Le bonheur est-il réductible à une équation ? Pour Evariste Gaulois, la réponse est oui ! Sa maîtrise absolue des statistiques lui a déjà permis de dessiner le futur visage des transports ferroviaires et de devenir milliardaire au casino. Mais Evariste sait bien que l’inconnue de cette équation extrêmement complexe se trouve ailleurs : à la Gare de Lyon, le 31 décembre 1999, pour être exact. Sûr de ses calculs, il abandonne femme et enfant pour aller rencontrer la femme de sa vie. Mais un paramètre imprévu suffit à faire perdre toute validité à son système mathématique.
Heureusement, statistiquement, tout le monde passe toujours deux fois dans un même lieu. Alors Evariste attend, le temps qu’il faudra...
Après un premier volume relativement convainquant et un second plutôt vite fait, la série “Traffic” avait besoin d’un bon coup de fouet pour se relancer ou se maintenir à flot. “Quai 7” ne sera malheureusement pas ce sauveur tant attendu.
Ce troisième opus sort des rails mis en place par “Contre la montre” et “Échelle”. Beaucoup d’action dans un minimum de pages.
Ici, on est proche du contraire, plusieurs planches n’ont quasiment aucun mouvement. Il s’agit, il est vrai d’une succession de Polaroids de faits qui ont jalonné notre planète sur les dix dernières années. Je dois dire que ce passage, qui suit un début d’aventure relativement lent et plutôt sentimental, m’a totalement abattu.
Les deux P., Ordas et Cothias, ont décidé d’aiguiller cet opus sur un drame sentimental, avec juste un minimum d’action. La construction n’est pas vraiment en cause, bien que très lancinante. Non, le problème vient plus du contenu, très léger. Il me fait un peu penser à ces longs monologues d’érudits de philosophie capables de développer plusieurs pages à partir d’un seul mot.
Je ne dirai pas qu’il s’agit d’un simple « blabla », loin de là. Pris à part de ce que veut être “Traffic”, ce drame sentimental serait même d’une belle qualité. Mais intégré à cette série, il fait limite un peu « tâche » et pourrait même (au pire) sonner le glas de cette dernière. C’est un peu dur, mais force est de reconnaître qu’entre le numéro 2 typé action hollywoodienne et ce numéro 3 stylé drame franchouillard, le pas est difficile à franchir. Ces tomes ne s’adressant pas au même lectorat.
Sur le plan visuel, Winoc ne s’en sort pas trop mal. Son style colle plutôt bien à cette dramaturgie de boulevard. Mais il reste toutefois très limité pour les scènes un peu plus dynamiques.
Une petite anicroche au beau milieu d’une série qui avait besoin d’un bon coup de pied au « c.. ». Dommage !
(T3) Quai 7
Série : Traffic
Scénario : Patrice Ordas & Patrick Cothias
Dessin : Winoc
Couleur : Scarlett Smulkowski
Éditeur : Grand Angle
Collection : Focus
Dépôt légal : novembre 2010
Pagination : 48 pages couleur
ISBN : 978-2-8189-0168-7
Prix public : 10,40 €
Illustrations © Winoc et Grand Angle (2010).
