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Jour des Magiciens (Le) (T2) Drazen
La Neve & Nizzoli
Les Humanoïdes Associés

Parce que sa formation de magicien lui interdisait d’aimer, l’ex-mage Lancaster vit réfugié avec sa femme Maria et son jeune enfant Drazen dans la quiétude d’un petit village italien. Malheureusement, Ash, le mage chasseur, finit quand même par les retrouver. Lors de l’affrontement qui ouvre le second tome cette série, La Neve et Nizzoli ont franchement décidé de jouer la carte dramatique en provoquant la mort de Maria, marquant à jamais Lancaster d’une haine farouche et Drazen d’un chagrin inconsolable.
L’affrontement ne sera donc plus



simplement “magique”, mais va prendre des allures de vendetta familiale.

Cette idée scénaristique - rajouter un contentieux personnel et très mafieux dans un monde où l’on ne s’attend à trouver que les effets classiques de la magie (sortilèges, envoûtements, divinations et Cie)- est une vraie trouvaille qui permet de donner plusieurs niveaux de lecture à cette aventure.
On peut bien sûr retenir l’aspect fantastique de l’histoire, fort bien menée par ailleurs, et n’y voir qu’un affrontement de “puissances occultes”. On peut aussi deviner à travers ce scénario la transposition des luttes intestines qui agitent la société italienne depuis des lustres. La confrérie des magiciens avec sa règle passablement absurde pour des humains -ne pas aimer ! - bien qu’outragée par la trahison de Lancaster, échafaude ainsi une vengeance (tuer sa femme, kidnapper son enfant) symbolique et typique des pratiques de la mafia face à ses repentis.
Graphiquement intéressant car oscillant entre un sens du détail affirmé des décors et une stylisation permanente des personnages et de leurs expressions, Drazen, tome 2 de la série, ouvre donc la voie à une double lecture possible de l’intrigue.
Hasard ou pas, on pense parfois au dessin romantique et sensible du regretté Arno décédé en 1996 (cf. « Anton Six » ou sa série « Alef Thau » avec Jodorowski), on apprécie les clins d’oeils architecturaux et graphiques rendus aux encres de Victor Hugo (cf. la dernière de couverture) mais par-dessus tout, survit cet attachement sensible et sincère que l’on éprouve pour Drazen et son père. Que les motifs des Magiciens soient légitimes ou pas, on ne peut pas s’empêcher de condamner leurs méthodes. Idem pour Lancaster, même si la noirceur profonde du personnage apparaît souvent, on a envie de tout lui pardonner !
Seule petite fausse note de cette édition hexagonale, que noteront sans doute tous les fils d’immigrés italiens (pas de chance, j’en suis), l’erreur de traduction concernant la partie de carte. _ Non, ils ne jouent pas avec des cartes françaises (Carreau, Cœur, etc,.) comme on nous le suggère (cf. page 2) mais à la « Scopa » avec un jeu italien typique composé de quatre « couleurs-figures » symboliques (Bâton, Épée, Or, Coupe). Cartes que l’on reconnaît parfaitement sur la troisième case. Le dialogue sur deux cases est donc faux ou inadapté.
Mais ne chicanons pas, tout cela n’est pas très grave et ne vient absolument pas perturber la lecture d’une excellente BD dont on recommandera sans aucune restriction l’investissement aux amateurs.

Attention cependant, sous le vernis classique et fantastique apparent, se cache sans doute un scénario plus complexe, retors et actuel qu’on ne pourrait le croire.
Une bonne nouvelle en soit et l’affirmation d’un réel travail de scénariste.


Critique sur Yozone : Le jour des Magiciens (T1)Anja


Drazen
- Série : Le jour des Magiciens (T2)
- Scénario : La Neve
- Dessin : Nizzoli
- Editeur : Les Humanoïdes Associés
- Format : 24 x 32 cm
- Pagination : 56 pages couleurs
- Dépôt légal : septembre 2004
- ISBN : 2-7316-6363-4
- Prix public : 12,60 €




Stéphane Pons
31 mars 2005




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Drazen, il revient dans son monde !!



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