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Au Pays des Pommes d’Argent
Nancy Farmer
Gallimard Jeunesse, Hors Série Littérature, roman traduit de l’anglais (États-Unis), aventure historico-fantastique, 436 pages, novembre 2009, 18€

Depuis leur retour du Nord, la petite Lucy a encore plus mauvais caractère. Une vraie peste, qui s’accroche plus que jamais à son histoire de princesse abandonnée. Ses caprices vont jusqu’à mettre en danger la cérémonie du feu primal, censée chasser l’hiver. La vérité éclate alors : Giles, son père, avoue l’avoir posée sans surveillance dans la forêt lorsqu’elle était tout bébé, et les démons l’ont échangée contre un autre enfant !
Tandis qu’ils partent pour le monastère de Saint-Filian, pour exorciser le démon qui s’est emparé de Lucy, Jack ne se doute pas que le voyage va le mener très loin sous la terre, à la recherche de sa véritable sœur. Et qu’après les trolls de Jotunheim, il va rencontrer lutins, elfes et autres créatures aussi saugrenues que dangereuses...



Pauvre Jack ! serait-on tenté de dire. Une année s’est à peine écoulée depuis les mésaventures relatées dans « Prisonnier des Vikings », que le voilà reparti sur les routes à cause de sa peste de sœur.
Parce qu’elle a refusé d’ôter son collier d’argent, cadeau de la viking Thorgil, pour la fête du feu primal, elle devient de plus en plus irascible, ce qui n’arrange en rien son caractère déjà difficilement supportable. mais quand le mal contamine le reste de la famille de Jack, le barde et le frère Aiden, les deux autorités religieuses du village (qui cohabitent plutôt bien) somment Giles d’éclaircir certains mystères. Finalement, cette fable que la fillette répète inlassablement est vraie : elle est une princesse, elfe de surcroît.
Au monastère de Saint-Filian, où ils espèrent exorciser la fillette, Jack est témoin de la noirceur des hommes, tant dans la garnison de Din Guardi, aux mains d’un pirate à demi monstrueux, que chez les moines, avides et paresseux. L’esclavage, omniprésent et diversement justifié, écœure le jeune garçon.

Après un tour de magie un peu excessif, Jack assèche la région, en libérant la Dame du Lac captive du monastère. Sommé par le seigneur de Din Guardi de ramener l’eau, il s’enfonce dans les souterrains avec Pega, une jeune esclave qu’il a libérée, et Brutus, esclave lui aussi, descendant de Lancelot et seigneur légitime de la forteresse.

Là-dessous, ils vont tomber sur les lutins, farfelus et sympathiques, avant d’entrer sur les terres des elfes, maîtres en illusions, qui vont jusqu’à se voiler la face de leur propre misère. Anges déchus, ils se complaisent dans l’immortalité, espérant retrouver un jour leur place. Quand Jack et Pega, aidés de Thorgil (venue piller ce royaume souterrain qu’on disait richissime), bannissent les illusions, les elfes révèlent leur cruauté, ou plutôt, comme Lucy en était un parfait exemple, leur absence de sentiment, d’empathie pour autrui.

Il faudra retrouver le chemin de la surface, et ramener, à défaut d’une fille à sa mère, la justice à Din Guardi et à Saint-Filian.
Cela fait beaucoup pour un jeune garçon !

Après le très bon « Prisonnier des Vikings », Nancy Farmer double la mise avec « Au Pays des Pommes d’Argent ». Elle sait ajouter à la richesse du folklore anglo-saxon une aventure où la cruauté des hommes n’est pas en reste de celle des créatures fantastiques. Et à l’inverse, les plus vertueux ne sont pas ceux auxquels on s’attend. En un mot, les apparences sont souvent trompeuses, qu’il s’agisse d’illusions magiques ou de rôles qu’on s’attribue.

Le déroulement de l’intrigue est relativement identique au premier tome : déclencheur, voyage, second déclencheur, quête au pays enchanté, retour et solution des problèmes. Classique, efficace, que demander de plus ? La richesse du fond comme la qualité de la forme suffisent à la narration d’une aventure palpitante, et captive sans qu’il soit utile de multiplier les effets de manche. Bref, de l’excellente fantasy historique jeunesse. Qui ne déçoit pas non plus le lecteur adulte.

La fin, un peu brutale après la résolution des maux de chacun ou presque, nous fait abandonner Jack et ses compagnons sur la route du retour, et laisse présager un troisième volume. On ne dira pas non, loin de là.

Rien de très grave à signaler, bien que j’aime pinailler.

Texte - 1.6 ko
Au pays des pommes d’argent - corrections

Titre : Au Pays des Pommes d’Argent (The Land of Silver Apples, 2007)
Série : Prisonnier des Vikings, tome 2
Auteur : Nancy Farmer
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Philippe Morgaut
Couverture : Sylvie Serprix
Éditeur : Gallimard Jeunesse
Collection : Hors Série Littérature
Site internet : page roman (site éditeur)
Pages : 436
Format (en cm) : 15,6 x 22,5 x 3
Dépôt légal : novembre 2009
ISBN : 978-2-07-062166-8
Prix : 18 €



À lire également sur la Yozone :
- « Prisonnier des Vikings » version grand format ou poche


Nicolas Soffray
4 septembre 2010


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