Si le résumé vous rappelle quelque chose, c’est tout à fait normal. En effet, ce synopsis pourrait correspondre à n’importe quel roman noir écrit par Dashiell Hamett ou Raymond Chandler. Ce ne sont que des exemples, parmi les plus connus, de ces romanciers américains qui, dans les années 30 et 40, révolutionnèrent le roman policier en créant le polar dit « hardboiled », et le détective privé qui va avec, un anti-héros cynique et bagarreur.
Assurément, Garrett fait partie de cette frange de durs à cuire qui n’hésitent pas à donner des coups... Et à en recevoir !
Cependant, nous ne sommes plus dans les années 40 et Glen Cook, l’auteur (à qui l’on doit tout de même la célèbre série de fantasy, La Compagnie Noire) est, semble-t-il, trop intelligent pour nous servir une énième version d’un polar old school.
Et si, en effet, Garrett s’avère bien être un détective privé “à l’ancienne”, Cook a eu la bonne idée de plonger son héros dans un décor et une époque tout droit sortis de son imagination. La ville, c’est Tonnefaire, la capitale du royaume de Karenta. Tentaculaire et monstrueuse comme il se doit. Elle est un personnage à part entière. L’époque est une sorte de Moyen-Âge où la magie côtoie la religion. De la fantasy, quoi !
Pourtant, cela ne semble pas être l’idée primordiale du livre et de son auteur. Le plus important, c’est que notre héros déambule dans cette ville et y rencontre une foule bigarrée d’êtres qui n’appartiennent pas obligatoirement à l’espèce humaine. Garrett croise donc la route d’un demi-elfe albinos chef d’une bande appelée les “Vampires”, d’hommes-rats et d’autres gars du même acabit... Il y a notamment un personnage vraiment très étrange qui « habite » chez Garrett. C’est un “rondrun”, un être surnaturel au corps mort, mais dont l’esprit vit éternellement, et qui est doué de pouvoirs immenses. Garrett s’amuse à l’affubler de petits noms ironiques tels que “Homme-mort” ou “Vieille-Carcasse”.
Servie par un style clair mais concis, lapidaire même parfois, l’écriture intelligente de Glen Cook parvient parfaitement à réaliser la fusion entre une fantasy assez classique et un polar très sombre. Il saupoudre l’ensemble d’un humour noir et grinçant, et le récit fonctionne parfaitement bien !
En une cinquantaine de chapitres très ramassés et moins de trois cents pages, Glen Cook nous offre une intrigue complexe, même compliquée à suivre à certains moments. Les noms, francisés pour certains, ne sont pas tous faciles à retenir. C’est peut-être le seul petit écueil de ce très bon roman. Il faut savoir dépasser cet obstacle pour se laisser prendre par cette histoire qui nous tient jusqu’au bout en haleine.
Une toute dernière précision qui me semble assez importante. Comme indiqué dans le titre (« Garrett, Détective Privé 3 : Pour Quelques Deniers de Cuivre »), les éditions J’ai Lu publient le troisième volume des aventures du détective privé.
Néanmoins, il n’est aucunement nécessaire avoir lu les précédentes (si ce n’est pour le plaisir, évidemment). C’est du moins ce que j’ai fait et cela ne m’a pas posé le moindre problème.
Si vous ne connaissez pas « Garrett, Détective Privé », vous pouvez donc sans soucis commencer par celui-là !
Titre : Pour Quelques Deniers de Cuivre (Cold Copper Tears, 1988)
Série : Garrett, Détective Privé, tome 3
Auteur : Glen Cook
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Jean-François Le Ruyet
Couverture : Frédéric Sorrentino
Éditeur : J’ai Lu
Collection : Fantasy
Numéro : 9253
Site Internet : fiche du roman (site éditeur)
Pages : 290
Format (en cm) : 10,9 x 17,8 x 1,4
Dépôt légal : avril 2010
ISBN :
Prix : 6,70 €
À lire aussi sur la Yozone :
Cycle de la Compagnie Noire
T1, 2 & 3 : « Les Livres du Nord »
T7 : « Saisons Funestes »
T8 & 9 : « Elle est les Ténèbres »
Série Garrett, Détective Privé
« Garrett, Détective Privé - 1 : La Belle aux Bleus d’Argent »
Autre recueil
« Qushmarrah, le Prix de la Liberté »
