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Milady de Winter (T1)
Agnès Maupré
Ankama

Non, elle ne pouvait finir aussi bêtement, pendue par un mari qui n’a pas su l’aimer, qui a paniqué en voyant la fleur de lys marquant à jamais sa peau, marque de l’infamie. Non, elle allait vivre et se venger de cet homme qui pensait se débarrasser d’elle si facilement. En réalité, elle allait fuir de l’autre côté de la Manche, oublier la France. C’est là-bas qu’elle allait rentrer l’homme qui lui donnerait ce nom qu’elle portera fièrement et qui fera trembler la royauté française. Elle allait devenir la femme du Lord de Winter. Mais alors qu’elle pensait avoir retrouvé le bonheur, la marque continue de lui porter malheur et dans un instant de folie, elle va tuer cet homme qui l’avait recueillie.



Le destin avait décidé de s’acharner sur cette pauvre Milady de Winter. Veuve regardée avec mépris par toutes ces dames qui l’accusent d’être une meurtrière, violée par le duc de Buckingham qui lui donnera un enfant qu’elle rejettera. Finalement, ce sera l’inquiétant Cardinal de Richelieu qui lui proposera de se faire une nouvelle vie, comme espionne à sa solde. Le cardinal a appris que la Reine de France a donné à son amant, le Duc de Buckingham, des ferrets que le roi lui avait offerts. Le cardinal se charge de convaincre Louis XIII d’obliger sa femme à porter les bijoux lors d’un bal pendant que Milady se chargera de les voler au duc. Voilà une bien douce vengeance.

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« Milady de Winter » est évidemment une adaptation de la vie de ce personnage inventé par Alexandre Dumas dans son roman, « Les Trois Mousquetaires ». Cette femme mythique va devenir l’incarnation de la femme fatale mais aussi la pionnière des aventurières modernes. Le cinéma lui donna de nombreux visages : Faye Dunawaye dans les films de Richard Lester, Lana Turner pour George Sidney et bien sûr Yvonne Sanson, dans les adaptations d’André Hunebelle ou Mylène Demongeot pour Bernard Borderie.

Quoi de plus logique que ce soit une femme qui rende hommage à Milady de Winter en bande dessinée. C’est Agnès Maupré qui nous conte l’histoire de cette espionne hors du commun, en commençant bien avant l’oeuvre de Dumas père, par une scène d’entrée stupéfiante : la pendaison de celle qui devait devenir Milady de Winter. Si l’auteur centre son récit sur Milady, elle n’en fait pas pour autant qu’une héroïne romantique, martyrisée par la vie et incomprise. Certes, le destin sera souvent contre elle, mais elle n’est pas exempte de défauts : particulièrement violente, imbue de sa personne et sans le moindre sens maternel comme le montre la façon dont elle traitera son enfant. Toutefois, relire l’histoire des ferrets de la reine du point de vue de Milady est très intéressant et même instructif.

Ceux qui vont vraiment pâtir de cette adaptation, ce sont les mousquetaires. D’Artagnan est montré comme un cadet sans véritable talent à l’épée, qui profite juste de sa position pour être bien vu de la reine. Il est même montré comme totalement obsédé par les femmes, tombant amoureux de la première venue et finira par vouloir, coûte que coûte, coucher avec Milady. Nous sommes loin de la vision du D’Artagnan cinématographique.

Graphiquement, Agnès Mauprès a opté pour le noir et blanc, choix très intéressant, mettant en valeur ses crayonnés, à la fois précis mais aussi très simplifiés. En particulier, Agnès Mauprès ne semble pas être très à l’aise pour dessiner les façades de batiments, qui sont parfois très scolaires. Par contre, elle réussit à faire passer les sentiments et les pensées de ses personnages avec beaucoup de finesse. Son style est semi réaliste, avec des visages parfois caricaturaux comme son D’Artagnan ou plus réaliste comme son cardinal de Richelieu. Elle n’hésite pas à ponctuer son oeuvre de pleines pages qui permettent à son talent de dessinatrice de s’exprimer.

« Milady de Winter » nous raconte l’histoire secrète ou plutôt peu connue de cette femme d’exception, mise en scène par une Agnès Maupré très inspirée.


Milady de Winter (T1)
- Scénario et dessin : Agnès Maupré
- Éditeur : Ankama
- Dépôt légal : 28 octobre 2010
- Format  : 164x244 mm
- Pagination : 144 pages
- Prix public : 14,90 €
-  Numéro ISBN : 978-2-35910-110-2


© Editions Ankama - Tous droits réservés



Frédéric Leray
27 janvier 2011




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