Il y a deux ans, Masato a renversé un jeune homme dans un carrefour très dangereux. Ce dernier mourra sur le coup et Misato sera condamné à une peine de prison. Le pauvre bougre n’a jamais vraiment eu de chance dans la vie, pas très intelligent, avec un physique d’armoire à glace, il aurait aimé mourrir en prison, mais le destin en a voulu autrement. Et si une personne souhaitait qu’il sorte vivant de son incarcération, c’est bien Yuki, la fiancée de la victime dont la vie fut brisée par cet accident et qui ne pense plus qu’à une seule chose : se venger. Elle veut faire de la vie de Masato le même enfer que celui qu’elle a subi, rejetée par ceux qui devaient devenir ses beaux-parents, seule sans personne. Mais comment gâcher la vie d’un homme qui n’a plus que 24 heure à vivre et qui va devenir un héros pour la nation ?
Après près d’un an, Motoro Mase revient avec un nouveau tome de sa série « Ikigami ». Comme à son habitude, nous aurons deux histoires de victimes du préavis de mort et en intermède, l’évolution de son véritable héros, Fujimoto.
Côté histoire, il va s’attaquer à deux formes de laideur. Celle intérieure, la laideur que provoque une haine irraisonnée comme celle de la jeune Yuki, ne pensant qu’à vouloir venger son fiancé du chauffard qui l’a renversé. Mais le mangaka va inverser les rôles, faisant détester par son lecteur cette jeune femme qui n’a jamais cherché à comprendre réellement ce qui était arrivé, et nous faire aimer ce pauvre bougre qui va payer toute sa courte vie un accident qui aurait pu arriver à n’importe qui. Discours difficile à faire entendre, celui où ceux que l’on considère classiquement comme des victimes sont ici montrés du doigt pour leur étroitesse d’esprit et leur incapacité à analyser convenablement une situation.
La seconde laideur est celle du physique avec Degu, dont le surnom de Dégueu va de paire avec sa laideur naturelle. Motoro Mase va faire une critique très acide de la recherche impérative de la beauté extérieure, seule sensée être capable de permettre un progrès social. Une autre vision étriquée qu’il va aussi décliner à travers cette jeune femme devenue anorexique pour ne plus devenir grosse et qui refuse de voir sa véritable beauté. Monde superficiel, « material girl and boy » dont la punition sera le préavis de mort.
Mais revenons pour finir sur Fujimoto. Le jeune homme est devenu la proie d’une inquisition moderne, incarnée par l’inspecteur Kaga, véritable grande inquisitrice qui est prête à détruire n’importe quelle existence pour faire respecter la loi. Elle incarne les pires monstres que tout état totalitaire peut engendrer. Utilisant son pouvoir pour écraser ceux qu’elle considère indignes. Que ce soit une femme n’est pas non plus un hasard, comme ce ne l’était pas quand il fallait représenter le désir de changement et le symbole de la résistance. Deux faces de la gente féminine, qui devraient faire méditer certaines.
La force d’« Ikigami, Préavis de mort » est sa capacité à renouveler les histoires des condamnés à mort sans les rendre répétitives, tout en maintenant un intérêt à suivre le fil rouge que représente Fujimoto.
Ikigami, Préavis de mort (T8)
Auteur : Motoro Mase
Traducteur : Josselin Moneyron
Éditeur français : Kaze Manga
Collection : Seinen
Format : 127 x 182, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 224 pages
Date de parution : 24 mars 2011
Numéro ISBN : 978-2-82030-061-4
Prix : 7,95€
A lire sur la Yozone :
Ikigami, Préavis de mort (T1)
Ikigami, Préavis de mort (T2)
Ikigami, Préavis de mort (T3 et 4)
Ikigami, Préavis de mort (T5)
Ikigami, Préavis de mort (T6)
Ikigami, Préavis de mort (T7)
IKIGAMI © 2005 by Motorô MASE / SHOGAKUKAN Inc.
© Edition Kaze Manga- Tous droits réservés