Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Chats Noirs, Chiens Blancs (T2)
Vanna Vinci
Dargaud

Dans « Réminiscences parisiennes », premier volet du dyptique « Chats noirs, chiens blancs », la bédéiste italienne Vanna Vinci avait planté le décor (Paris, qui sera toujours Paris à commencer par celui de la mode et de la création littéraire) et fait la présentation de Gilla. Jeune fille rêveuse, elle est venue de sa Sardaigne natale chercher à se trouver dans cette ville-lumière qui, pour elle, est surtout habitée d’éclairs fugaces d’un passé plus ou moins proche : l’ombre de Samuel Beckett et le fantôme de Robi, son amour d’adolescence. Une attirance qui se traduit aussi et peut-être surtout par cette propension à porter exclusivement des tenues datées sixties et seventies, voire eighties. Comme si de rien n’était, comme si rien n’avait changé depuis le temps d’avant...



Or donc, se pourrait-il qu’un devenir existe pour qui oblitère le présent au gré de ses souvenirs ? C’est tout le problème que démontre en long et en large ce second tome, « Chemin faisant », qui voit Gella renoncer mollement à l’espoir de se révéler à elle-même et au monde. Pour, au contraire, s’abandonner à une forme de régression, de dépression larvée. De sorte que, plus que jamais, le Paris de Gella est une ville hors de l’actualité, porteuse des traces ou des stigmates de ses admirations littéraires. Nostalgies qui la mènent du côté de Clichy, Villa Seurat, là où Henri Miller a écrit “Printemps noir”, “Max et les Phagocytes” et, qui plus est, “Tropique du Capricorne”. Une quête éperdue de ses admirations livresques... Une attirance pour les destins maudits, pour les parcours perdus d’avance, qui lui fait ressuciter Zelda Fitzgerald, du temps où elle et son écrivain de mari brûlaient la vie par les deux bouts.

Ainsi donc, accentuant les motifs d’un premier tome porteur d’une lente mais probable progression narrative, cette suite sans fin tend à faire du sur-place, tant est profonde l’indécision de cette jeune fille tout à la fois moderne et d’un autre âge. “Chats noirs, chiens blancs” est-elle pour autant une chronique ratée ? Pas le moins du monde, puisqu’il n’est pas indispensable que les personnages de fiction débouchent sur sur une transfiguration d’eux-mêmes, et puisque l’incontestable talent graphique de Vanna Vinci dote d’une épaisseur et d’une force de conviction même le non-dit et le vague-à-l’âme.

Une seule réserve, encore que les dossiers documentaires manquent rarement d’intérêt : cette volonté qu’a l’auteur d’agrémenter ce volume, tout comme le premier, d’un « making of » où elle explique par le menu, presque image par image et photos à l’appui, ses sources d’inspiration, qu’il s’agisse de décors, de vêtements ou des célébrités disparues qu’elle met religieusement en scène. Comme si elle partageait avec le personnage de Gella un doute permanent, une peur presque obsessionnelle de n’être pas crédible et comprise...


Chats noirs, chiens blancs (T2)
- Scénario, dessins et couleurs : Vanna Vinci
- Éditeur : Dargaud
- Dépôt légal : 27 août 2010
- Pagination : 152 pages couleurs
- Format : 24 x 32 cm
- Numéro ISBN : 978-2-5050-0934-4
- Prix public : 15,50 €


A lire sur la Yozone : Chats noirs, chiens blancs (T1)


© Editions Dargaud - Tous droits réservés



Alain Dartevelle
26 novembre 2010




JPEG - 30.3 ko



JPEG - 31.3 ko



JPEG - 31.6 ko



JPEG - 33.3 ko



JPEG - 19.2 ko



Chargement...
WebAnalytics