Or cette rencontre a déjà eu lieu vers le milieu des années 90, lorsque Schuiten, s’étant entiché du lieu, fut un des premiers à oeuvrer pour le préserver et en faire graduellement un musée vivant, allant jusqu’à imaginer une scénographie de visite de chacun des étages et de chacune des pièces, tel un labyrinthe esthétique où évoluer comme en sa mémoire et parfois aussi comme dans les pages de ses albums...
Dès lors, l’exposition qui peut se découvrir actuellement à la Maison Autrique, même si elle s’ancre dans la célébration du 150ème anniversaire de la naissance de Victor Horta, et bien que sa référence à un monde perdu fleure la nostalgie, n’a rien de figé. L’ambition qui s’y lit est plutôt de redonner naissance à des constructions remarquables, même si certaines d’entre elles ne sont plus de ce monde : ainsi L’Innovation, grand magasin fameux du coeur de Bruxelles, qui flamba tragiquement en 1967. Ainsi cette Maison du Peuple que la bêtise d’hommes politiques toléra qu’on la détruise, qu’on la démantèle et jette à la ferraille ses ferronneries remarquables. Ou encore le Pavillon du Congo, élaboré en 1898 pour l’Exposition universelle de Paris en 1900, et qui restera à l’état de projet.
A l’état de projet ou de plan... Des plans, des vues en coupe, des photographies de ces lieux et bien d’autres jalonnent bien sûr l’exposition, ainsi que leur restitution sous la forme de grands dessins colorés de la main de François Schuiten, qui par ailleurs fait plus que s’en tenir à des exercices illustrés d’admiration. Ainsi se dit-on, à le voir installé de biais au beau milieu du salon de la Maison Autrique, que quelque syndrôme taxandrien a dû saisir un pan de balcon ouvré de l’ex-Maison du Peuple. Sans compter que des figures connues sont là qui vous attendent. Telle cette Enfant penchée au détour d’un palier. Tel le fameux rénovateur des transports Axel Wappendorf qui trône au grenier, entouré du fatras des maquettes et des prototypes de ses inventions, ainsi que de pans épars de sa bibliothèque. Où qu’on mette les pas, Horta et Schuiten sont décidément partout ici, partout chez eux...
Victor Horta, a lost World
Maison Autrique, Chaussée de Haecht, 266, B-1030 Bruxelles
[email protected]
Du 8 avril au 31 décembre 2011 (du mercredi au dimanche, de 12h à 18h)
Illustrations © Maison Autrique/François Schuiten
La photographie de la façade est due à Marie-Françoise Plissart.