose comme dit Gotlieb, prend soin de semer des petits cailloux sur le chemin, ce qui permet, la nuit venue, de retrouver la maisonnée.
Comme la famine ne tarde pas à revenir, rebellote, les parents perdent à nouveau les enfants dans la forêt. Et comme, cette fois, Poucet a semé des morceaux de pain plutôt que des cailloux, morceaux de pain qui ne tardent pas à être boulottés par les animaux de la forêt, les voilà bel et bien perdus. Tous les cinq échappent à une meute de loups pour trouver refuge dans la demeure d’un ogre, de sa femme et de ses cinq filles. Grâce à un subterfuge, l’ogre tue quatre de ses filles, et les cinq garçons s’enfuient avec la cinquième fille, qui n’a pas envie de devenir une ogresse.
L’ogre poursuit tout le monde grâce à ses bottes de sept lieues, mais comme Poucet a oublié d’être idiot, il parvient à les lui piquer, accomplit pour la Reine une mission qui sauve le pays, et par la même occasion sauve définitivement sa famille de la pauvreté (ce qui est totalement immoral ; la véritable morale aurait été de profiter du pouvoir magique des bottes de sept lieues pour déclencher une révolution et couper la tête de ces aristos égoïstes. Mais ceci est une autre histoire).

Le conte de Perrault avait déjà connu plusieurs adaptations : muettes et en noir et blanc, en 1912 et 1920, sous la houlette respective de Guy Feuillade et de Robert Boudrioz, puis en 1972 (Michel Boisrond). Cette fois, c’est encore un français qui s’y colle : Olivier Dahan (Les fantômes du samedi soir, 1997 ; Déjà mort, 1998).
Commençons par les éloges : ce film est d’une beauté à couper le souffle !
Les décors, superbes, sont peints. Ça se voit, mais ce n’est pas grave : au contraire, l’impression artificielle que cela engendre contribue à donner une ambiance fantastique, féerique, qui sied à l’histoire. Des filtres renforcent cette impression, baignant le tout dans des teintes sombres, irréelles, qui ne sont pas sans évoquer les films de Caro et Jeunet. On pourrait trouver de pires références !
Fin des compliments.
Passées les dix premières minutes de découverte, d’étonnement, au cours desquelles le film prend agréablement le chemin d’un conte de fées très sombre, on se rend compte que les acteurs sont mauvais. Le père sort des tirades théâtrales qui ne conviennent absolument pas à son personnage de fruste laboureur. Le chef des pillards semble tout droit sorti du premier Highlander, voire d’un Mad Max. Romane Bohringer, en mère de Poucet, s’en sort bien, ainsi que les gamins. Mais on peut difficilement en dire autant de la femme de l’ogre, artificielle, qui récite au lieu de jouer. L’ogre est moyen, ce qui n’est finalement pas si mal.
Il faut dire que ces pauvres acteurs ne sont pas aidés par les dialogues.
« Pourquoi les pillards sont-ils venus ? Pourquoi ? Pourquoi ? », demande le père. « Parce que. Parce que. », répond Poucet. Mordiou, ça c’est du dialogue ! Les soldats et les pillards sortent quelques saillies d’humour pas drôle, qui de plus détruisent l’ambiance sombre et féerique.
La mise en scène s’avère assez balourde. Les effets sonores sont exagérés (portes qui grincent, bruits inquiétants dans la forêt), à la limite de la caricature, et la musique trop omniprésente. Quelques scènes sont ridicules : deux courses poursuites filmées au ralenti, sans oublier le baiser de la fille de l’ogre, filmé également au ralenti : on frôle le maniérisme de Vidocq (sans, fort heureusement, aller aussi loin). Les personnages se sentent obligés d’expliquer l’évidence : même si on n’a jamais eu connaissance du conte, on voit bien les animaux manger le pain, pourquoi enfoncer le clou ? Peut-être pour le jeune public, mais ce sombre Petit Poucet s’adresse-t-il vraiment aux enfants ? Peut-être est-ce le défaut majeur de ce film, qui oscille trop souvent du conte noir à la gentille histoire.
Quelques illogismes ponctuent l’histoire. La deuxième fois, Poucet est courant du projet de ses parents ; pourquoi n’est-il pas allé ramasser des cailloux ? (dans le conte, c’est logique : il est pris de court). Les enfants, qui ne manquent pas de trébucher sur la première racine venue, parviennent à semer des loups qui courent bien plus vite qu’eux (c’est le contre-pied de la « loi » nanaresque qui veut que les victimes se fassent rattraper par le monstre qui avance moins rapidement). Et à la fin, Poucet apporte à la Reine une missive qui met fin à la guerre sans qu’on sache jamais comment ni pourquoi. La fin, en passant, est un happy-end qui atteint des sommets de ridicule (tout le monde est heureux, les paysans applaudissent...).

Ridicule, tel semble être le meilleur qualificatif pour ce sombre navet, qui avait pourtant d’indéniables atouts visuels pour réussir.

FICHE TECHNIQUE

Réalisation : Olivier Dahan
Scénario : Olivier Dahan, Agnès Fustier-Dahan d’après le conte de Charles Perrault
Producteur
 : Éric Névé
Producteur associé :J ean-Pierre Dionnet
Musique originale : Jô Hisaishi
Image : Alex Lamarque
Montage : Juliette Welfling
Création des décors : Michel Barthélémy
Création des costumes
 : Gigi Lepage

Production : Bac Films, Centre National de la Cinématographie (CNC), Des Films, France 3 Cinéma, La Chauve Souris, Le Studio Canal+, Studio Canal
Distribution :Bac Films

INTERNET

http://www.petitpoucet.net/


17 octobre 2001



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