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Rencontre avec Claudia Christian
La convention française des séries SF et Fantastiques
15 mai 2005


Actrice, auteur, chanteuse et, depuis peu, réalisatrice, Claudia Christian s’est tout d’abord fait remarquer dans « The Hidden » (1987) une série-B de science-fiction signée Jack Sholder (probablement son meilleur film) dans laquelle son personnage, Brenda Lee Van Buren, se retrouvait sous l’emprise d’une entité extraterrestre traquée par Kyle McLachlan (déjà agent du FBI). Un début prometteur qui permettra à la belle de décrocher le rôle de Susan Ivanova dans la série de Joseph Michael Straczynski : « Babylon 5 ».

A quel âge avez-vous envisagé de devenir actrice ?

A cinq ans, je jouais dans ma première pièce et à 18 je dégottais mon premier rôle dans une série télé. Vous savez, j’ai été élevée avec 3 grands frères et, dès mes 5 ans, j’avais compris que pour attirer l’attention, il fallait que je monte sur scène.

Selon vous quelle est la différence entre une expérience théâtrale et la télévision ?

Au théâtre, c’est 8 fois par semaine la même pièce. Et il faut trouver chaque fois quelque chose pour avoir le sentiment de se renouveler. Sur un tournage télévision ou cinéma, chaque jour est différent : c’est une autre scène, d’autres acteurs. Bref, c’est du nouveau tous les jours. Le théâtre, c’est 300 représentations et après 150 fois, tu as fait le tour du problème. J’ai longtemps fait du théâtre mais j’en ai eu assez. Aujourd’hui, même si j’adore le théâtre, je ne veux plus m’engager pour plus de 8 à 12 semaines. Après j’ai l’impression que c’est du réchauffé.

Quel genre de pièce préférez-vous ?

La dernière que j’ai jouée est une pièce de Michael Willer, à Londres. J’y jouais deux rôles avec 80 pages de dialogues à connaître. C’est un défi très stimulant mais je ne recommencerai pas. Pleurer sur commande 6 à 8 fois par semaine !
J’aime aussi les comédies musicales mais je n’ai pas la voix qui convient, le ton « Broadway ». Mais j’aurai beaucoup aimé pouvoir me produire dans ce genre de spectacle. Enfant, à New York, j’écoutai souvent ces chanteuses capables de couper le souffle à tout un parterre de spectateurs, si proches par l’émotion que portait la voix. C’est merveilleux de parvenir à faire pleurer quelqu’un qui vous écoute.

Bon mais vous êtes une chanteuse, un auteur de paroles de chansons. Quel genre de musique aimez-vous ? Tous les genres ou plus blues, rock..

J’aime la musique en général... J’aime la musique électronique, la musique d’ambiance. J’aime les standards. J’aime le rock des années 70, Aerosmith, Led Zeppelin..Sur mon Ipod, on trouve pêle-mêle Neil Diamond, Jethro Tull, Led Zeppelin, beaucoup de classique, de blues, du jazz, Chet Baker, Dana Washington..

Miles Davis ?

Oui et June Christie. La connaissez-vous ?

Oui

Et Chris Corner ?

Non.

C’est aussi une voix exceptionnelle.

C’est une voix représentative des 50-60.

C’est une période que j’aime. J’adore Dana Washington. Tout comme j’admire Billie Holliday, elle a une voix comment dire...

En France, on dit qu’elle a une voix qui vient du coeur... Plus d’émotion que de technique.

C’est aussi ce qui est intéressant si vous écoutez Rickie Lee Jones, qui a eu aussi quelques déboires avec l’héroïne. Elle a le même timbre de voix. C’est très intéressant.... cela vient du plus profond, de la douleur, de l’addiction à la drogue. Si on compare, c’est « défoncé ». Ce que l’on entend, c’est l’expression de la souffrance.

Au début, c’est la même chose pour beaucoup de chanteurs de funk qui disent que l’inspiration leur est venue de l’héroïne.

Je ne veux en aucune manière pousser qui que ce soit à devenir dépendant à la drogue ou à l’alcool, mais certains des plus grands artistes sont devenus ce qu’ils sont en passant par la douleur et l’addiction. On ne peut pas nier cela. Les gens sont souvent timides mais après un petit verre, ils sont détendus et accrocheurs. Et quand ils sont lucides, ils se trouvent ennuyeux. Je sais ce quoi je parle, parfois c’est « too much ». Parfois on pense trop. C’est la condition humaine.....et on finit le nez dans la cocaïne..

Vous êtes aussi passée derrière la caméra. Pouvez-vous nous parler de cette expérience ?

C’était génial. J’adore travailler avec les acteurs et c’est ce que j’ai préféré dans la réalisation. La responsabilité est énorme mais ce petit quelque chose que l’on apporte dans le tournage.. Arriver la première et quitter le plateau en dernier...avec tout ce que cela sous-entend comme travail. Et je n’avais suivi aucune préparation pour devenir réalisateur. Ce n’était même pas prévu. Je jouais dans l’épisode et puis à 4h, on m’a dit : « Non, tu vas réaliser l’épisode ».. C’était une expérience géniale. C’était aussi une question de confiance, je le sentais comme ça. J’ai fini tous les jours assez tôt, les acteurs m’ont appréciée, comme l’équipe technique et à la fin de la journée, je me disais « Waow, je l’ai fait ! ». Je ne peux pas dire comment, mais je l’ai fait !
Je ne sais pas comment Mel Gibson et les autres font pour être à la fois acteur et réalisateur. Parce que je crois que ma façon de jouer a été perturbée par mon rôle de metteur en scène. J’étais toute à mes prises de vue, à ma mise en scène, à l’équipe et je ne me suis pas souciée de mon rôle d’actrice.

Comment êtes-vous arrivée dans des séries de SF ? Une volonté ou un hasard ?

Enfin, je ne suis pas vraiment axée sur la SF. Dans ma filmographie, je n’ai eu vraiment que trois rôles dans des production de SF : « Babylon 5 », « The Hidden » et un épisode dans une autre série. Il y a eu aussi « Highlander », mais ce n’est pas de la SF. Pour « Babylon 5 », j’étais très jeune et je ne savais pas que cela allait durer 5 ans. Mais j’ai immédiatement accroché à mon rôle.

Oui le rôle était intéressant et Susan Ivanovna n’était pas stéréotypée...

Oui .. elle n’était pas spécialement jolie...

Mmmmm.... (contestation non feinte de cette affirmation sans fondement)

Non je sais ce que je dis. Ce n’était pas un canon, c’est plutôt une femme moderne qui travaille, forte, solide et peu émotive. Elle ne sait pas comment aimer, c’est un personnage sombre, complexe, « russe ». C’est cela qui m’a plu, ce côté masculin du personnage.

Peut-être plus complexe vu des Etats-Unis que vu d’Europe...

Je suis d’accord. Chez vous aussi, Charlotte Rampling, Geneviève Bujold, Catherine Deneuve jouent des personnages incroyables. Les Français n’ont pas peur d’écrire des rôles durs, sombres et complexes pour des femmes. C’est pour cela que j’ai déménagé en Europe (rires). J’ai essayé d’être Américaine, mais ce n’est pas pour moi. Mes parents sont Européens. Je ne suis pas blonde, j’aime lire, j’aime l’histoire, j’aime jouer avec des épées, je collectionne les antiquités. Je ne suis pas faite pour les valeurs américaines. Ils (les Américains) n’ont rien à faire de ce qui est intéressant.

C’est comme pour Billie Hollyday. Une star en France et un succès d’estime aux E-U...

Oui dans les premiers temps, après..

.... ou les jazzmen comme Chet Baker. Ils sont venus à Paris. Ou Miles Davies...

Oui, mais ici on apprécie les beaux-arts. Les gens acceptent ce qui sort de la norme. Si on fait un solo de saxo de 12 minutes, ici, on applaudit. Génial ! Aux Etats-Unis, on demande de le limiter à 3 minutes.

Quand on parle avec des comédiens américains de télévision ou de cinéma, il semble que depuis 2 ou 3 ans, la pression de l’argent dans le cinéma américain augmente très fort. Est-ce aussi votre sentiment ?

Quand j’ai commencé en 1983 dans les séries et au cinéma, on n’avait pas l’impression que l’argent gagné sur le premier week-end d’exploitation avait un sens. L’important était qu’ils soient artistiquement réussis. Mais aujourd’hui, si le film ne fait pas ses preuves dans les premières 24 heures, il est simplement supprimé des programmes. Et cela me tue, pour les scénaristes, les réalisateurs, les producteurs, cela bouffe deux ans de ta vie, au minimum. Parfois c’est 8 ans qui y sont consacrés. Quelque part sacrifier 8 ans de sa vie à faire consciencieusement quelque chose. Et quand enfin c’est fait, la post-production prend jusqu’à 3 ans, -ou 6 ou 8 ou mois, cela n’a pas d’importance- c’est une part énorme de ta vie. Alors si tout est joué en 2 jours...Le système est mauvais.
A la télévision, c’est un peu la même chose. On nous abreuve de télé réalité. Personne n’a confiance en l’avenir, en ses choix, et les choix sont faits par des gens qui ne savent pas ce que veut le téléspectateur....
C’est comme ce que j’ai vu hier à la télé anglaise, un reportage sur « Star Wars » et son influence sur l’industrie du cinéma hollywoodien qui fait toujours plus grand... Toujours plus de dollars.. Et c’est terrible pour les petits films. Mais cela draîne du public.
Mon père va 4 fois par semaine au cinéma, il adore le cinéma et il paie pour voir..

En France, on a toujours un cinéma et des maisons de production indépendantes. Même dans les villes de province, on peut voir des films à plus petits budgets.

Génial !

Oui mais nous avons des aides de l’état...

Il n’empêche que même chez vous la pression est de plus en plus perceptible. Il est de plus en plus difficile de monter un projet viable. Mais, il y a aussi des exceptions aux USA. Par exemple, Woody Allen qui est presque une icône en France. A chaque nouveau film, de 200.000 à 1 million de gens sont dans les cinémas sans qu’il y ait vraiment de raison pour cela. C’est comme ce comédien super connu chez vous. Un comique.... Jerry..... assez énervant..

Jerry Lewis ?

Oui, il est géant (ton ironique). Et Mickey Rourke ? Connu en France ?

Oui, ses prestations dans « Ramble Fish » de Coppola où « L’année du Dragon », le premier grand film de Cimino, ont marqué le public ici...

Et des nouvelles de Christophe Lambert ?

Christophe Lambert ? Il a quitté le cinéma français ..

... mais c’est « Highlander »...

....et son nom fait sourire ici. Il a fait plusieurs mauvais choix artistiques...Mais Mickey Rourke est un homme à problèmes, qui a été alcoolique et les Français aiment ça....

...les histoires tragiques...

Oui, on aime Jim Morrison....

Alors vous comprenez pourquoi je me sens bien ici. C’est probablement la plus grande différence entre les Français et les Américains : ils veulent toujours garder un sourire sur le visage même si ils viennent d’enterrer leur mère. « Bonjour, oui, tout va bien.. »

Ah ! Vous le faites très bien !

Oui, c’est impoli aux Etats-Unis de demander à quelqu’un comment il va. Ils doivent toujours donner l’impression de maîtriser les situations. Grand sourire. Ici, on peut exprimer ses émotions. Pas de masque de joie.. Les mentalités sont différentes.

Et pour vos projets ?

Une série. « Star Hyke » dont vous avez pu voir la bande annonce. Sinon, je travaille sur un film cet été. Et une pièce à Londres. Parce que vous savez que je vis à Londres maintenant. En fait, je suis plus heureuse en Europe. Si mon français ou mon italien étaient meilleurs, je serais également heureuse de vivre ici ou là-bas.

Mais votre français est très bien !

Pas vraiment... Pour discuter, ça va.... Mais dès qu’il s’agit d’aborder des thèmes plus philosophiques, ce n’est pas suffisant. Je crois que j’ai besoin de pratique et de vivre ici.

Le temps file et nous arrivons au moment de nous séparer.

Vous pouvez suivre mon actualité sur mon site web www.claudiachristian.net.

Au revoir et merci beaucoup.


Bruno Paul
Stéphane Pons
Véronique
25 mai 2005



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