En dépit de mon intérêt marqué pour ses univers graphiques, j’étais complètement passé à côté des 2 premiers tomes de la série de Ben Templesmith. Son exposition à Paris, quelques semaines après la sortie de “L’Invasion des Tentacules” (Editions Delcourt), fut l’occasion de faire enfin la connaissance de “Wormwood”. Une série à l’image de son créateur : loufoque, irrespectueuse et sévèrement barrée.
Son héros, un ver à bois bouffeur de cadavres, possède une particularité notable. Non seulement il se nourrit du savoir et des connaissances des morts qu’il dévore (principalement ceux d’anciens dieux), mais surtout il est capable d’en prendre le contrôle, lui permettant ainsi d’interagir parmi les vivants. Car si Wormwood est attaché à notre planète et son humanité, c’est pour son fun, sa bière et ses femmes.
C’est ainsi qu’il s’est acoquiné de Médusa, une stripteaseuse tenancière de barn accessoirement immortelle, et de ses girls, du fantôme d’une femme flic prénommée Phébée et de M. Pendule, un cyborg de sa fabrication.
Si le scénario original, drôle et résolument déjanté fait parfois dans le raccourci capillo-tracté, comme le sauvetage in-extremis par Elvis Presley de notre lombric nécrophile, parti combattre les calamars à la source, il est avant tout prétexte à une nouvelle explosion graphique virtuose de l’artiste australien.
En effet, passée une courte introduction qui revisite les premiers pas de l’homme sur la lune, et une halte dans « La ruelle sombre », l’établissement pour âmes en peine tenu par Médusa, son récit prend en rythme et en tension avec l’arrivée en masse des céphalopodes décapodes d’outre dimension.
S’ensuit une centaines de pages, il est vrai, ponctuées de reproductions des couvertures originale des comic-books, d’une méga baston épique hautement jubilatoire. Armé de son trait unique et d’un découpage free-style, Ben Templesmith enchaine, tout d’abord à la surface de la terre, des tableaux (parfois pleine page ou double page) d’apocalypse, avant de précipiter son ver héroïque dans le repère de la Confrérie des Calamari.
“L’invasion des tentacules” et son conflit désormais dédoublé prennent alors une autre dimension. A tel point qu’à la lecture, on se demande si c’est un scénario préalablement écrit ou la transe créatrice du peintre devant la toile qui pilote l’histoire. Quoi qu’il en soit, on en prend plein les mirettes et on attend déjà avec impatience la suite.
Dans un premier temps, en ce qui me concerne, je file dès cet après-midi chez mon revendeur de BD pour me procurer “Gentleman Zombie” et “Ca fait mal quand je fais pipi...”, autrement dit les tomes 1 et 2 de cette saga incontournable.
(T3) L’invasion des tentacules
Série : Wormwood
Scénario : Ben Templesmith
Dessins : Ben Templesmith
Traduction : Alex Nikolavitch Racunica
Lettrage : Moscow & Eye
Editeur : Delcourt
Collection : Contrebande
Format : 173x264 mm
Pagination : 128 pages couleur
ISBN : 978-2-7560-2312-0
Prix public : 13,95 €
Parution : 6 octobre 2010
© Guy Delcourt Productions (2004)