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Enfant de l’Orage, l’Intégrale (L’)
D. Poli & M. Bichebois
Les Humanoïdes Associés

Il aura fallu attendre 6 ans pour voir s’achever le premier cycle des aventures de Laïth, l’enfant de l’orage. Cette latence entre ces 3 premiers volumes avait quelque peu découragé les lecteurs.
Pour tout vous dire, il y a quelques années, alors que je découvrais le tome 2 dans les rayons de ma librairie, les bédéphiles autour de moi m’ont déconseillé d’acheter la BD, tant l’avenir de la série était incertain.
C’est sans doute pour répondre à ces craintes, que Les Humanoïdes Associés, un an après la sortie du troisième album, publie enfin cette intégrale.
Pour ceux qui auraient raté les premiers volumes dans leur édition originale, voici des éléments pour se faire leur propre jugement.



Tout d’abord, le scénario est sacrément bien léché. La trame principale se suit parfaitement et comprend de nombreux rebondissements. Seuls les plus tatillons pourraient reprocher l’étonnant hasard grâce auquel les protagonistes se retrouvent à différents moments de l’histoire. Nous dirons simplement que, dans le monde de la BD fantastique, si on ne veut pas perdre trop de temps en narration, le hasard fait bien les choses.
Parlons de l’histoire justement.
Laïth est retrouvé par un chasseur, en pleine forêt le jour de sa naissance, son cordon ombilical le reliant encore à une mère visiblement foudroyée sur place. Adopté par ce chasseur, Moskip, qui ne peut avoir d’enfant, il grandit au sein de la tribu nomade et paisible de Daföw.
Mais l’enfant souffre d’une grave malédiction. Dès que le ciel s’assombrit, annonçant l’orage, Laïth ressent le désordre des nuages et cette torture augmente avec la détérioration du climat. Ce pouvoir va même augmenter avec l’âge, permettant au jeune garçon de ressusciter un de ses amis quand d’étranges éclairs lui sortent soudainement des mains.
Face à cette nouvelle situation, Fahuw, le chef du clan, décide d’envoyer Laïth et Moskip à Medillum, la ville la plus proche, pour y voir un médecin. En chemin, les 2 voyageurs croisent un bataillon de la république de Frätt, ennemie du royaume d’Onfidhen, dont Medillum est la capitale. Ce bataillon est dirigé par le cruel Algärd, avide de pouvoirs. Malheureusement, une nouvelle démonstration malencontreuse des pouvoirs destructeurs de Laïth éveillent la cupidité d’Algärd, qui, de justesse, ne parvient pas à capturer l’enfant.
Après avoir atteins Medillum, Laïth et Moskip feront la connaissance du jeune médecin Dalün. Incapable d’éradiquer la malédiction de Laïth, Dalün présente l’enfant à son maître, Fïnrahas qui y voit enfin l’occasion de ressusciter son fils…

Et voilà. En une trentaine de planches, le destin de Laïth va être totalement chamboulé. D’un côté, Algärd, voulant acquérir ce pouvoir de destruction, de l’autre, Fïnrahas, voulant utiliser le pouvoir de résurrection pour des fins propres. Tous deux n’auront de cesse de poursuivre Laïth, fût-ce au prix de la vie d’innocents, tels que la tribu adoptive du garçon.
Laïth, à la recherche de ses origines, sera alors le maillon principal d’évènements qui vont changer la face du monde dans lequel il vit.

Bon d’accord, le scénario n’est pas super original. Les histoires de quêtes initiatiques, d’enfants aux pouvoirs extraordinaires, de magie convoitée en temps de guerre… sont assez courantes. Mais la vision offerte par Manuel Bichebois dans cet environnement connu reste particulière et mérite un certain intérêt.

Le cadrage des planches sert beaucoup la narration. Le principe de la dernière case à effet « surprise » est fréquent. Par exemple, c’est dans la dernière case que le personnage ouvre une porte et découvre, avec horreur, ce qui s’y cache derrière, mais qui reste invisible au lecteur.
Les graphismes sont particulièrement riches. Même une simple vignette représentant les héros dans une ruelle est très détaillée. Les décors sont imaginatifs, mélangeant vision féodale et éléments fantastiques. Les environnements, aux inspirations celtes ou asiatiques, sont variés.
Le bestiaire est assez vaste également puisque même l’apparence des personnages n’est pas totalement humaine (oreilles pointues et canines proéminentes). Le dessinateur, Didier Poli, revendique complètement ce choix esthétique. L’idée originelle était de proposer des personnages félins anthropomorphes, à la manière de “Blacksad”. Pour éviter l’effet plagia, cette orientation avait finalement été écartée. Dans certaines planches, on retrouve toutefois des personnages secondaires aux aspects très félins.
Les rares véhicules, comme les dirigeables ou les chars d’assaut, sont parfaitement cohérents avec l’univers proposé, proche du steampunk. En effet, comme le précise les auteurs, leurs inspirations sont diverses et ils n’ont pas voulu s’enfermer dans l’heroic fantasy pur et dur, un style largement publié en ce moment, notamment chez les éditions Soleil.
Les couleurs, réalisés par des personnes différentes en fonctions des tomes, participent grandement à l’immersion. Les teintes évoluent avec l’histoire, s’assombrissant au fil des pages.
Il peut paraître étonnant que, malgré la longue période écoulée entre les 3 albums, la qualité graphique soit restée constante. Comme si Didier Poli avait su conserver son trait pendant toutes ces années. A moins que les BD aient été prêtes depuis longtemps, mais que leur éditeur ait juste trainé à les publier…

Cependant, cet intégral comporte 2 inconvénients très mineures. Le premier bémol est que la pagination ne présente pas le découpage des 3 volumes. Les planches étant réunies, à la suite, dans un unique livre, il n’est plus possible de savoir où commence et s’arrête un tome. Oui bon, je vous l’accorde, la remarque est mineure. Le second bémol concerne la couverture. Pourquoi avoir mis le visage de Laïth à cheval sur les 2 faces de la couverture ? Le dessin est sympa mais impossible à visualiser dans une configuration de lecture normale. Dommage. Là encore, je sais, cela n’empêche personne de dormir. Mais il fallait bien trouver un peu de négatif…

D’une manière générale, cet intégral répond à un besoin évident de récapituler les évènements avant la parution du deuxième cycle des aventures de Laïth, “Le Prince de l’Orage”, prévu en 2011.
Le premier Tome, “Pierres de Sang”, est paru en 2003, le deuxième, “La Croisée des Vents”, en 2005 et le dernier, “Où Portent les Courants”, en 2009. Au total, les auteurs auront donc mis 6 ans pour clôturer ce premier cycle. Dans ces conditions, il semble évident que le prochain cycle ne soit pas particulièrement attendu par le public. Pour vendre le nouvel album, qui est une suite directe de ces BD, l’éditeur devait proposer un intégral et permettre à de nouveaux lecteurs de se plonger dans cette première époque de la vie de Laïth.
Pour info, selon les auteurs, la série est prévue en deux cycles de trois épisodes. Espérons que les auteurs ne mettront pas autant de temps que précédemment pour nous proposer la suite des aventures de Laïth.


L’Enfant de l’Orage
- Scénario : Manuel Bichebois
- Dessin : Didier Poli
- Couleurs : Tariq Bellaoui (tome 1), Didier Poli (tome 2), Jean-Paul Fernandez et Tatto (tome 3)
- Editeur : Les Humanoïdes Associés
- Dépôt légal : août 2010
- Format : 240 x 320 mm
- Pagination : 144 pages
- ISBN : 978-2-7316-2295-9
- Prix Public TTC France : 34,90 €


Illustrations © Poli et Les Humanoïdes Associés (2010)



Allison & Julien
21 octobre 2010




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