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Saga de Xavi El Valent (la), tome 1 : Le Glaive de Justice
Philippe Ward, François Darnaudet, Gildas Girodeau
Black Coat Press, Rivière Blanche, roman-novellas, fantasy locale, 252 pages, août 2010, 17€

Xavi est le jeune guérisseur de la cour de Katland. Le pays, allié à l’Ock voisin, fait face à la menace du Nord : le roi des Francs Amalrik s’est allié au pape fou Gontran le Défiguré dans une croisade qui doit les mener à la conquête de l’Ibérie, jusqu’aux portes du sultanat des Infidèles. Le pape, détenteur d’étranges pouvoirs venus de ses Karpathes originelles, est entouré de cardinaux aussi cruels que redoutables magiciens. Une puissance surnaturelle ainsi que des créatures fantastiques, oiseaux-espions ou fauves reptiliens, épaulent l’armée francque, terrorisant ses adversaires avant même le combat entamé. Mais l’Ock et la Katland ne sont pas sans défense : en sus des chevaliers de la vaillante comtesse de Fois, ils comptent parmi eux quelques petits mages, comme Xavi, et les Kathars, pourchassés pour hérésie dans le royaume d’Amalrik. Mais cela suffira-t-il ?



C’est Philippe Ward qui ouvre le bal, narrant la bataille de Murèl, qui voit la défaite des petits royaumes face à l’écrasante puissance maléfique du pape fou. Xavi y croise celle qui deviendra sa Némésis : Agna la bruixa, une puissante nécromancienne entourée de sa garde de chevaliers zombies. La sorcière rousse a été chargée par le pape de forger le Glaive de Justice, une arme divine capable de faire pencher la balance d’un côté ou l’autre. Xavi et les survivants de Murèl vont tout faire pour l’en empêcher.

François Darnaudet prend la suite, nous contant la quête du glaive dans les entrailles des montagnes katalanes, dans la forge du dieu Borvo, banni là-dessous par ses frères divins. Il remâche sa colère les pieds dans la lave, essayant à chaque occasion de s’immiscer dans les affaires humaines, histoire d’y être toujours aussi craint que vénéré. Agna, à qui il a enseigné une partie de sa magie, contre certaines faveurs…, revient le voir, affrontant la cohorte de loups-garous qui servent le dieu-bête, avec la ferme intention d’obtenir un glaive forgé par lui, premier ingrédient requis pour son plan… Elle sait que Xavi et sa petite troupe marchent dans ses pas, aussi va-t-il falloir jouer serré pour éviter l’affrontement…

La troisième novella, et la plus longue puisqu’elle vaut à peu près les deux précédentes, est l’œuvre de Gildas Girodeau. Une fois le glaive entre les mains de Xavi, il reste certains ingrédients à obtenir, et un rituel à accomplir. Le périple à travers la Katland envahie ne sera pas de tout repos, d’autant que les cardinaux infernaux font tomber sur la région un blizzard aussi maléfique que ce qui leur sert d’âme.
Xavi rencontrera une jeune sorcière, qui s’avèrera d’une aide précieuse, un ermite un peu toqué et lubrique, et une bestiole pleine de griffes et de dents. Il sera aussi témoin de la barbarie de l’envahisseur, qui pille, tue et brûle dans un but peut-être plus obscur que le simple plaisir, et de miracles, magiques ou non.
Et aux portes des forges divines, il lui faudra affronter Agna, une nouvelle fois…

Disons-le franchement : zombies, loups-garous, petits vieux ou divinités lubriques, flèches-serpent et cardinaux-sorciers, on est là bien dans la fantasy la plus divertissante qui soit, celle qui ne donne pas de leçon ni ne délivre de message philosophique, mais celle où il faut se battre pour rester en vie, et ne jamais s’arrêter de courir pour empêcher les Ténèbres de recouvrir le monde.
On aime ou on aime pas. Si vous trouvez votre bonheur dans “Les Royaumes Oubliés”, “Ravenloff” ou “Lancedragon”, et si vous n’avez rien contre un peu de second degré, foncez. La relative modestie de ce premier tome vous évite également la corvée d’une saga composée de pavés à rallonges. Ici, c’est du concentré, ce qui gomme pas mal de défauts inhérents au genre (et notamment aux licences de jeux de rôles) pour ne laisser que la principale des qualités, le divertissement.

Au niveau du style, on notera une légère baisse dans la seconde moitié, également plus riche en bizarreries parfois un peu exagérées (comme les tigres-raptors), qui éloignent le récit de l’Histoire simplement teintée de fantastique pour la plonger dans une dark-fantasy à la Robert Howard. Mais la transition est graduelle, partant du texte de Philippe Ward, quasi historique à quelques touches près, et se poursuit avec la partie de cache-cache mortelle de François Darnaudet, qui s’empare à bras-le-corps du folklore de la Catalogne, quitte à délaisser un peu son Histoire, intrigue oblige. Entre loups-garous et morts-vivants, la fantasy prend avec brio ses marques dans la saga de Xavi. Aussi, malgré certaines exagérations, la noirceur qui sous-tend la troisième partie vient-elle tout naturellement prendre la suite, et l’action foisonnante saura faire passer la jeunesse de plume de son auteur et les passages plus ou moins obligés de son récit.

« Le Glaive de Justice » est également la réussite d’une écriture à six mains, dans un format peu usité en France, la novella, pour composer au final une histoire complète et cohérente, où chacun apporte sa touche.
Et tout ça en pays catalan… ça nous change des guides touristiques !

Votre serviteur ayant relu l’ouvrage avant impression, il est à souhaiter que vous n’y trouviez pas de coquilles...


Titre : Le Glaive de Justice
Série : La Saga de Xavi El Valent, tome 1
Auteurs : Philippe Ward, François Darnaudet, Gildas Girodeau
Couverture : Christophe Palma
Editeur : Black Coat Press
Collection : Rivière Blanche
Site Internet : page roman (site éditeur)
Numéro : 2072
Pages : 252
Format (en cm) :
Dépôt légal : août 2010
ISBN : 978-1-935558-60-6
Prix : 17 € + 3 € de port, commande directe via le site de l’éditeur



Nicolas Soffray
24 juillet 2010


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