Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Bifrost n°61
Olivier Girard (Rédacteur en chef)
Revue, n°61, SF, nouvelles - études – critiques, janvier 2011, 184 pages, 11€

Ce numéro 61 est axé autour des perspectives de la science-fiction. Ce dossier phare autour de la question est illustré par un long article de Claude Ecken et des entretiens avec des intervenants du milieu (auteurs, directeurs de collection…).



Il va sans dire que cette livraison de Bifrost était attendue des amateurs qui, peut-être à mon image, pensaient découvrir à quoi s’attendre en terme de productions science-fictives dans les années à venir.
D’ailleurs, chacun a dû imaginer ce que l’annonce représentait vraiment…
Dès l’éditorial, Olivier Girard écrit fort justement que le dossier soulève plus de questions qu’il n’apporte de réponses, ce en quoi il a parfaitement raison.

Pour ma part, seul Gilles Dumay répond réellement à mes attentes en levant le voile sur la réalité économique qui gère la collection Lunes d’Encre et qui dicte la triste réalité tout court. Gérard Klein, directeur d’Ailleurs et Demain, parle plus de la pauvreté du domaine de la science-fiction française que d’autre chose ! À la fin de l’entretien, j’avoue même m’être demandé s’il était sérieux !
J’ai trouvé que les interviewés, mis à part Gilles Dumay, n’apportaient pas grand-chose à la question et que “La Science-Fiction en questions” accouchait plus d’une souris que de l’éléphant que j’espérais.

Quant à l’article de Claude Ecken : “Pour une approche quantique de la science-fiction”, il s’avère plutôt ardu à suivre, mais ô combien intéressant. On peut être d’accord ou non avec l’angle d’attaque qu’il a choisi, mais on ne peut lui retirer une certaine maestria.
La mécanique quantique résonne en termes de densité de probabilité de présence. Comment définir une chose dans ce cas ? Trente pages qui tournent plus autour de ce qu’est la science-fiction ou de ce qu’elle n’est pas, plutôt qu’autour de ce qui nous attend les prochains temps (baisse du nombre de publications ? réduction du marché ? nouvelles inspirations ? ).
Il n’empêche que c’est le point marquant de cette soixante-et-unième livraison.

Bifrost, c’est aussi bien sûr des nouvelles. Ici, elles sont deux et c’est du lourd !

Seconde nouvelle de Peter Watts (« Vision Aveugle ») publiée dans les pages de Bifrost, “L’Île” n’est pas facile à appréhender d’emblée. Les textes du Canadien demandent un effort pour y pénétrer et se laisser prendre par une histoire exigeante. Pas de longues introductions avec lui, le lecteur est rapidement placé dans le vif du sujet et à lui de coller les morceaux. En plus, il s’agit de hard science ! Pourtant cette rencontre avec une intelligence démesurée, lançant une alerte à un vaisseau fonçant sur elle, est maîtrisée de bout en bout et des plus fascinantes.
L’Île” est une nouvelle preuve éclatante du talent de Peter Watts. Elle a d’ailleurs été récompensée par le Prix Hugo 2010 catégorie longue nouvelle.

Dans “Le Paradoxe de Grinn”, Thierry Di Rollo nous présente un immortel qui n’a pas de temps à perdre. Voilà qui va à l’encontre de l’idée d’un esthète qui goûte à tous les plaisirs de la vie, sans considération pour l’aiguille des heures qui tourne. Falstaff est obsédé par la peur de ne pas survivre à la fin de la création. Rien ne peut se dresser face à cette soif de savoir, même pas un enfant curieux aux questions innocentes…
Beau texte qui donnera peut-être envie à ceux qui ne connaissent pas cette facette de l’auteur de le découvrir dans les deux recueils publiés chez ActuSF (« Cendres » et « Crépuscules »), méritant amplement le détour.

Les rubriques habituelles de la revue témoignent toujours du même sérieux avec une longue partie critiques, un article coup-de-gueule de Pierre Stolze sur « La Carte et le Territoire » de Michel Houellebecq et “Scientifiction” où Roland Lehoucq nous parle de la matière à fiction.

Comme il s’agit du premier numéro de l’année, Bifrost s’achève par les Razzies 2011 : le prix du pire. Grincements de dents assurés, même s’ils ne sont pas à prendre au sérieux.

Après un numéro 60 qui surfait sur l’effet de mode des vampires et que je n’ai toujours pas réussi à lire, hormis le court texte de Ian R. McLeod car il est si rare par chez nous, Bifrost revient là où les lecteurs l’attendent.

Même si on pouvait espérer plus du dossier sur la science-fiction, surtout au niveau des entretiens, il s’agit d’une très bonne livraison qui confortera les abonnés à le rester et poussera peut-être les autres à le devenir.


Titre : Bifrost
Numéro : 61
Rédacteur en chef : Olivier Girard
Couverture : Manchu
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretiens, etc.
Sites Internet : Revue (Bifrost) et éditeur (Le Bélial’)
Dépôt légal : janvier 2011
ISBN : 978-2-913039-58-2
Dimensions (en cm) : 14,9 x 21
Pages : 184
Prix : 11 €



François Schnebelen
18 février 2011


JPEG - 28.5 ko



Chargement...
WebAnalytics