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Homme qui refusait de mourir (L’)
Nicolas Ancion (textes), Patrice Killoffer (illustrations)
Dis Voir, collection Contes illustrés pour adultes, fable scientifique (France), 110 pages, septembre 2010, 29€

Nul ne sait ce que certains savants fous nous réservent. S’ils peuvent travailler à partir de constats simples au sujet de l’allongement de la durée de vie d’espèces bactériennes ou animales par la supplémentation ou la diminution de certaines composantes alimentaires, ils peuvent également être tentés de se livrer à des manipulations plus radicales et nettement moins plaisantes. Ils pourraient de même être tentés d’oublier de demander leur avis aux sujets de leurs expérimentations. Et si ces chercheurs, à force de quêter l’immortalité, ne parvenaient au bout du compte qu’à faire mourir les hommes plus rapidement, ou, pire encore, à les faire mourir plusieurs fois ?



Un récit très noir

Si le volume totalise un peu plus de cent pages, il comprend nombre d’illustrations, les caractères sont de grande taille, le texte n’est pas justifié à droite : le récit correspond à une longue nouvelle, voire une novella. Le contenu de cet ouvrage, publié dans la collection « contes illustrés pour adultes », correspond donc parfaitement à son appellation.

Dans ce récit, un quidam est confronté à la mystérieuse disparition de sa grand-mère, puis à sa non moins mystérieuse réapparition. A un personnage qui n’est pas ce qu’il dit être, à moins que le narrateur ne soit devenu fou. Lequel narrateur, par chance – du moins le croit-il – est détective privé, et pourvu des qualités et des compétences lui permettant de remonter la piste et d’essayer de débrouiller le mystère.

En parallèle, le récit s’intéresse à un savant qui se livre à des expérimentations passionnantes. Mais, lors d’une réception mondaine liée à l’anniversaire d’un autre chercheur, on comprend que tout ce beau monde ne travaille pas réellement dans la transparence, ni selon les règles d’éthique en vigueur.

Il serait peu honnête de dévoiler ici l’intrigue et d’en révéler les tenants et les aboutissants. Que l’on sache néanmoins que l’auteur mêle, avec une simplicité apparente, des éléments originaires du roman noir, du récit d’épouvante, et même du cyberpunk. Tout ceci fusionne habilement, et, sans en avoir réellement l’air, va confluer vers un final terrifiant.

Si l’auteur n’invente rien, sa plume, en apparence très sobre, est néanmoins d’une efficacité peu ordinaire. La force de ce très court roman réside dans sa tonalité. Le dépouillement, la simplicité, l’absence apparente de recherche, le refus des effets apparaissent en définitive comme autant d’atouts qui permettent au récit de faire éclater toute son horreur. On songe, à sa lecture, à certains textes d’auteurs comme Ray Bradbury ou Dino Buzzati, qui, l’air de rien, emmènent leurs personnages vers le pire.

Car c’est dans un univers banal, habituel, quotidien, que bientôt tout dérape. Si rien ne laisse augurer d’un final tragique, celui-ci pourtant s’agencera sans aucun espoir de retour en arrière. Et le sort réservé à quelques-uns uns des protagonistes sera, au bout du compte, bien au-delà du tragique. Que l’on ne s’y trompe pas : « L’Homme qui refusait de mourir  » est en définitive une fable noire, abominablement.

A récit noir, illustrations surtout en noir

Les illustrations de Patrice Killoffer agrémentent, soutiennent et rehaussent avec à-propos le déroulement du récit. Treize dessins en pleine page et trois en double page, tous en noir et blanc – avec, le plus souvent, beaucoup plus de noir que de blanc – prennent part, en parallèle, non seulement à la représentation de scènes du conte, mais aussi, et surtout, à la mise en image de ses ambiances.

Que ce soit sous forme de dessin noir classique, comme on en voit dans l’illustration ou la bande dessinée de genre, de dessin classique ou de théâtre d’ombres, que ce soit par le dessin de créatures pouvant évoquer, par ses reliefs, la microscopie électronique à balayage, ou faisant au contraire penser, par ses aspects plans, aux coupes histologiques, Patrice Killoffer parvient à diversifier ses approches sans pour autant changer de tonalité générale, ni s’écarter des thématiques abordées par l’auteur.

On appréciera tour à tour, pour ne citer que quelques exemples, des paysages apaisants et sobres, des forêts mécaniques ou biomécaniques, et un pare-brise cauchemardeux, couvert de bactéries, d’helminthes et de protozoaires, sans compter divers organismes fantasmagoriques ou encore inconnus de la science. Notons également, comme illustrations supplémentaires, des vignettes en tête de chaque chapitre.


Titre : L’Homme qui refusait de mourir
Auteur : Nicolas Ancion
Couverture : Lili Fleury et Patrice Killoffer
Illustrations : Patrice Killoffer
Éditeur : Dis Voir
Collection : Contes illustrés pour adultes
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 110
Format (en cm) : 16,5 x 24,6 x 1,1
Dépôt légal : septembre 2010
ISBN : 978-2914563574
Prix : 29 €



À consulter également :
- Le site de Nicolas Ancion


Hilaire Alrune
14 avril 2011


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