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Mission to Mars
Film américain de Brian De Palma (2000)
Sortie nationale le 12 mai 2000


Genre : space opéra
Durée : 1h53

Avec Gary Sinise (Jim McConnell), Tim Robbins (Woody Blake), Don Cheadle (Luke Graham), Connie Nielsen (Terri Fischer), Jerry O’Connell (Phil Ohlmyer), Peter Outbridge (Sergeï Kirov), Kavan Smith (Nicholas Willis), Jill Teed (Renée coté), Elise Neal (Debra Graham) et Kim Delanney (Maggie McConnell)

L’homme, que la quête divine a fait lever les yeux vers les cieux, rêve depuis toujours d’exploration spatiale, de coloniser de nouveaux mondes et, bien entendu, à l’image de son créateur, d’insuffler la vie à une planète qui en est exempte, et la proximité relative de Mars ainsi que sa configuration en font une candidate privilégiée pour la plano-formation.
En effet, la conquête de la planète rouge n’a jamais été autant d’actualité et les récentes missions de la NASA en témoignent, que ce soit avec le succès de la mission Pathfinder qu’avec les déboires des sondes des programmes Mars Climat Orbiter et Mars Polar Lander. Malgré les difficultés déjà rencontrées et celles, encore inconnues, à venir, rien ne semble pouvoir remettre en question l’inévitable voyage sur Mars qui symbolise la prochaine étape de la conquête spatiale humaine. Sa réalisation n’est, pour l’instant, qu’une question de temps que les romanciers de la « hard science » utilisent pour nous conter de possibles expéditions (l’uchronique Voyage de Stephen Baxter), les étapes de plano-formation (La trilogie martienne de Kim Stanley Robinson) ou encore la naissance de la république martienne (L’envol de Mars de Greg Bear).
C’est tout à fait dans la mouvance du projet Mars que se place cette première réalisation de Brian de Palma dans le domaine de la science-fiction. Marqué dans sa jeunesse par « Destination Lune », le film de 1950 adapté du roman de Robert Heinlein et mis en scène par Irving Pichel, il a trouvé dans ce projet de Tom Jacobson une histoire lui permettant d’allier une approche réaliste du sujet, projet auquel des consultants de la NASA ont activement participé, à celle totalement science-fictive de la découverte d’un artefact extraterrestre sur la surface martienne, détenteur d’un incroyable secret qui remonte aux origines de l’humanité. A l’image d’un autre film réalisé quelques années plus tôt, « 2001 l’odyssée de l’espace » dont l’écriture et la conception anticipaient de très peu certaines missions exploratoires de la fin des années 60, Mission to Mars est en adéquation, à quelques artefacts près, avec les projets martiens en cours de développement.

Juin 2020, le premier vol habité, « Mars One », se pose sur le sol de la planète rouge. Après avoir installé leur camp de base, orné comme il se doit d’un joli drapeau américain, l’équipage commence son exploration des alentours et se retrouve confronté à un phénomène surnaturel d’une violence extrême qui ne laisse qu’un survivant, le commandant Luke Graham (Don Cheadle). Il parvient à transmettre un S.O.S. avant que les turbulences magnétiques de cette mystérieuse tempête ne grillent tout l’appareillage électronique. La NASA, forcée de changer ses plans, dépêche en toute hâte une expédition pour éclaircir ce mystère et récupérer les éventuels survivants. Deux pilotes, Woody Blake (Tim Robins) et Jim McConnell (Gary Sinise), et les scientifiques Terri Fisher (Connie Nielsen) et Phil Ohlmyer (Jerry O’Connell) s’embarquent pour ce qui aurait dû être une simple mission de sauvetage ...

Brian De Palma ne tergiverse pas, après avoir introduit les différents protagonistes et leurs états d’âme, il nous dépose immédiatement à la surface de la planète rouge, sur la petite base des tous nouveaux colons martiens.
Puis très esthétiquement, les tableaux s’enchaînent. Après un bref clin d’œil sur les difficultés rocheuses rencontrées par Sojourner lors de la mission Pahfinder, c’est le contact avec l’entité inconnue, dont l’aspect surnaturel n’est pas sans évoquer les manifestations sablonneuses de la momie de Stephen Sommers et qui semble, dans ce contexte, quelque peu démesuré, voire complètement décalé.
Mais, c’est finalement avec la mission de secours, Mars 2, que le film partage son envol.
Utilisant une approche esthétique se voulant réaliste, dans la lignée de « 2001, l’odyssée de l’espace », la vision des voyages spatiaux de De Palma est, tout de même, beaucoup plus décontractée, dans un style plus ... comment dirais-je ... « Modern American ».
Le réalisateur ne peut s’empêcher de s’amuser avec les superbes décors et les moyens mis à sa disposition : cours de danse en apesanteur et étude du déplacement de divers corps liquides dans l’espace font partie du programme pédagogique et servent de hors-d’œuvre à ce menu aux saveurs alternées. Mais, comme chacun sait, les voyages spatiaux ne sont pas très sûrs de nos jours, l’an 2020 pas si éloigné, et une cascade d’incidents va totalement perturber leur arrivée en banlieue martienne. Il est clair que si le réalisateur et les techniciens s’éclatent et nous proposent de superbes images, léchées par des effets spéciaux remarquables, pour nous offrir un magnifique ballet sur un rythme lancinant, caractéristique du réalisme des conditions spatiales, ils en oublient, quand même, l’essentiel : le facteur humain !
Tout est un peu trop aseptisé, déshumanisé, on observe les protagonistes mais on ne parvient pas vraiment à partager leurs sensations. On est bien loin des ambiances pesantes, claustrophobes, ponctuées par le son des respirateurs, qui hantaient les scènes en scaphandre de l’odyssée de Stanley Kubrick. Construit comme une sorte de gigantesque clip, Brian de Palma alterne les scènes de bravoure - comme ce changement forcé, aussi inopiné qu’improbable, de véhicule dans le vide de l’espace - avec celle plus intimiste, et trop rare, où les sauveteurs retrouvent finalement le Robinson martien, retranché depuis plus d’un an dans sa minuscule base.
Puis, inéluctablement, nous sommes entraînés vers le clou du spectacle, la visite de l’artefact, une véritable réussite visuelle et narrative qui donne, finalement, toute sa signification au propos. Bon, c’est vrai, on est bien loin du chef-d’œuvre que l’on (enfin moi) pouvait espérer. Si cette méga production possède d’indéniables atouts et qualités, autant sur le plan artistique que technique, sa construction, trop linéaire, manque singulièrement d’émotions, de profondeur de personnage, pour ne pas dire de sueurs et de tripes ! Où est donc passée la patte, la violence débridée et l’imagination tourmentée du réalisateur de « Phantom of the Paradise », « Carrie » ou « Scarface ».
Il semble qu’à trop vouloir mélanger le divertissement, l’intensité dramatique et le conte philosophique, le réalisateur se soit quelque peu fourvoyé et n’ait engendré qu’un formidable plaidoyer (certainement nécessaire) pour la poursuite du programme d’exploration spatial, qui ravira, peut-être, le grand public, mais risque de décevoir les amateurs du genre SF.

Pour Imagivore : Les Imaginautes (Critique parue dans ASFC 2000)

FICHE TECHNIQUE

Réalisation : Brian De Palma

Producteur exécutif : Sam Mercer
Producteur : Tom Jacobson
Scénario : Jim Thomas, John Thomas et Graham Yost
Musique : Ennio Moricone
Photographie : Stephen H.Burum
Décors : Ed Verreaux
Montage : Paul Hirsch, asc
Effets spéciaux : Hoyt Yeatman (Dream Quest Images), John Knoll (ILM)
Costume : Sanja Milkovic Hays

Production : The Jacobson Company, Touchstone Pictures
Distribution : Pathé
Effets spéciaux : Industrial Light & Magic (ILM), Dream Quest Images, CIS Hollywood, The Orphanage, The Secret Lab (TSL), Tippett Studio, Trollback & Company

INTERNET

Site officiel :
http://studio.go.com/m2m/index.html
Site francophone :
http://www.cinopsis.be/missiontomars/
Mars et ses missions : http://www.planete-mars.com/
Projet millénium : http://nmp.jpl.nasa.gov/
Programme d’exploration de Mars :
http://mars.jpl.nasa.gov/
Suivi des missions martiennes : http://mars.tracker.nasa.gov/


Bruno Paul
3 avril 2004



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