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Graceling T2 : Rouge
Kristin Cashore
Hachette, Grand Format Littérature, roman traduit de l’anglais (USA), fantasy, 425 pages, mai 2010, 18€

Au royaume de Dells vivent des monstres. Des animaux identiques aux autres, mais aux couleurs chatoyantes et improbables, et dangereusement carnivores. Les hommes, pour s’en protéger, vivent derrière d’épaisses protections : toitures, grillages, dans des tunnels...
Mais il y a aussi des monstres humains : d’une insoutenable beauté, ils charment d’un simple regard, d’un mot... Rouge est une jeune fille à demi monstre. Son père, le cruel et magnifique Cansrel, était le conseiller du roi Nax, et il a très souvent abusé de son pouvoir pour influencer le roi.
Aujourd’hui tous deux sont morts, et Dells est au bord de la guerre, deux seigneurs fomentant une révolte contre le nouveau roi, Nash, et son frère cadet et fidèle général, Brigan.
C’est à contrecœur, mais pour sauver le royaume, que Rouge accepte de revenir à la cour et d’utiliser son redoutable pouvoir de télépathie pour déjouer les complots menaçant la couronne...



« Rouge » n’est pas la suite de « Graceling ». Les deux histoires n’ont en fait que peu en commun : elles ne se passent pas dans le même royaume, et à Dells les Graceling sont inconnus, comme les monstres étaient absents de l’univers de Katsa. Un seul personnage secondaire se retrouve dans les deux romans, mais je ne vous dirais pas lequel. En même temps, il est au centre du prologue...

L’écriture est sensiblement différente. J’avais souligné les défauts dans la narration de « Graceling », je dois reconnaître que « Rouge » est stylistiquement un cran au-dessus. Bien construit, équilibré. Les personnages principaux ont de l’épaisseur : à côté de la fade et archétypale Katsa, Rouge est flamboyante (au passage, un nom qui lui conviendrait mieux, car le roman s’intitule “Fire” en anglais). Torturée par sa condition de demi-monstre, du mal qu’elle pourrait faire, marquée par les actes de son père et sa mort violente... sans parler de ses amours, entre Archer son ami de toujours et le prince Brigan.

L’histoire nous tient quelque peu en haleine. Après une première partie qui permet de dresser un portrait du royaume comme du passé de Rouge et de ses proches, la politique s’en mêle et la menace de conflit s’intensifie, jusqu’à la guerre. Les méchants se dévoilent, et le vrai danger se dissimulera habilement (enfin, non, puisque qui a commencé l’histoire par le prologue aura quand même de sérieux soupçons. Mais nous sommes lecteurs, et ce savoir ne fait que nous investir davantage aux côtés de Rouge et Brigan.)

Le roman n’est pas transcendant pour autant. Le texte est parfois plombé de répétitions évitables, surtout au niveau des noms des personnages (l’auteure ou la traductrice ignorent-elles l’usage des pronoms ?), ce qui est d’autant plus regrettable que Kristin Cashore nous épargne, malgré les moments d’introspection de son héroïne, les habituels rabâchages de sentiments amoureux (ou autres, la jeune femme n’ayant pas une vie facile).
Du fait de son statut de demi-monstre, de fille du conseiller de l’ancien roi, Rouge oscille entre les rôles de paria et de princesse. Vite accueillie par la famille royale, elle ne tarde pas à donner son avis. Elle refuse d’abord d’utiliser son pouvoir pour interroger les espions, puis cède et y va franchement, sans pour autant craindre de tomber dans les excès de son père. Enfin, quand elle a l’occasion de tuer le méchant, elle ne le fait pas, alors qu’elle a activement participé à un assassinat politique quelques jours plus tôt. Quelques petites faiblesses ponctuelles, donc, qui me font tiquer en tant que lecteur adulte.

Mais la densité du reste vaut largement la lecture. L’univers fabuleux, ces monstres plutôt originaux, ce royaume au bord de la guerre civile, et des secrets à la pelle (la mort de Cansrel, la naissance d’Archer et le bannissement de son père par le roi, etc.) assureront une lecture très agréable et une immersion totale.

Il y a deux façons d’aborder ce « Rouge ». Sans avoir lu « Graceling », et vous découvrirez un bon roman de fantasy jeunesse, qui sait se démarquer des canons tolkienniens. Ou en ayant lu « Graceling », et vous l’apprécierez d’autant plus, tant il lui est supérieur à tous points de vue, du fond comme de la forme.

Enfin, signalons que comme « Graceling », « Rouge » est publié simultanément par Orbit, sous une couverture plus héroïc-fantasy (et moins troublante que cette jeune fille aussi pâle que, semble-t-il, dénudée), probablement la seule différence, puisque (et c’est heureux) leur prix est identique.

Quelques trucs à signaler dans le premier tiers. Ensuite, mis à part les répétition signalées plus haut, rien à redire.

Texte - 789 octets
Rouge - corrections

Titre : Rouge (Fire, 2009)
Série : Graceling, tome 2
Auteur : Kristin Cashore
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Raphaële Eschenbrenner
Couverture : Getty Images / Shutterstock - Eky Chan
Éditeur : Hachette
Collection : Grand Format Littérature
Site Internet : page roman (site Hachette / Lecture Academy) ou chez Orbit
Pages : 425
Format (en cm) : 13,7 x 21,3 x 3
Dépôt légal : mai 2010
ISBN : 978-2012017726
Prix : 18 €



À lire également sur la Yozone :
- La chronique du tome 1 : « Graceling : Le Don de Katsa »


Nicolas Soffray
27 novembre 2010


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Version Hachette



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