La jeune Tomeki a été vendue à la maison Tamagiku à la mort de ses parents. Mais venir vivre dans une maison close n’était pas vraiment le genre de vie dont elle espérait. A son arrivée, elle est placée comme suivante de l’Oiran, Shohi. Cette dernière, bien consciente de son rang, va mépriser Tomeki et la rappeler à l’ordre à grand coup de punitions qui marqueront son corps mais ne la feront jamais pleurer. La jeune fille aimerait bien s’enfuir mais la punition n’en serait que plus violente. Alors elle va découvrir la vie de ces prostituées, la hiérarchie existant en leur sein, leur rapport avec les clients. Bien malgré elle, Tomeki va gravir les échelons sociaux de ce milieu et devenir une ces femmes qu’elle déteste pourtant. Mais cela va aussi lui faire découvrir l’amour, ce sentiment qui lui est pourtant interdit.
Moyoco Anno est une jeune mangaka... Nous sommes nés la même année alors on se tait. Bon, Moyoco Anno a déjà fait ses preuves dans le monde du manga avec la série “Happy Mania”, un “Sex and the City” nippon, puis avec “Hana to Mitsubachi”. Avec “Sakuran”, elle nous entraîne dans un univers bien particulier, très féminin, mais qui fascine nombre d’hommes : celui des maisons closes nippones. Si Canal + nous a rappelé leur fonctionnement en France, nous voici plongés dans le Japon médiéval pour découvrir la vie des courtisanes. Et il faut avouer que le manga de Moyoco Anno est riche d’enseignement, prenant le temps nécessaire pour nous révéler le fonctionnement très hiérarchisé et cloisonné par des règles particulièrement strictes.
Nous suivons donc la jeune Tomeki de son enfance jusqu’à son apogée sous le nom de Kiyoha. La mangaka va nous faire rencontrer des personnages très différents, des prostituées à toutes sortes de clients : le samourai, le doyen, le fleuriste... Ses dessins sont très riches et le manga est ponctué de sublimes planches couleur, qui nous démontrent un talent magistral de coloriste de la mangaka. Jamais vulgaire, Moyoco Anno joue plus sur le non dit que par des scènes explicites pour représenter les relations sexuelles. Et si cela risque de frustrer certains, cela ajoute en réalité au charme de ce one shot qui s’attaque plutôt à l’érotisme dans le sens pur du terme.
Le seul défaut que l’on pourrait reprocher au dessin de Moyoco Anno est d’utiliser un peu trop souvent les mêmes trames pour les visages de certains personnages, en particulier les Oiran et Kiyoha. Cela rend parfois difficile la lecture de ces planches, demandant un effort au lecteur pour reconnaître ces personnages.
“Sakuran” est un passionnant manga sur les courtisanes, qui fut adapté au cinéma par Mika Ninagawa et édité chez Kaze. Un one shot à découvrir
Sakuran
Auteur : Moyoco Anno
Traducteur : Fédoua Thalal
Éditeur français : Pika
Collection : Graphic
Format : 115 x 180, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 272 pages + 34 couleurs
Date de parution : 23 novembre 2010
Numéro IBSN : 978-2-8116-0385-4
Prix : 13,50 €
SAKURAN © Moyoco ANNO / Kodansha Ltd.
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