Genre : Giallo
Durée : 2h00
Avec Asia Argento (Anna Manni), Thomas Kretschmann (Alfredo Grossi), Marco Leonardi (Marco Longhi), Luigi Diberti (Inspecteur Manetti), Paolo Bonacelli (Docteur Cavanna), Julien Lambroschini (Marie), John Quentin (le père d’Anna), Lorenzo Crespi (Giulio)...
Anna Manni (Asia Argento) est une femme flic à ce qu’il semble tout à fait équilibrée. Pour mener l’enquête concernant un tueur en série qui viole ses victimes, elle se rend à Florence, où elle découvre être sujette au « Syndrôme de Stendhal » : cette névrose rend les individus qui en souffrent extrèmement sensibles aux oeuvres d’art, dans une atteinte difficile, proche d’un viol de la conscience.
Puis les fils narratifs se mêlent. Le film se déploie, cru, désespéré...
Le violeur la séquestre. Une fois. Deux fois.
Et tout prend sa place. Inéluctablement.
Je ne vous dirai pas plus de chose sur la suite de l’histoire, sur le noeud narratif central de ce « Syndrome de Stendhal », et du deuxième versant du film. Sachez juste que sa construction, sa manière de filmer, de proposer à voir, va vous marquer.
Dario Argento nous propose ici un film très intelligent, une sorte d’analyse brutale de l’art et de son effet sur le spectateur. Dès le départ, la névrose d’Anna Manni contamine le film, et place le spectateur dans la situation du névrosé. Et les ramifications s’étendent. Il est clair que l’origine, l’élément déclencheur de la narration, c’est justement ce syndrome esthétique.
Qu’il est même à l’origine de la rencontre entre l’inspectrice et le violeur. À l’origine des moindres conséquences de toute situation vécue par Anna Manni.
Ainsi qu’à l’origine des conséquences du spectacle regardé vécues par le spectateur.
Ce serait une banalité ici que de citer la fameuse phrase de Friedrich Nietzsche (Quand ton regard pénètre au fond d’un abîme, l’abîme lui aussi pénètre en toi, une chose du genre...), d’autant que le propos de Dario Argento va plus loin que cela.
Ce que nous montre ici Dario Argento, ce sont les bas fonds de notre propre état d’être humain, ces éléments que nous avons en nous, qui transparaissent, il est vrai souvent enjolivés, mais toujours viscérales, dans les oeuvres d’art. Cette part de l’humain sensible au meurtre, au glauque, au visqueux...
Il place même au premier rang de celles-ci, son propre film, tout entier (comme souvent chez lui) soumis à l’élément liquide, au sang, au poisseux...
Et c’est de vous qu’il parle ici, spectateurs. De nous. Sinon, pourquoi ne pas sortir de la salle de cinéma ? Pourquoi ne pas retirer le DVD de votre lecteur ?
« Le Syndrome de Stendhal » est une pénétration sauvage, tout autant non désirée que désirée. Un viol, dans tous les cas de figures. Un film gluant mais fascinant.
Dont on ne ressort, bien évidemment, pas indemne.
FICHE TECHNIQUE
Titre original : La sindrome di Stendhal
Réalisation : Dario Argento
Scénario : Dario Argento d’après une histoire de Dario Argento et Franco Ferrini d’après le roman de Graziella Magherini
Producteurs : Dario Argento, Giuseppe Colombo
Producteur exécutif : Walter Massi
Musique originale : Ennio Morricone
Image : Giuseppe Rotunno
Montage : Angelo Nicolini
Création des décors : Massimo Antonello Geleng
Création des costumes : Lia Francesca Morandini
Maquillage : Franco Casagni
Effets spéciaux : Giovanni Corridori
Effets Visuels : Sergio Stivaletti
Cascades : Ottaviano Dell’Acqua
Production : Cine 2000, Medusa Produzione