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Litchi Hikari Club
Usamaru Furuya
Imho

Mais qu’est donc que le Hikari Club ? Ceux qui ont tenté de le découvrir, ou qui ont eu le malheur de tomber sur une réunion de ses membres, ne sont plus de ce monde pour en témoigner. Car seuls les élus de Zéra ont le droit de sièger dans cette usine désinfectée et participer à la réalisation de la grande oeuvre. Zéra, celui dont la parole est sacrée, qui est vénéré par ses disciples, huit jeunes garçons, à la limite de l’age adulte mais qui refusent cette horrible transformation. Et le jour de leur gloire est arrivé, leur grande oeuvre va recevoir la vie. Oui, que ce gigantesque robot les guide vers la lumière, gloire à Litchi !



Tamiya en est convaincu, Zéra, celui qui se surnomme l’empereur des ruines, a perdu la raison et malheureusement, les autres entrent dans son jeu pervers, sciemment ou contraints et forcés. Et dire qu’à l’origine de l’Hikari Club, il avait trois amis : Daf, Kaneda et lui, Tamiya. Seulement, l’arrivée de Tsunekawa a bouleversé leurs plans et un simple jeu est devenu une véritable quête de la perfection. Pour l’atteindre, Litchi, ce robot convaincu d’être un être humain, doit leur ramener une belle fille. Mais la machine va aller au-delà de leurs espérances. Toutefois, du jour de son arrivée parmi eux, tous leurs rêves vont s’écrouler, Zéra devenant totalement parano. Les morts vont se multitplier au sein de l’Hikari Club. Pourtant, une histoire d’amour contre-nature va aussi voir le jour.

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Il est rare d’avoir entre les mains des mangas incroyables par leur force, leur côté politiquement très incorrect, voire même vraiment malsain. « Litchi Hikari Club » possède toutes ses qualités, car s’en sont réellement. On peut dire que Usamaru Furuya a un sacré bagage. Etudiant aux Beaux Arts, il va s’intéresser à la peinture à l’huile et au théatre engagé. C’est en 1994 qu’il se lance dans le manga avec « Palepoll », une série de saynètes. Mais nous avions pu savourer le talent de ce mangaka à travers sa terrible série « Tokyo Magnitude 8 ».

Si le thème du pire tremblement de terre ravageant Tokyo était un sujet des plus sérieux et traité comme tel, « Litchi Hikari Club » peut être lu au premier comme au deuxième degré. On peut y voir la déchéance de ces jeunes garçons comme la critique extrêmement corrosive de tous les extrémismes et des dérives sectaires. Que les neuf jeunes commencent ce tome en parlant allemand, avec cette tenue d’écolier rappelant celle de militaires, on n’est pas loin du groupuscule nazi. Mais par la suite, le mangaka nous montre Zéra plus sous la forme d’un gourou, menant sa secte à l’auto-destruction.

En voulant se la jouer philosophie de seconde zone, on peut aussi dire que le mépris que ces jeunes montrent envers les adultes est aussi une métaphore de ce passage difficile de l’adolescence à l’age adulte. En fait, ils souhaitent tous rester libres de faire ce qu’ils veulent sans les carcans imposés par le monde des adultes. Le besoin d’avoir comme icone une jeune fille est aussi la découverte de la sexualité... Mais pas seulement hétéro mais aussi homosexuelle. Jaibo, avec son air androgyne, a bien compris la puissance du sexe dans une relation et il va utiliser cette arme sur Zéra.

En parlant de sexualité, un mot sur cette histoire d’amour totalement contre-nature entre la jeune Kanon et le robot Litchi. Le mangaka nous crée des Roméo et Juliette quasi post-apocalyptiques, même si le monde extérieur à l’usine n’a pas du tout changé. On peut même s’étonner que la police ne s’intéresse pas aux disparitions provoquées par le club.

L’arrivée de Kanon va définitement tourner le récit vers le grand guignol et Usamaru Furuya ne va pas se géner pour faire s’étaler au grand jour tripes et boyaux. Car attention, le dessin du mangaka est très réaliste et les scènes de tuerie d’une rare violence, augmentée par la force herculéenne de Litchi. La parano de Zéra va le pousser à éliminer tous ceux qui le gènent en commencant par ses proches, ses fidèles.

Difficile de faire le tour de tout ce que contient ce manga hallucinant, passionnant qui se dévore d’une traite. Entre grosse caricature grotesque des jeunes japonais attirés par des idées extrêmes et critique violente et sans fioriture de cette même jeunesse décadente dans tous les sens du terme, que ce soit à travers le personnage de Kanon ou celui de Zera, « Litchi Hikari Club » est une perle, un petit bijou que seul le talent d’Usamaru Furuya pouvait créer.


Litchi Hikari Club
- Auteur : Usamaru Furuya
- Traducteur  : Naomiki Sato et Marie-Saskia Raynal
- Éditeur français : Imho
- Format : 147 x 210, noir et blanc - sens de lecture original
- Pagination  : 320 pages
- Date de parution : 1er juin 2011
- Numéro IBSN : 2-915517-62-0
- Prix : 18€


© Edition Imho - Tous droits réservés



Frédéric Leray
8 juin 2011




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