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Prisonnier des Vikings
Nancy Farmer
Gallimard Jeunesse, Folio Junior, n°1521, roman traduit de l’anglais (États-Unis), mythologie viking, 499 pages, novembre 2009, 8€

VIIIe siècle, côte anglaise. Jack, jeune garçon de douze ans, vit entre un père boiteux et aigri de ne pas être devenu moine, une petite soeur, Lucy, qui soutient mordicus qu’elle est une princesse enlevée à ses vrais parents, et une mère qui lui enseigne quelques rudiments de magie, comme parler aux abeilles. Lorsque le vieux barde, arrivé au village quelques années plus tôt, le prend comme apprenti et commence à lui enseigner la manipulation de la Force de Vie, Jack s’imagine déjà grand magicien. Las ! C’est sans compter avec une attaque de vikings, à la solde de la reine demi-troll Frith qui poursuivait le barde de sa vengeance.
Jack et Lucy sont enlevés par le géant Olaf N’a-qu’un-oeil et Thorgil, sa jeune protégée qui rêve de devenir une guerrière digne d’Odin.



Ces derniers temps, j’aurai tendance à penser que la littérature jeunesse est beaucoup moins décevante que celle destinée aux adultes, tant il est vrai que Gallimard Jeunesse est une mine d’excellents romans d’aventures.
Nancy Farmer nous emmène ici dans la culture nordique à travers les yeux d’un enfant enlevé. Jack n’a qu’une idée en tête, échapper aux féroces berserkers dont on lui raconte les crimes depuis des années. Il va découvrir que ces hommes sont certes des guerriers sanguinaires, qui pillent régulièrement et sans pitié, mais qu’ils sont aussi civilisés, et moins barbares que le très (trop) pieux père de Jack le lui répétait.
Sous l’aile d’Olaf, qui veut en faire son barde personnel pour qu’il chante ses exploits, Jack va rencontrer la reine demi-troll qui a ensorcelé son maître. Et lui rendre la monnaie de sa pièce. Pour éviter que ses foudres ne s’abattent sur la famille d’Olaf, le jeune garçon va devoir partir en quête de la connaissance d’Odin, boire au puits de Mimir au pied d’Yggdrasil, l’arbre primordial, la source de la Force de Vie, au beau milieu d’Utgard, le pays des trolls et autres monstres gigantesques.

Le récit de « Prisonnier des Vikings » est parfaitement structuré. Les 100 premières pages nous font découvrir, via l’apprentissage de barde de Jack, la culture viking, tandis que son maître lui conte l’histoire de Beowulf et du Grendel (qui vaut largement le film d’animation sorti en 2007). La reine Frith est la tante du Grendel, et elle pourchasse le barde pour le punir d’avoir aider Beowulf à tuer sa sœur et son neveu. Son attaque magique intervient au pire moment, tandis que les vikings attaquent le village.

Vient ensuite le voyage de Jack et Lucy sur le navire d’Olaf. C’est l’occasion pour le garçon de révéler son pouvoir. S’il obtient ainsi la protection du géant du Nord, il est désormais son esclave. Olaf est cependant un bon maître, tout comme il est un mari et un père aimant, qui fera tout, une fois rentré chez lui, pour que les deux enfants ne soient pas jetés en pâture à Frith, même s’il doit obéissance à l’épouse de son roi, qui n’est plus que l’ombre de lui-même.

La magie de Jack ayant provoqué la colère de la reine (je vous laisse découvrir comment), le jeune skald, Olaf et Thorgil vont devoir se risquer sur la terre des Trolls pour trouver un contresort, et cela avant que Lucy ne soit sacrifiée à la déesse Freya ! À peine un pied posé en Utgard, on nage en pleine féérie, dans un univers mythique parfois méconnu, et riche en dangers. Il faudra aux trois héros courage et astuce pour en revenir vivants...

Menée tambour battant, cette aventure s’avère aussi fort bien documentée, et un petit lexique final, en plus de lister les personnages, donnera quelques clés de la mythologie viking aux plus jeunes. Frisson, humour, magie, tout est là pour prouver une fois encore que les mythes et l’Histoire sont aux origines de la fantasy, et qu’il n’est nul besoin de créer certaines chimères puisqu’elles existaient déjà dans les légendes de notre passé.

Le discours sur les religions, sur la notion de civilisation, sur la différence, est dispensé avec intelligence, ajoutant la réflexion au plaisir de la lecture.

Si vous aimez la bande dessinée « Thorgal », ou si le récent « Marteau de Thor » de Patrick Weber vous avait plu, et si bien sûr vous n’avez pas peur des trolls, n’hésitez pas à lire « Prisonnier des Vikings ».

D’autant que d’ici, la Yozone vous parlera de sa suite chez les elfes, avec « Au Pays des Pommes d’Argent ».

Quelques coquilles sans grande importance.

Texte - 1.1 ko
Prisonnier des vikings - corrections

Titre : Prisonnier des Vikings (The Sea of Trolls, 2004)
Série : Prisonnier des Vikings, tome 1
Auteur : Nancy Farmer
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Jean Esch
Couverture : Sylvie Serprix
Éditeur : Gallimard Jeunesse
Collection : Folio Junior
Site internet : page roman (site éditeur)
Pages : 499
Format (en cm) : 12,5 x 17,8 x 2,2
Dépôt légal : novembre 2009
ISBN : 978-2-07-062555-0
Prix : 8 €


À lire également sur la Yozone :
- La critique de l’édition originale (Gallimard Jeunesse, Grand format, 2006) par Stéphane Pons


Nicolas Soffray
9 août 2010


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