Nobuo semble perdu, désorienté, mais surtout très agressif. Mais Téru, trop heureux de trouver un autre survivant, n’y fait d’abord pas attention. Toutefois, avec l’éveil d’Ako et surtout la prise de conscience qu’ils sont tous bloqués sous terre, tout va s’accélérer. Les deux garçons vont en arriver aux mains, provoquant la dissolution du groupe : Ako et Téru hors du train et Nobuo transformant les wagons en son domaine. Maintenant, il ne sera plus maltraité, il ne l’acceptera plus. Et puis ils vont tous mourir, et puis il y a cette créature dans le noir. Oui, Nobuo doit vouer allégeance aux ténèbres et devenir le maître du train, se dessinant des tatouages et disposant son trophée... Non il n’est pas fou, mais il fait si chaud... Pendant ce temps, Téru découvre une tuyauterie d’aération. Serait-ce le chemin vers la liberté ?
La nouvelle collection Graphic des éditions Pika est dédiée à des séries atypiques, orientées ado-jeune adulte et mise en valeur par un grand format et des pages couleurs. « Dragon Head » était la série idéale pour cette collection, car pour atypique, cette série l’est réellement. Ce manga, sorti entre 1995 et 2000 au Japon, avait déjà fait l’objet d’une édition française en 2001, toujours chez Pika, et une adaptation en film en 2003.
Nous voici plongé dans ce qui est pour le moment un huis clos, un tunnel qui s’est effondré sur un train. Des wagons, seuls trois survivants, trois dolescents qui vont expérimenter une des expériences les plus éprouvantes qui soit : se retrouver quasiment enterrés vivants. Le mangaka va travailler ses personnages sous deux principaux aspects.
Tout d’abord, l’ignorance de ce qui leur est réellement arrivé et ce qu’il se passe à l’extérieur. Toutes les hypothèses sont possibles, du tremblement de terre à l’explosion nucléaire (le souvenir du nuage par Téru rend cette hypothèse crédible). Les messages de la radio, entrecoupés, laconiques, accentuent la panique des enfants qui ne savent pas si des secours arriveront ou non. Minetaro Mochizuki joue parfaitement sur cette ignorance et les fantasmes qu’elle peut enjendrer.
Le second aspect est la manière d’appréhender une situation quasi désepérée. Et les deux garçons vont incarner deux comportements totalement antinomiques. Téru va incarner le désir de survivre à tout pris, cherchant partout une issue à leur situation, ce qui l’aménera dans une tuyauterie qui faillit l’enterrer. Nobuo est l’incarnation de la résignation qui va très vite tourner à la folie. Certes, le garçon n’était déjà pas sain d’esprit mais l’épreuve lui sera fatale, et sa folie se matérialisera en partie par ses sinistres tatouages. Minerato Mochizuki développe intelligemment ces deux aspects, sans entrer dans un quelconque manichéisme, Téru étant loin du héros parfait. Et au milieu, une pauvre Ako tentant qu’incarner la raison que perdent ses deux camarades d’infortune.
Evidemment, l’ultime atout de cette série est un dessin d’une incroyable force, illustrant les situations et les sentiments des personnages à la perfection. Très réaliste, le mangaka a trouvé pour son récit le graphisme idéal et le grand format le met maginifiquement en valeur. Avec un découpage quasi cinématographique, on imagine sans problème le film que cela pourrait donner.
Vraiment, les éditions Pika ont décelé une petite perle avec « Dragon Head », un thriller claustrophobique mis en scène avec talent, illustré avec brio. A posséder impérativement.
Dragon Head (T1 et 2)
Auteur : Minetaro Mochizuki
Traducteur : Hiroshi Takahashi
Éditeur français : Pika
Collection : Graphic
Format : 150 x 210 - sens de lecture original
Pagination : 220 pages noires et 4 pages couleur
Date de parution : 6 octobre et 17 novembre 2010
Numéro IBSN : 978-2811603359 ; 978-2811603731
Prix : 10,50 €
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